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EXPOSITION - « La poésie des vieilles demeures libanaises » , à l’AUB Joseph H. Saleh: dialogue avec la pierre

Lorsqu’un ingénieur aéronautique vous annonce que son rêve de toujours est de construire son propre home sweet home, on l’imagine à bord d’un vaisseau spatial se dirigeant vers la planète Mars où il ira piocher la terre rouge et bâtir une sorte d’aérosphère en métal et verre au design futuriste. Mais ce serait mal connaître Joseph Homer Saleh. Ce bâtisseur de fusées a des ambitions plus terre à terre. Le site idéal : une parcelle de terrain bien libanaise, avec une double vue sur la mer et la montagne. Cette maison en pierre de taille et au toit d’argile serait entourée de collines verdoyantes de forêts de pins. Se prélassant mollement sur la terrasse, Saleh entendrait la douce mélodie d’un oud... Mais voilà, le jeune scientifique s’y connaît très peu en architecture. «Mais je sais, par contre, comment je réagis à la vue de certaines bâtisses, note-t-il avec une certaine malice. Certaines me paraissent timides, d’autres froides, ou même sans une once de personnalité. Et il y a les autres. Celles qui irradient de chaleur et de poésie. Et qui sont tellement belles qu’ont peut difficilement en détacher son regard. Et il y a celles qui vous accueillent les bras grands ouverts et vous donnent envie d’y passer le restant de vos jours.» Lui, il voudrait que sa maison donne cette impression-là. Et c’était là le point de départ de l’exposition de photographies intitulée «La poésie des vieilles demeures libanaises» qui se tient au West Hall de l’AUB, jusqu’au 8 octobre. «Je me suis souvent demandé si les sentiments suscités par une maison reflètent l’esprit de l’architecte ou les intentions du propriétaire. Ou encore celles du voyeur lui-même? En d’autres termes, un design architectural doit-il célébrer la créativité du bâtisseur ou refléter l’âme de ses habitants? Je me demande ce que Frank Gehry avait réellement l’intention de dire lorsqu’il décrivait le Stata Center (dont une photo figure dans cette exposition): un groupe de robots ivres faisant la fête». Parlait-il des architectes qui ont bâti le centre ou des scientifiques qui travaillent dans ce laboratoire de la haute technologie? Ce féru d’histoire – il aime particulièrement les premières périodes de l’islam et la guerre civile américaine – vit à Boston depuis qu’il a obtenu son PhD du département d’aéronautique et d’astronautique de la MIT. Il est actuellement le directeur exécutif de l’alliance Ford-MIT. Entre décembre 2003 et juillet 2004, il a parcouru son pays natal à la recherche d’une source d’inspiration. Objectif: traquer les vieilles bâtisses des XVIIIe, XIXe siècles à l’architecture typiquement libanaise. Et les immortaliser sur papier glacé pour mieux en étudier les caractéristiques. Du nord au sud, d’est en ouest, il sillonne le pays. Et rencontre de beaux spécimens. Souvent, il se rendra à plusieurs reprises sur un site donné. Tôt le matin ou en fin d’après-midi, pour avoir la bonne dose de lumière et le bon angle. Souvent, il frappe à la porte des maisons voisines, d’où il peut mieux capter son image. Il se voit offrir un café, un petit déjeuner et des histoires relatives aux vieilles maisons. Ces historiettes le rendent parfois tristounet. Il s’agit d’une maison délabrée, oubliée, négligée ou proposée à la vente. Saleh se souvient alors de la phrase favorite de son prof de français. «L’écriture est une forme de revanche sur la réalité», disait-il. La photographie aussi, pense le jeune scientifique. «Je suis venu à l’architecture avec un préjudice. J’imaginais que ce domaine était très similaire à la musique. En musique, il y a les notes, les silences et une structure qui lie le tout d’une manière cohérente pour former le rythme. En architecture, il y a des archétypes: les murs, les arcades, les volumes, les lignes, les textures et quelques règles de design pour réunir le tout harmonieusement.» Parmi les œuvres exposées, une photographie qu’il affectionne particulièrement. Celle d’une petite et centenaire bicoque au toit rouge, collée à un immeuble d’une dizaine d’étages. «J’aime le tête à tête entre ces deux formes architecturales. Il me rappelle le dialogue instauré entre deux instruments lors d’un concert de jazz.» Parti à la traque de la pierre, de certaines couleurs de portes en bois et autres arcades, Joseph Saleh lance à travers cette série de photographies une campagne de sensibilisation qui vise à attirer l’attention des Libanais et les étudiants en architecture, en particulier, sur un merveilleux héritage architectural en voie de disparition. Pierre qui roule amassera-t-elle mousse? Maya GHANDOUR HERT
Lorsqu’un ingénieur aéronautique vous annonce que son rêve de toujours est de construire son propre home sweet home, on l’imagine à bord d’un vaisseau spatial se dirigeant vers la planète Mars où il ira piocher la terre rouge et bâtir une sorte d’aérosphère en métal et verre au design futuriste. Mais ce serait mal connaître Joseph Homer Saleh. Ce bâtisseur de fusées a des...