INITIATIVES - Portes ouvertes, hier, dans les locaux provisoires de la Bibliothèque nationale Tarek Mitri: «Redorer le blason de la grande dame»

Demi-journée portes ouvertes hier dans les locaux provisoires de la Bibliothèque nationale, dans la zone franche du port de Beyrouth, réunissant les membres de la presse et des organismes culturels ainsi que les représentants des bibliothèques publiques et privées du Liban. Précisons-le d’emblée : nulle nouveauté – en ce qui concerne le projet de réhabilitation de la BNL ou d’un prochain transfert vers de meilleurs auspices – sauf, peut-être, Tarek Mitri lui-même, qui a pris il y a quelques mois seulement les rênes du ministère de la Culture. À travers cette rencontre, le ministre a surtout voulu souligner le fait qu’il allait considérer la BNL comme une des priorités de son cabinet. Mais il a voulu surtout lancer une vaste campagne de sensibilisation auprès du grand public comme des gens de culture, des auteurs, des éditeurs et autres amoureux du livre. Une campagne qui vise le projet en tant que tel, dans ses différentes étapes, mais qui a surtout pour objectif de rappeler que les fonds matériels ont aussi besoin d’être renfloués, à travers les donations d’ouvrages et autres legs. Il a précisé à ce sujet qu’un projet de loi – approuvé par la commission et prêt à être voté à la Chambre – concernant la transformation de la BNL, actuellement un département du ministère de la Culture, en un établissement public autonome, comprend également un volet relatif aux dons de livres. Pour développer les fonds de la BNL et en faire une institution digne de ce nom. Entre le passé et le présent Il convient de rappeler que le projet de réhabilitation de la BNL est largement financé (à 80%) par la communauté européenne (le contrat de subvention s’élève à 1,1 million d’euros), l’État libanais se chargeant des 20% restants, soit 275000 euros. Depuis le début de l’action, en août 2003, plusieurs missions ont été accomplies. L’inventaire numérisé des fonds de la bibliothèque est en cours après le dépoussiérage, la restauration, la reliure, le scanning et le rayonnage. «Le traitement des livres (110000 ouvrages) est presque terminé alors que celui des périodiques a démarré le 1er juillet 2005», a précisé Nada Itani, directrice scientifique du projet. La fin de ces travaux est prévue pour décembre 2005. Sur le plan du catalogage, plus de 4000 ouvrages sont déjà inscrits sur le logiciel Berytos. Par ailleurs, la formation du personnel à l’extérieur et à l’intérieur du Liban, de même que des rencontres et des consultations d’experts (notamment avec la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque du Québec) se poursuivent pour assurer le démarrage de la future Bibliothèque nationale en lieu et place de l’actuelle faculté de droit de l’UL, à Sanayeh. Le ministre Mitri a indiqué également que nous verrons prochainement la création d’un conseil consultatif préfigurant le premier conseil d’administration de la Bibliothèque nationale. Signalons pour finir qu’un séminaire se tiendra fin novembre 2005 et rassemblera des architectes experts en la matière. Cette assemblée aura pour but d’établir un cahier des charges détaillé du concours architectural qui doit être lancé au Liban pour déterminer et désigner en mars 2006 le projet le plus adéquat à la construction de l’édifice des dépôts et magasins sur le site de Sanayeh. À ce sujet, une remarque plus que pertinente a été soulevée par l’architecte Assem Salam hier. Ce dernier a en effet rappelé au ministre que les anciens bâtiments de l’UL pourraient se révéler inadéquats à la conservation des anciens ouvrages qui forment le noyau de la BNL. Raison pour laquelle la plupart des grandes bibliothèques du monde (celles de Londres, de la BNF et d’Alexandrie) ont trouvé refuge dans de nouveaux locaux aménagés spécialement à cet effet. Le ministre Tarek Mitri a promis de plancher sur le sujet tout en reconnaissant avoir un peu les mains liées par la décision du Conseil des ministres en 1999 (d’octroyer la faculté de droit de Sanayeh à la BNL). Voilà une affaire qui reste à suivre. M.G.H.