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Actualités - REPORTAGE

Cinéma Une semaine cinématographique au ras des pâquerettes

Les sorties de la semaine l The Dukes of Hazzard, de Jay Chandrasekhar The Dukes of Hazzard est l’adaptation cinématographique de la célèbre série éponyme dont les 147 épisodes furent diffusés entre 1979 et 1985 sur la chaîne américaine CBS. Comme la plupart des adaptations, le film est un ratage total. L’univers ultraringard de la série a effectivement très mal vieilli, tout comme les petites « blagounettes » à tendance misogyne. Le cinéaste offre là un bien piètre cadeau au spectateur. L’humour, à l’image de l’histoire, ne vole effectivement pas bien haut. Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas familiers à l’univers des Dukes, rappelons qu’il s’agit de deux cousins (Luke et Bo) obsédés par les filles, l’alcool et leur fameuse voiture tout-terrain, la Dodge « General Lee ». Côté casting, le cinéaste a apparemment opté pour des acteurs « tendance » plutôt que pour des acteurs de talent. Résultat, les personnages (qui ne sont déjà pas franchement travaillés) sont écrasés par les très mauvaises interprétations de Seann William Scott (American Pie) et Johnny Xnoxville (révélé par l’émission trash Jackass) dont les dialogues alternent entre gros mots et onomatopées. Autre nouvelle venue dans le monde du cinéma, la chanteuse Jessica Simpson, qui tient là le rôle de la sexy Daisy, célèbre pour ses shorts en jeans ultracourts. Au programme donc des petites stars montantes du show-biz américain sur fond de poursuites de voitures, de cascades et de coups de feu. Empire ABC/Dunes/ Galaxy/St-Élie, Espace l Hollywood Flies, de Fabio Segatori Ovni : objet visuel nullissime et inutile, voilà comment l’on pourrait décrire cette chose filmée par un cinéaste inconnu du bataillon, Fabio Segatori. Hollywood Flies regroupe une quantité hallucinante de bêtises, d’incohérences et d’absurdités. Commençons par le commencement, l’histoire : une Italienne visite son frère aux États-Unis. Elle insiste à prendre sur la route deux auto-stoppeurs s’avérant être des criminels qui viennent de dérober une importante somme d’argent. Alors que l’Italienne est kidnappée, le frère est chargé de faire passer l’argent à Los Angeles. La situation, déjà insensée, se complique encore plus lorsqu’une strip-teaseuse rentre en jeu et dérobe le butin. Le cinéaste, pour notre plus grand malheur, semble apparemment prendre un malin plaisir à succéder les situations invraisemblables et rocambolesques. Côté victimes, il opte pour l’exotisme et la beauté physique avec les acteurs Antonio Cupo et Bianca Guaccero. Côté bourreau, il choisit l’Américain Brad Renfro et l’ancienne star des stades de foot, l’Anglais Vinnie Jones (étiqueté brute épaisse du cinéma). Hallucinant de médiocrité, la concrétisation d’un tel projet dénué d’intérêt est un réel mystère. Il faut le voir pour le croire ! Concorde, Abraj, Zouk k L’antidote, de Vincent de Brus Vincent de Brus offre là une comédie classique bon enfant plus ou moins efficace. Sans tomber dans les francs éclats de rire, le spectateur passe un moment agréable, marqué par quelques bonnes situations insolites et des comédiens en pleine forme. L’histoire regroupe deux hommes que tout oppose : André Morin, petit comptable de banlieue, est l’antidote qui permet à Jacques-Alain Mary, PDG d’une multinationale, de surmonter ses crises d’angoisse. Le duo, composé par le très regretté Jacques Villeret et Christian Clavier, fonctionne plutôt bien. Si le premier est toujours parfait dans le rôle du provincial un peu naïf et simplet, le deuxième parvient (une fois n’est pas coutume) à canaliser son excès d’énergie pour jouer davantage dans la nuance. Il est cependant dommage que le film lorgne par-ci par-là vers le scénario du Dîner de cons, et que le personnage interprété par Jacques Villeret soit quasiment un couper/coller de François Pignon. Concorde, Abraj, Zouk Sorties prévues pour le jeudi 13/10 (sous réserves) : – The Perfect Man, de Marc Rosman, avec Hilary Duff et Heather Lockear. – The Transporter 2, de Louis Leterrier, avec Jason Statham, Amber Valletta et Matthew Modine. Paroles dE cinéma Caméra rapprochée L’averse incessante et polluante des adaptations télévisées L’adaptation au cinéma de classiques de la littérature, de la bande dessinée ou de la télévision offre aux studios hollywoodiens une quantité d’histoires et de matériel quasi inépuisable. Nostalgie des studios américains ou simple manque d’inspiration ? Nous sommes en droit de nous poser la question. D’autant que ces adaptations reflètent pour la plupart une certaine médiocrité (n’ayons pas peur des mots) ainsi qu’une inexistence totale de créativité. Si quelques films se démarquent de la masse (Spiderman ou Batman dernièrement), le reste se veut considérablement vide et inutile. Rappelez-vous des lamentables Daredevil, Hulk, Elektra et autres Catwoman. Nous sommes effectivement bien loin de la qualité des séries télévisées. Les studios ne cherchent malheureusement plus à séduire à travers l’histoire, l’originalité des personnages et la singularité des univers. La séduction passe aujourd’hui par les acteurs, ou plutôt devons-nous les appeler « stars ». À titre d’exemple, revenons sur l’adaptation de Charlie’s Angels (1999). L’énorme succès populaire du film tient en effet essentiellement à son casting : Cameron Diaz, Drew Barrymore et Lucy Liu. Nul besoin de se casser la tête. La recette semble être outrageusement simple : d’un côté, des actrices « ultrapeople », attirantes et sexy, de l’autre, une pluie d’explosions et d’effets spéciaux. La tendance actuelle est donc à l’exploitation des vedettes américaines et des séries cultes des années 70 et 80. Après Mission Impossible, Starsky et Hutch, Bewitched et Herbie, c’est au tour des crétins cousins Dukes de s’emparer du grand écran dans The Dukes of Hazzard. Aux spectateurs de payer encore une fois les pots cassés… D.D. Courrier Un peu de musique… Le mariage entre la musique et les films a dépassé par sa pérennité la plupart des mariages à Hollywood. Depuis les débuts du cinéma, bien avant le son, la musique était jouée en direct durant la projection du film. L’importance de la musique est alors incontournable dans le ciel du septième art. Aujourd’hui encore, ce monde de notes qui nous fait palpiter le cœur par ses variations reste caché derrière les images, portant avec lui des noms tels que Leonard Bernstein (West Side Story), Max Steiner (Gone with the Wind), Bernard Hermann (compositeur des légendaires et terrifiants thèmes de Psycho et Vertigo), Richard et Oscar Hammerstein (The Sound of Music, The King and I). D’autres noms me viennent encore à l’esprit : Francis Lai (Bilitis, Emmanuelle), Henry Mancini (MoonRiver de Breakfast at Tiffany’s), John Barry (Out of Africa, Dances with Wolves)…Il est fascinant d’explorer ces univers de mélodies vibrantes qui nous envoûtent en captant l’essence d’une histoire d’amour, d’un film épique ou d’un western, et en grandissant ainsi l’impact émotionnel de l’expérience visuelle. Mémorables sont les thèmes que nous chantonnons quotidiennement sans nous en rendre compte, comme ceux du Docteur Zhivago, d’Un homme et une femme, ou même encore l’inoubliable chanson Les moulins de mon cœur, signée Michel Legrand, du film The Thomas Crown Affair. Les films nous font rêver, les images nous emportent par leur magie, mais Maurice Jarre avait raison : « Un film sans musique serait une erreur. » Élias ABOU CHARAF En gros plan Box-office USA : les « pingouins » triomphent ! Box-office du cinéma français aux États-Unis, s’entend, mais les chiffres n’en sont pas moins ahurissants. Le documentaire de Luc Jacquet, « La marche de l’empereur» – vu par au moins 2 millions de spectateurs en France, rebaptisé «March of the Penguins» (commentaire lu par Morgan Freeman) – fait partout l’événement. Le film avait débuté modestement, pour se retrouver ensuite à l’affiche de plus de 2 000 salles ! Les recettes ont dû maintenant dépasser les 60 millions de dollars, et ce n’est pas fini. Bravo les pingouins, catégorie « manchots empereurs » ! Les leçons de cette carrière s’imposent d’elles-mêmes, résumées en cette constatation réconfortante : il y a donc un public pour le cinéma qui se veut « différent ». Et le Liban, dans tout cela ? On ne sait pas encore si un de nos distributeurs est – ou n’est pas ? – interessé par « March of the Penguins ». Si la réaction est négative – ce qui serait regrettable – il reste une solution : inclure le film dans le programme de la toute proche Semaine du cinéma européen. Aux Services culturels français de faire le nécessaire. J.-P. GOUX-PELLETAN Contacts: Société générale de presse et d’édition SAL, Kantari, imm. Kantari Corner. E-mail: redaction@lorientlejour.com (230 mots). les ciné-clubs 2 046, de Wong Kar-wai (2004) Dans ce film poético-mélancolique, nous retrouvons les thèmes privilégiés du cinéaste, tels que le regret, la nostalgie, la mélancolie des souvenirs, le temps qui s’empare de tout, la solitude, la sensualité, etc. D’un point de vue formel, les aficionados de Wong Kar-wai ne seront pas déçus puisqu’il filme des images qu’il a toujours aimé capturer : les couloirs des hôtels, les corps qui se frôlent, la pluie incessante, les visages tristes et perdus. Bref, 2 046 se présente comme une œuvre superbement visuelle et esthétique qui privilégie volontairement la forme pour mépriser d’une certaine manière la narration. Côté acteur, on retrouve le héros d’In the Mood for Love (Tony Leung). Cette fois, il cumule les conquêtes sans lendemain, sans pouvoir se détacher de la figure qui habite à jamais sa mémoire, celle de la belle Su Li Zen, qu’il aima jadis. Quant à Maggie Cheung, sa présence fantomatique plane sur le film. À titre anecdotique, le titre (2 046) choisi par Wong Kar-wai fait écho au numéro de la chambre d’hôtel de In the Mood for Love, lieu de rencontre des deux protagonistes. Ce chiffre fait également référence à la dernière année durant laquelle Hong Kong bénéficiera en Chine d’un statut spécial. L’histoire : Hong Kong, 1966. Dans sa petite chambre d’hôtel, Chow Mo Wan, écrivain en mal d’inspiration, tente de finir un livre de science-fiction situé en 2046. À travers l’écriture, Chow se souvient des femmes qui ont traversé son existence solitaire. Passionnées, cérébrales ou romantiques, elles ont chacune laissé une trace indélébile dans sa mémoire et nourri son imaginaire. L’une d’entre elles revient constamment hanter son souvenir : Su Li Zhen, la seule qu’il ait sans doute aimée. Elle occupait une chambre voisine de la sienne ? La 2 046... Avec Tony Leung Chiu Wai, Gong Li, Faye Wong, Takuya Kimura, Zhang Ziyi, Carina Lau, Chang Chen et Maggie Cheung. Ciné-club de l’Alba, vendredi 7 octobre à 19h Raging Bull, de Martin Scorsese (1980) Raging Bull est l’adaptation libre du livre éponyme écrit par Jake La Motta. L’histoire revient sur la vie de ce boxeur durant les années 40-60. C’est le talent de deux grands artistes qui est à l’origine de la réussite de ce film exceptionnel, un film qui aura d’ailleurs huit nominations à la cérémonie des Oscars en 1980. Alors que le cinéaste nous offre une évocation extrêmement forte, sauvage, saisissante et bouleversante du monde de la boxe et du milieu ripou, Robert De Niro (qui fut oscarisé pour son rôle) présente avec brio un personnage autodestructeur, blessé autant intérieurement qu’extérieurement. Fidèle à son travail de préparation, l’acteur s’est investi à fond dans l’appropriation du personnage de Jake La Motta. Ainsi, d’avril 1978 à avril 1979, il travailla tous les jours avec La Motta lui-même afin d’acquérir des réflexes de professionnel. L’acteur prendra également 30 kg en quatre mois afin de montrer le mieux possible la déchéance et la décadence physique du personnage. L’histoire : Raging Bull retrace les moments forts de la carrière flamboyante de Jake La Motta, champion de boxe poids moyen. Issu d’un milieu modeste, il fut le héros de combats mythiques, notamment contre Robinson et Cerdan. Autodestructeur, paranoïaque, déchiré entre le désir du salut personnel et la damnation, il termine son existence, bouffi, en tant que gérant de boîte de nuit et « entertainer ». Quand l’ascension et le déclin d’une vie deviennent épopée... Avec Robert De Niro, Cathy Moriarty et Joe Pesci. Auditorium de l’Esa, mardi 11 octobre à 20h30 Une affaire de goût, de Bernard Rapp (1999) Une affaire de goût se présente comme un thriller mental sur la perte d’identité ainsi que sur la confrontation aussi bien cruelle que complexe entre deux individus. Le cinéaste Bernard Rapp parvient à capturer une ambiance perverse et à créer un sentiment de gêne et de malaise. L’histoire : Frédéric Delamont, industriel au sommet de sa réussite, raffiné, original et phobique, rencontre dans un restaurant un jeune serveur intérimaire, Nicolas Rivière. Quelques jours plus tard, ce dernier est reçu par Delamont qui lui propose d’être, contre un salaire élevé, son goûteur particulier. Ce qui commence comme une relation professionnelle insolite mais légère se révélera rapidement être un jeu infiniment plus dangereux pour les deux hommes. Avec Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Lorit et Charles Berling. CCF, salle Montaigne, mercredi 12 octobre à 19h15 RUBRIQUE RÉALISÉE PAR DYMA DEMIRDJIAN
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l The Dukes of Hazzard,
de Jay Chandrasekhar

The Dukes of Hazzard est l’adaptation cinématographique de la célèbre série éponyme dont les 147 épisodes furent diffusés entre 1979 et 1985 sur la chaîne américaine CBS. Comme la plupart des adaptations, le film est un ratage total. L’univers ultraringard de la série a effectivement très mal...