Nouvelle parution - Une publication de l’Institut français du Proche-Orient Les pèlerinages au Maghreb et au Moyen-Orient

L’Institut français du Proche-Orient (IFPO), à Beyrouth, vient de faire paraître un ouvrage collectif sous le titre : Les pèlerinages au Maghreb et au Moyen-Orient. L’ouvrage, fruit d’un colloque qui s’est tenu en 2003, réunit quinze monographies et études illustrées. Il est présenté par Sylvia Chiffoleau et Anna Madœuf. « Du Maghreb au Pakistan, écrivent ces dernières, dans le texte d’introduction, les innombrables lieux saints s’animent quotidiennement, et plus souvent le vendredi et le dimanche (…). Phénomène religieux, les pèlerinages sont aussi beaucoup plus que cela, et c’est à la fois comme objet spécifique d’étude et comme événements complexes qu’il sont abordés ici », sans pour autant que les divers « rites » liés aux pèlerinages soient oubliés. « Carrefours éphèmères », les pèlerinages peuvent être des moments intensément vécus, « des creusets ou viennent se croiser non seulement les hommes, mais également les biens et les idées », note aussi le texte de présentation au dos de l’ouvrage. Illustrant cette proposition, Sylvia Chiffoleau consacre au pèlerinage de La Mecque un article important. Elle y voit, à l’époque coloniale, « la matrice d’une opinion publique musulmane, et en fin de compte un enjeu politique ». D’un article à l’autre, on prend conscience de la multiplicité des enjeux des divers pèlerinages, par-delà leurs similarités et dissemblances. Tout cela renvoie à cet immense enjeu qu’est aujourd’hui Jérusalem, ville sainte de trois religions monothéistes, espace où le religieux est indissociable du politique. L’ouvrage laisse cet aspect des choses de côté, mais on ne peut s’empêcher d’y songer en parcourant certains articles. Ainsi, celui que consacre Emma Aubin Boltanski au « mawsim » de Nabi Moussa (Moïse), dans les territroires palestiniens, qui représente pour les Palestiniens, dont « l’espace est en miettes et la mémoire blessée », « un grand moment d’exaltation nationaliste ». Sous le titre « Les pèlerinages votifs au Liban : chemins de rencontres des communautés religieuses », en fin d’ouvrage, Nour Farra-Haddad consacre un article que les Libanais voudront certainement lire en premier. Elle y classe les pèlerinages en deux groupes et répertorie les démarches votives chez les chrétiens et les musulmans. « Au Liban écrit-elle, les pèlerinages populaires qui se sont répandus en dehors des formes de l’orthodoxie chrétienne et musulmane contribuent à bâtir, au-delà de l’expression de la piété, une identité commune qui permet d’atteindre à la “sublimation du religieux” ». Un autre article sur les « sanctuaires mixtes » sur tout le pourtour méditerranéen, signé par Dionigi Albera, rehausse également l’intérêt de l’ouvrage. F. N.