EXPOSITION Paris découvre les grands peintres de la Vienne de 1900

Klimt, Schiele, Kokoschka, Moser, les grands peintres de la Vienne 1900, alors capitale foisonnante de l’empire austro-hongrois, sont exposés pour la première fois ensemble à Paris, au Grand Palais, du 5 octobre au 23 janvier. «En 1900, ailleurs qu’à Paris, il y a une activité artistique et intellectuelle presque aussi intense et c’est à Vienne. Avec cette exposition, nous montrons autre chose que l’impressionnisme qu’on a l’habitude de voir en France pour cette période», a indiqué Serge Lemoine, commissaire de l’exposition et président du musée d’Orsay. «Mais il n’est pas question d’illustrer ici les valses viennoises, avertit le spécialiste. L’objectif est de montrer une autre voie, parallèle à la voie française, vers l’abstraction» à travers le symbolisme et l’expressionnisme. Paris a obtenu des prêts exceptionnels de l’Autriche, de l’Allemagne, de l’Italie et des États-Unis, pour cette exposition unique «Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka - Vienne 1900», de 91 tableaux et 55 dessins réalisés entre 1890 et 1918, qui n’a pas vocation à voyager. La totalité des œuvres exposées proviennent de l’étranger, à l’exception d’un Klimt du musée d’Orsay, Les rosiers sous les arbres. En effet, les musées français sont très pauvres en œuvres de ces artistes, qui sont en outre très rarement exposés en France. Il faut remonter à 1986 et à la grande exposition pluridisciplinaire «Vienne 1880-1938: naissance d’un siècle» du Centre Georges Pompidou pour avoir une idée de ce monde artistique coloré, sensuel et en rupture avec l’académisme du XIXe siècle. Cette exposition parisienne est donc une occasion unique de voir les splendides tableaux de Klimt dispersés dans le monde comme la Danaé (Vienne), La Musique I (Munich), la Judith II (Venise), Les trois âges de la vie (Rome), Bébé (Washington), Portrait de Serena Lederer (New York), tous très connus parce que reproduits à l’infini. Gustav Klimt (1862-1918) a connu une gloire internationale de son vivant pour ses travaux de décoration sur plusieurs bâtiments prestigieux de Vienne (théâtres, musée, université) et pour la qualité très ornementale et stylisée de sa peinture. Mais c’est aussi l’occasion de mieux connaître l’œuvre moins décorative et plus expressionniste d’Oscar Kokoschka (1886-1980), artiste prolifique qui a traversé le siècle, et d’Egon Schiele (1890-1918) aux inquiétantes visions, et de découvrir Koloman Moser totalement méconnu en France. Koloman Moser (1868-1918) s’est surtout illustré dans le design aux côtés de Josef Hoffmann. Il fut créateur de meubles et tissus, bijoux, vaisselle, vitraux et affiches, mais aussi un grand peintre privilégiant les compositions géométriques qui préfigurent l’abstraction. Catalogue de l’exposition, 368 pages, 250 illustrations en couleurs, 45 euros, éditions RMN.