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Actualités - CHRONOLOGIE

Redorer le blason US est un « défi énorme », reconnaît l’envoyée spéciale de Bush Palestine, Abou Ghraib : Karen Hughes encaisse les reproches du monde arabo-musulman

Palestine, Abou Ghraib, Guantanamo : quatre ans après les attentats du 11 septembre 2001, la sous-secrétaire d’État américaine Karen Hughes, en tournée en Égypte, Arabie saoudite et Turquie, encaisse depuis dimanche les griefs du monde arabo-musulman vis-à-vis de l’Amérique. Aucune manifestation, aucun slogan et aucune action violente : les reproches sont adressés sur un ton poli, plein de déférence, lors de rencontres ou « d’échanges de vues » entre la diplomate et les sociétés civiles de ces trois pays alliés des États-Unis. Mme Hughes est une spécialiste en communication qui a contribué à forger l’image du président américain et est officiellement chargée de redorer le blason des États-Unis après la guerre en Irak. « C’est confirmé, il s’agit d’un défi énorme », a-t-elle dit mardi soir aux journalistes qui l’accompagnaient dans l’avion reliant Djeddah à Ankara, en parlant de sa mission, qualifiée de « mission impossible » par des analystes égyptiens notamment. La Texane, très proche de George W. Bush, se rend pour la première fois dans cette région du monde. Devant ses auditoires, elle utilise des techniques de communication éprouvées, toujours répéter les mêmes phrases, simplifier les messages, se présenter avec humilité, comme une « maman qui travaille » et croit aux « relations de personne à personne ». Le tout sans jamais se départir de son sourire. Pas suffisant toutefois pour atténuer les critiques portées à la politique américaine. « La politique américaine a été négative dans la région à cause de la Palestine. C’est dommage, ils ont été aveuglés », accuse Mona Makram Ebeid, enseignante à l’Université américaine du Caire, invitée à l’une des tables rondes avec Mme Hughes. La petite phrase de Mme Hughes, répétée de forum en forum, sur « George W. Bush, premier président à s’être prononcé en faveur d’un État Palestinien indépendant » ne suffit pas à tout le monde. Mme Ebeid affirme que le gouvernement américain « ne donne jamais de suite à ce qu’il affirme ». « Il devrait être moins unilatéral » et moins aligné sur Israël, dit-elle. « Le président (Bush) a beaucoup à donner, j’en suis convaincue, si seulement il écoutait un peu les gens de notre région, et pas seulement son entourage de droite », ajoute-t-elle en visant ceux qu’on nomme les « faucons » et les néoconservateurs de l’Administration Bush, architectes notamment de la guerre en Irak. La guerre en Irak a également été évoquée hier à Ankara. Lors d’une plate-forme de femmes représentant des ONG luttant pour les droits des femmes en Turquie, la sous-secrétaire d’État a été interpellée par des féministes et pacifistes turques demandant l’arrêt de la guerre. « (Bush) a essayé de faire tout ce qu’il pouvait pour empêcher la guerre », a répondu Mme Hugues. Pas suffisant pour Hidayet Sevkatli Tuksal, membre de la Plate-forme des femmes d’Ankara, qui a lancé : « Des gens meurent chaque jour ; quoi qu’elle fasse, ce n’est pas assez pour redorer l’image (des États-Unis). » Durant la rencontre avec l’Association des journalistes saoudiens à Djeddah, un des participants a évoqué un sentiment de « haine » entre Saoudiens et Américains depuis le 11 septembre, car 15 des 19 preneurs d’otages étaient saoudiens. Il s’est étonné que le nombre d’étudiants saoudiens aux États-Unis ait fortement diminué, et s’est demandé : « Pourquoi ils (les Américains) nous détestent ? » Un autre a évoqué le scandale des sévices dans la prison américaine d’Abou Ghraib en Irak. Au Caire, un étudiant avait déjà reproché à Mme Hughes le traitement des prisonniers à Guantanamo. Tous les échanges ne sont néanmoins pas critiques, dans ces pays où la fascination pour le « rêve américain » demeure. Nadia Kamel, cinéaste documentariste égyptienne, invitée à l’une des rencontres, n’en veut ni aux Américains ni à Mme Hughes. Elle en veut aux « grandes corporations ». « Dans ma famille, il y a des juifs, des musulmans et des chrétiens, dit-elle à l’AFP. Or, nous ne pouvons plus nous voir depuis quelques années, car les gens vivent maintenant dans des réalités différentes et ils restent séparés par les télévisions. »


Palestine, Abou Ghraib, Guantanamo : quatre ans après les attentats du 11 septembre 2001, la sous-secrétaire d’État américaine Karen Hughes, en tournée en Égypte, Arabie saoudite et Turquie, encaisse depuis dimanche les griefs du monde arabo-musulman vis-à-vis de l’Amérique.
Aucune manifestation, aucun slogan et aucune action violente : les reproches sont adressés sur un ton...