Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

VIDÉO - « Bound- Unbound » au laboratoire de l’Espace SD Mansoura Hassan, ou les limites de la vérité

Au «laboratoire» de l’Espace SD, une vidéo-installation de Mansoura Hassan. L’œuvre visuelle ne dure que 10 minutes. Aucun mot n’est prononcé. On n’y voit que deux personnages masculins. Corps d’athlètes, teint mat, yeux charbonneux, ils ont une expression tantôt absente, tantôt mystique. Et ils répètent à l’infini les mêmes gestes. Enrouler et dérouler une longue, très longue bandelette imprimée de calligraphie arabe, qui leur ceint le corps, du cou aux chevilles. Un personnage se libère lui-même de ses bandelettes. Il libère son voisin. Mais il se trouve vite en train d’être enturbanné dans le même tissu. Justement intitulée «Bound: Unbound», cette œuvre en dit pourtant long sur les intentions de l’artiste. Elle possède divers niveaux d’interprétations. Tout comme le mot anglais «bound». Il peut, selon le contexte, signifier tout autant «borner, délimiter, rebondir ou assujettir». Ajouter à ces verbes la clé de l’énigme, offerte par l’artiste elle-même et qui dit : «Cette vidéo est une réponse aux événements complexes qui agitent le monde, notamment ses parties arabes et musulmanes». D’ici à faire le lien entre l’écriture arabe (associée aux écrits du Coran?) qui tantôt emprisonne et tantôt libère les individus, il n’y a qu’un pas. Vite franchi par le spectateur. Mais il est évident – comme il est bien souvent le cas dans ce genre de travail abstrait – que chacun trouvera dans ces images un message particulier et individualisé. Tout en gardant à l’esprit que Mansoura Hassan voudrait revisiter notre conception de la vérité, des faits réels et de la grande Histoire avec un grand H. Mais qui est Hassan? Elle est née à Peshawar, au Pakistan. Elle vit actuellement en Égypte, mais elle a longtemps été une résidente de Washington DC où elle s’est installée après avoir décroché un mastère en Fine Arts du Pratt Institute de New York. En 2002, elle a beaucoup fait parler d’elle à Washington et la presse américaine a adulé cette Pakistanaise qui a eu le courage de s’emmitoufler dans un «burqa» (le tchador taliban) noir et de poser devant le Capitole, le Vietnam Veterans Memorial, le Lincoln Memorial et la statue de la Liberté. Mais pour l’artiste, le message n’est nullement politique. «Mon art vise à briser les barrières, a-t-elle déclaré au Washington Post. Je porte ce symbole de l’oppression et je pose devant ces monuments érigés à la liberté. Je voudrais instaurer un dialogue entre ces deux extrémités.» Les œuvres de la peintre, photographe et vidéaste figurent parmi les grandes collections publiques ou privées, dont celles du Golf Corporation Council, de la princesse Sarvath de Jordanie, de Benazir Bhutto, du British Museum de Londres. Elle a exposé un peu partout dans le monde, de Londres à Dakar, en passant par Berlin, Malte, Beijing, Moscou, Tokyo, Maroc, Tunis, Paris, Bangladesh et Washington DC, entre autres. Récemment, elle s’est inspirée de textes classiques mais aussi d’auteurs ou poètes contemporains. Un «work in progress» (œuvre en renouvellement continu) intitulé The Spiritual Journey (Le voyage spirituel) est inspiré du poème épique de Farid Eddine al-Attar, The Conference of the Birds (Le dialogue des oiseaux). La poète soufie Mevlana Rumi a également une influence ténue sur les œuvres de Hassan. Sur une note plus moderne, Mansoura Hassan s’est basée sur les écrits des poètes pakistanaises féministes Kishwar Naheed et Parveen Shaker. Des éléments architecturaux, des marques, des symboles sont tissés dans des toiles qui comportent différentes couches. Mais quels que soient les techniques employées, le support utilisé ou le média, dans l’œuvre de Mansour, c’est l’histoire qui importe et non les moyens d’y arriver. Maya GHANDOUR HERT
Au «laboratoire» de l’Espace SD, une vidéo-installation de Mansoura Hassan. L’œuvre visuelle ne dure que 10 minutes. Aucun mot n’est prononcé. On n’y voit que deux personnages masculins. Corps d’athlètes, teint mat, yeux charbonneux, ils ont une expression tantôt absente, tantôt mystique. Et ils répètent à l’infini les mêmes gestes. Enrouler et dérouler une longue, très...