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CONCERT - Les talentueux amis du Festival al-Bustan au Cristal Garden Quand les petits enfants rivalisent avec leurs grands-mères…

Loin de ce monde fou, avec un serrement au cœur pour May Chidiac qui traverse des moments douloureux et en même temps qu’un grand rassemblement avait lieu place des Martyrs en signe de solidarité avec la grande dame du petit écran, les amis du Festival al-Bustan offraient un autre visage du Liban, celui de la vie que nul n’étouffe. Des amis de tous âges, pleins de talent et unis tous par l’amour de la musique. Professionnels, talents en herbe et amateurs éclairés se sont retrouvés pour un bon moment sous les feux de la scène du Crystal Garden, à Beit-Méry, tout simplement et sans autre prétention que de partager les beautés et l’émotion de la musique, tous genres confondus. Ouverture avec le très jeune Garren Tutunjian (12 ans !) avec un rondo (il ne sait pas de qui, mais quelle importance !) sagement interprété au piano avec baskets, jeans buggy et chemise baba cool. Ensuite, Natalie Piranian (14 ans) a pris le relais avec la flamboyante Suite espagnole d’Albéniz. Dans un registre plus adulte est le morceau, empreint d’une certaine mélancolie, Après un rêve de Gabriel Fauré en duo violoncelle (Brigitte Muller) et piano (Sevag Der Ghougassian). Douceur de la flûte (recorder) pour le premier mouvement d’un concerto de Sammartini avec Rouba Gebrayel, accompagnée au piano par Der Ghougassian, le chevalier servant de ces dames au clavier. Moment de grâce, il est vrai un peu timide, du chant lyrique avec Cristina Fakhoury (mezzo soprano) accompagnée au piano toujours par Sevag Der Ghougassian avec l’aria Voi che sapete de Mozart. En solo, pleins feux sur la performance (un peu trop tapageuse) de Sevag Der Ghougassian en qualité d’interprète dans la puissante sonate Walstein (introduction et 3e mouvement) de Beethoven. Fin de la première partie avec du bel canto. En robe noire moulante agrémentée d’une sorte d’étole en velours bordeaux avec une fleur en dentelle sombre, voilà Ghada Ghanem, accompagnée au piano par Hasmig Gasparian, qui chante la valse, agréable et un peu salonnarde Il Bacio d’Arditi suivie du toujours envoûtant Summertime de Gershwin. Belle prestation. On aurait aimé aussi entendre le bon Youkali de Kurt Weil que la cantatrice a déjà gravé sur disque. Place aux grands-mères Petit entracte où l’on se retrouve entre amis, amateurs de bonne musique et profs, pour reprendre ensuite avec deux jeunes grands-mères qui taquinent délicieusement les touches du clavier. Lucy Tutunjian (que l’on connaît déjà en tant que peintre affirmé et dont la nouvelle exposition est prévue pour le 12 octobre à Emmagoss) donnant la réplique, en toute espiègle complicité, à une amie de longue date, Maro Khanamirian, pour la retranscription au piano du Destin de Beethoven. Fatals coups du destin que ces trois tatata… Entreprise ambitieuse, gaillardement soutenue par les dynamiques grands-mères de Garren et Natalie… Accents ibériques avec Wael Bayram qui a tout l’art de pincer les cordes. Une Malaguena flamboyante à souhait, d’autant que la guitare a un raccordement électrique pour une remarquable amplification sonore. Et l’on clôture avec l’accordéon de Michel Tarazi sur un air des quais parisiens. Tout le monde a fredonné Panam en dodelinant de la tête, sourire aux lèvres. Et Samantha Sayegh a donné la note de la fin avec des « oldies » au charme nostalgique. Storia d’une amor, Te voglio bene, Que sera sera de Doris Day (reprise en chœur par la salle) et Zahatan fi hayati, autant de moments qui ont fait naviguer l’auditoire vers un passé qui nous réconcilie avec le présent. C’est amusant de voir réunis amateurs et professionnels, jeunes et moins jeunes, petits-fils et grands-mères, tous soudés par l’amour de la musique. Par-delà ce mélange tarabiscoté de genres, ces notes écrasées ou mal placées, ces synchronisations qui laissent parfois à désirer, ces tempos précipités, la joie de la musique, enserrée dans cette bulle en verre, est éclatante, omniprésente. Malgré tous les malheurs du monde et les préoccupations les plus sombres, les plus angoissantes, voilà un moment charmant. Les Libanais ont bien la vie dans le sang. Et çà, personne ne peut le leur ravir. C’est leur manière de conjurer l’adversité. Edgar DAVIDIAN
Loin de ce monde fou, avec un serrement au cœur pour May Chidiac qui traverse des moments douloureux et en même temps qu’un grand rassemblement avait lieu place des Martyrs en signe de solidarité avec la grande dame du petit écran, les amis du Festival al-Bustan offraient un autre visage du Liban, celui de la vie que nul n’étouffe. Des amis de tous âges, pleins de talent et unis tous...