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Actualités - OPINION

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OPINION Parlement, proportionnelle et 18e communauté Les Parlements ont été institués dans les pays démocratiques pour confiner le débat public à un espace bien délimité à partir du moment où la démocratie directe n’était plus possible (population trop importante) ou trop lourde à mettre en œuvre (cas des consultations populaires suisses). Pour cette raison, il est demandé aux peuples d’élire des représentants. Fausser cette règle revient à transposer le débat ailleurs et à rendre le Parlement inutile car, comme il faudra bien à un moment ou à un autre discuter avec les véritables représentants de la population, on finira par aller les chercher en dehors du Parlement, là où ils se trouvent vraiment. En ce qui concerne le Liban, les manœuvres des parties prosyriennes, qui consistaient à partir de 1992 à imposer à l’électorat chrétien autant de faux représentants que possible par l’intermédiaire des modes de scrutin et des découpages électoraux, ont simplement abouti à mettre en valeur le rôle de l’Église maronite puisqu’il ne fait a priori aucun doute qu’au moins là, on trouve de véritables représentants de l’électorat chrétien. Imposer aux chrétiens certains députés, comme on l’a fait dans le Chouf et dans le Sud à l’occasion de la dernière consultation, ne fait donc que discréditer le Parlement et conférer aux chefs spirituels un rôle politique auquel, théoriquement, rien ne les destine. D’où des égarements politiques supplémentaires et une lenteur accrue dans le processus de prise de décision, coûteux en termes économiques pour l’ensemble de la nation. D’où également une frustration importante chez les nombreux chrétiens qui, malgré leur respect pour leur hiérarchie religieuse, refusent de lui reconnaître un rôle politique. Ne parlons pas non plus des chrétiens qui ont depuis longtemps « rendu à Dieu ce qui appartient à Dieu et à César ce qui appartient à César » et aspirent à construire un État laïc dans lequel toute religion pourra être pratiquée, avec forcément un impact public, mais qui ne préjugerait pas de la spiritualité de ses membres et respecterait leur liberté de conscience. Il en va naturellement de même partout où une communauté impose à une autre communauté des représentants de son propre choix : on finit par aller chercher ailleurs, souvent en dehors du Parlement, d’« authentiques » représentants avec lesquels dialoguer alors qu’ils ne le sont pas toujours. D’où une première conclusion, évidente : pour redonner leur plein rôle aux institutions, commençons par permettre à chaque communauté de choisir seule ses propres représentants. Le Parlement retrouvera alors un rôle efficace car tous les problèmes seront traités en son sein. Cela évitera aussi les avis incompétents de faux représentants et les pertes de bien-être général qui s’ensuivent. Le clergé sera d’ailleurs soulagé de n’avoir plus à se prononcer sur certains sujets de la vie courante sur lesquels il ne peut pas et ne devrait pas avoir à se prononcer. Représentation géographique Il va de soi, par ailleurs, que même dans un petit pays comme le Liban, la représentation doit être géographique ne serait-ce que parce que les soucis d’un producteur de pommes de Faraya, par exemple, ne seront jamais les mêmes que ceux d’un pêcheur de Jounieh, dans le même caza, ou que ceux d’un commerçant beyrouthin. Ils ne sont même pas les mêmes que ceux d’un producteur de pommes de Aarsal ou de Jezzine. Deuxième conclusion donc : la petite circonscription est nécessaire, ce qui ne veut pas dire que le scrutin majoritaire le soit. Si on voulait introduire la proportionnelle pour améliorer la représentativité du Parlement, il n’y aurait qu’à augmenter le nombre de députés par petite circonscription, quitte à se retrouver avec un Parlement de 400 ou 500 membres comme dans de nombreux pays d’Europe. Pourquoi pas si cela permet une meilleure remontée vers les centres de décision de l’ensemble des problèmes du pays et un débat plus nuancé ? Les décisions qui seraient prises n’en seraient que plus pertinentes et donc plus efficaces économiquement parlant. Aux députés de se réunir autant qu’il le faut pour faire aboutir le débat entre un aussi grand nombre : ils sont payés pour cela et en Europe, ça marche. La communauté des laïcs Reste la question essentielle des individus, croyants sincères ou athées, qui distinguent appartenance à la nation et engagement spirituel. Comment ne pas voir qu’ils constituent le germe d’une société débarrassée d’un premier et lourd clivage hérité d’époques révolues, un handicap de moins pour le Liban de demain (qui n’en manque pas)? Comment ne pas voir qu’ils constituent un instrument puissant au service de la promotion d’une identité spécifiquement libanaise ? Cela ne suffit-il pas à rassurer tous les autres défenseurs de cette identité ? Comment ne pas voir enfin l’injustice dont sont actuellement victimes ceux dont l’engagement au service de la nation ne se reconnaît pas dans celui des communautés religieuses officielles ? Va-t-on encore longtemps leur imposer le joug communautaire et au nom de quoi ? Et s’il est absolument vrai que la communauté religieuse au Liban a également été une communauté historique dont les membres partageaient un destin commun, va-t-on encore longtemps empêcher l’émergence d’une nouvelle communauté historique, proprement libanaise celle-là ? À cet égard, la création de la « 18e communauté », la communauté des laïcs (et non des athées), idée lumineuse du mandat français, ouvrirait la voie vers un Liban comme identité supracommunautaire. Son existence ferait apparaître au Parlement des partis chrétiens, des partis musulmans et des partis nationaux de toutes tendances comme en Belgique, par exemple, où on trouve des partis flamands de droite et de gauche et des partis wallons de droite et de gauche. Les choses gagneraient en clarté car les solidarités de base apparaîtraient au grand jour et il appartiendrait aux parties suspectes de faire la preuve de leur libanité. La création de cette « communauté » devra être suivie de sa promotion active et les « conversions » devront être facilitées afin qu’elle ne devienne pas le marche-pied de groupes d’extrémistes laïcs aux idéologies supranationales tels le Parti communiste ou le Parti syrien national social. Dans le cas d’un scrutin basé sur la petite circonscription, le plus juste, mais qui l’empêcherait probablement d’avoir ses premiers représentants, elle seule voterait sur la base d’une circonscription unique, et ce jusqu’à ce que certaines circonscriptions enregistrent un nombre suffisant de « conversions » pour avoir droit à des députés de cette « communauté ». Sa promotion passerait également par une discrimination positive en faveur de ses membres dans le recrutement des serviteurs de l’État car c’est bien au sein de cette « communauté », par définition, que l’on trouverait les fonctionnaires les moins suspects de servir en priorité les intérêts d’une communauté au détriment de ceux de l’État et des autres communautés. Mais pourra-t-on compter sur des parlementaires élus sur des bases communautaires et soumis directement ou indirectement à leur clergé respectif pour favoriser la création de cette « 18e communauté » ? Ou bien faudra-t-il encore une intervention extérieure, sachant que celle-ci risque, comme souvent, de manquer de la subtilité et du doigté nécessaires ? Maintenant que les grandes puissances ont pris le pli de gérer les affaires intérieures libanaises, gageons qu’elles ne s’arrêteront pas en si bon chemin et dépêchons-nous de prendre nous-mêmes les décisions qui maximiseront notre bien-être futur. Charles R. ABDALLAH Consultant Mon mandat Pourquoi des membres de ma famille ont-ils été enlevés par des agents de certains services de renseignements puis relâchés sans autre forme de procès et n’ont pu être libérés que grâce à la pression internationale, la France étant personnellement intervenue, car ces membres travaillaient pour une agence étrangère ? Pourquoi moi, habitant sur la ligne de démarcation, ai-je été arrêté par l’armée syrienne et questionné pendant des heures avant d’être libéré, parce que j’avais pour voisins les occupants d’un bureau de l’OLP dont un dirigeant, qui se trouvait là par hasard, m’a reconnu et est intervenu pour me faire libérer ? Pourquoi ai-je été enlevé par d’autres militants armés et retenu par eux pendant des heures sans raison (pendant que ma mère pleurait dans la voiture après les avoir suppliés à genoux de me laisser partir). Pourquoi m’a-t-on forcé à servir dans une milice, au nom d’un certain Liban, avec d’autres qui sont morts dans mes bras ? Ils n’avaient jamais voulu servir ou être martyrs d’un Liban pourri, mais on le leur a imposé ce « martyr », parce qu’ils voulaient poursuivre leurs études du mauvais côté de la ligne de démarcation. Des enlèvements, de 1975 à 1980, j’en ai connu six. J’ai vécu des batailles dans l’armée, dans les milices, des bombardements comme tout le monde. J’ai porté les armes malgré moi. On a eu beau faire, je m’en suis tiré à chaque coup, quelques éclats d’obus dans les jambes pour seules cicatrices physiques, mais qui déclenchent les systèmes d’alarme des postes de sécurité aux aéroports. Je voyage toujours avec mes radiographies. N’empêche que je dois me mettre à nu avant de passer les postes de détection, et je vous épargne les détails. Et, à chaque fois, ce qui m’a sauvé, c’est la Providence et ce sont mes contacts et mes amitiés avec les uns et les autres. Mais pour un jeune Delifer qui habitait Ras el-Nabeh à 19 ans, entre 1975 et 1980, vous conviendrez qu’avoir survécu tient du miracle. Mon ami Teddy n’a pas eu la même chance, pourtant il habitait plus à l’ouest... Allez savoir. Pourquoi moi ? Je sais que d’autres n’ont pas eu la même chance, mais si vous pensez que survivre à ces événements sans y laisser sa peau est un cadeau de la vie, détrompez-vous. Je me sens coupable d’avoir survécu. On appelle ça le « Survivor’s Guilt ». Ajoutons à cela le « Post Traumatic Stress Syndrome ». Combien d’autres ont-ils eu la même chance ? J’espère qu’il y en a beaucoup. Mais je sais que je dois à ceux qui sont partis gratuitement, sans autre raison que d’avoir été là quand il ne le fallait pas, parce qu’ils avaient entre 18 et 30 ans et qu’ils portaient le mauvais nom et habitaient à la mauvaise adresse, je dois à ces derniers une dette. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, toutes religions confondues, ces hommes et ces femmes m’ont mandaté : « Dis-leur qu’avant de mourir, nous aurions voulu dire à nos mères, à nos pères, à nos familles, à nos amis de ne pas souiller notre mémoire. Nous n’avons jamais voulu être des martyrs, surtout pas pour un certain Liban, le “ leur ”, en lequel nous n’avons jamais cru. Et surtout ajoute : “ Nous te laisserons savoir quand notre tour et notre jour viendront, mais rassure-les : on est bien mieux ici, et on pense à vous très fort. » PS : Ici, toutes nos rues sont « amina wa salika ». On habite tous le même quartier, on a la télévision mais on ne suit plus la politique depuis longtemps. On a deux canaux que l’on aime surtout : le canal Vie et le canal Famille. Jean-Claude DELIFER Montréal – Canada Sombre scénario En matière de tragédie libanaise, il faut croire que l’exemple est inutile. Au bout de trente ans, un record dans l’histoire, où en est-on ? Dans son rôle de ministre de l’Intérieur, M. Hassan Sabeh proposait l’autre jour une vision qui prenait appui sur un scénario sobre (sombre pour les néophytes) d’où ne filtraient que des suppositions angoissantes. En quelque sorte, une intrigue faite pour plaire aux amateurs de symboles et de mystères. Nous avons eu une série d’attentats dont ont été victimes un ministre, puis un journaliste, puis un autre ministre suivi d’un autre journaliste. Il s’y est intercalé des attentats ratés et des bombes visant tantôt d’ex-collabos, tantôt des néorésistants. Symboliquement, ils se produisaient le 14 du mois, au mieux tous les mois et de préférence un vendredi ou, pourquoi pas, un dimanche et ne visaient qu’une seule communauté (comprendre un groupe social ayant des caractéristiques communes). Pendant ce temps, le gouvernement reste uni dans une distribution parfaitement pertinente, qui nous touche, même si elle n’est pas très expressive. Puis, un doigt est pointé, toujours en direction de Rustom Ghazalé, ce qui laisse impassible le spectateur. La nouvelle, tombée de la bouche du ministre de la Défense, aurait dû faire l’effet d’une bombe à retardement. Ce qui ne fit pas le cas. Tout un programme… Carlos EL-KHOURY Lyon – France Encore la circulation… Encore la circulation, diront la plupart des lecteurs de votre journal. Et pourtant, il ne s’agit pas d’un problème mineur mais d’un sujet qui concerne l’ensemble de la population, que l’on soit automobiliste, usager des transports en commun ou piéton, étant entendu que l’on peut être, suivant les moments, l’un et l’autre. C’est donc tous ensemble que nous devons nous atteler à la tâche de le résoudre, ce problème. À commencer bien évidemment par l’État, plus précisément le ministère de l’Intérieur dont relève le sujet. Qu’est-il donc advenu de cette bonne image de l’agent, sifflet au bac et carnet à la main, distribuant force « papillons » ? Disparu… de la circulation précisément. On nous rétorquera, et à juste raison, que pour le retrouver, il faudrait commencer par lui inculquer le b. a. ba du code de la route, qu’il ne connaît pas, à voir la façon dont lui-même pilote sa voiture (ou son deux-roues). Et pourtant, tout serait tellement plus simple si nous avions des agents verbalisateurs ! L’automobiliste lui-même, on n’a cessé de nous répéter que tout le monde a fini par en désespérer. Indiscipliné, ignorant les règles les plus élémentaires de la conduite automobile, négligeant superbement le danger qu’il encourt et qu’il fait encourir aux autres, il finirait au cimetière ou en prison dans tout autre pays que le Liban. Allons, Monsieur Sabeh, un petit effort. C’est aussi sur les routes que se joue l’avenir de la nation. Bernard M. HADDAD Taxe sur l’immobilier\ Alors que les Beyrouthins, et surtout les habitants d’Achrafieh et ses environs, attendaient impatiemment une aide de l’État pour restaurer leurs appartements suite aux derniers attentats à l’explosif, la réponse n’a pas tardé à venir mais d’une façon négative. Pour les récompenser, ils doivent oublier leurs malheurs et payer au ministère des Finances, dans un délai de deux mois seulement, leurs taxes foncières sur l’immobilier, sinon c’est le ciel qui va tomber sur leurs têtes. Messieurs les ministres, nous ne sommes pas contre l’idée de payer, mais en ces moments critiques, ne serait-il pas préférable d’attendre un peu et plus sage de proroger le délai, sinon réduire au moins de moitié ces taxes pour une fois, en guise de solidarité avec ce pauvre citoyen ? Antoine SABBAGHA Recherches de famille J’ignore par où commencer et donc je m’adresse à vous dans un premier temps. J’ai 25 ans et j’habite la Belgique.Vers la fin des années 70, ma mère est partie vivre au Canada où elle a fait la connaissance de mon père. À l’époque, il faisait ses études d’ingénieur civil. Via l’acte de naissance de ma sœur, en 1978, je sais qu’il s’appelle Georges Andreas Yakoub mais l’orthographe reste à vérifier. Il serait né en 1952 ou 53 au Liban et, ayant fui son pays à cause des troubles, il a émigré au Canada. J’ignore vers qui je peux me tourner car mon père a toujours été un fantôme de ma jeunesse et ma famille ne veut pas en parler. Seulement, ne l’ayant jamais rencontré, j’aurais aimé le connaître un peu. Je suis même prêt à faire le voyage au canada afin de lever un voile sur ce père dont j’ai toujours attendu la venue. Je dois dire que j’ignore s’il est encore en vie ou encore au Québec. Mon adresse est la suivante : Olivier Devos Rue Olivier Benne n°14 1 357 Hélécine Belgique. *** Roberto Dana voudrait être aidé à retrouver les traces de Mme Myra Graboy Grobesco. Il a lu l’annonce nécrologique dans L’Orient-Le Jour du samedi 8 octobre (Internet) du décès de son mari, Simon Borgi. Quand je vivais au Liban, écrit-il, nous étions des amis de la famille et son meilleur ami était le frère de Myra, feu Maurice Grobesco, décédé au Cannet. Il a même assisté, enfant, au mariage « khatifeh » de Myra et Simon, un mariage organisé par sa mère, feue Mme Yolande Corrado. J’ai essayé durant toutes ces années, ajoute notre correspondant, d’entrer en contact avec Myra, sa sœur Guitta Grobesco et Simon Borgi, mais en vain. Il voudrait donc l’aide de toute personne qui pourrait le lui apporter pour se mettre en contact avec Myra, ou à tout le moins d’obtenir son adresse. Autrefois, dit-il, la famille habitait Jounieh et il voudrait présenter à ses membres ses condoléances et demander de leurs nouvelles. L’adresse de notre correspondant est la suivante : Roberto Dana Mail : bobdana@interfree.it – Tél. : 0039 340 5010534. NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance. Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com

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