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Sécheresse, pénurie d’eau, inondations… Jocelyne Gérard, spécialiste en climatologie à l’USJ, se confie à « L’Orient-Le Jour » Le Moyen-Orient, une région très vulnérable au changement climatique

Le Moyen-Orient risque de connaître un désastre écologique sans précédent si aucune mesure préventive n’est envisagée dans le futur le plus proche. Tel est le sombre constat dressé par Jocelyne Gérard, chef du département de géographie à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ). Pour « L’Orient-Le Jour », elle dresse la liste des principaux risques de catastrophes naturelles qui guettent notre région et les conséquences à court et moyen terme qui en résulteraient sur les plans humain et écologique. Jocelyne Gérard, spécialiste en climatologie, déplore la situation écologique actuelle de la région du Moyen-Orient qui, selon elle, connaîtra de nombreux changements majeurs à différents niveaux. En effet, notre région est menacée par des facteurs hydroclimatique (sécheresse, inondation), géophysique (tremblement de terre) et biologique (épidémie, virus). « Bien qu’équilibrée, notre planète est un système complexe qui, une fois modifié, aura des conséquences catastrophiques sur différentes échelles. C’est ce qu’on appelle l’effet domino », explique Mme Gérard. Dans le cas du Moyen-Orient, la dégradation des sols cultivables, due au réchauffement climatique et à l’urbanisation anarchique, « engendrera encore plus de sécheresse et beaucoup moins de ressources hydrauliques naturelles », affirme la spécialiste. Selon elle, le Moyen-Orient connaîtra au cours des prochaines années une saison hivernale de plus en plus raccourcie accompagnée d’une période pluvieuse intense, mais courte. Par conséquent, les spécialistes s’attendent à des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents entraînant, entre autres, la modification de la végétation et de la biodiversité, pouvant aller jusqu’à provoquer la migration des populations. « Le réchauffement climatique se fait très lentement et ses conséquences pourraient prendre des années avant de se manifester, explique Mme Gérard. En ce qui concerne la région méditerranéenne, nous remarquons que les milieux à climat tempéré, comme la France par exemple, deviendront des pays à climat méditerranéen. » Ceci signifie qu’un jour, la population végétale jusque-là réservée à notre région, comme l’olivier, pourra migrer plus au nord où le climat lui sera plus approprié. « De plus, ces modifications climatologiques dans la région risquent d’entraîner l’explosion de diverses épidémies tropicales comme le paludisme », avertit-elle. Quel avenir pour la richesse hydraulique ? La spécialiste en climatologie tire la sonnette d’alarme concernant la réserve hydraulique du Moyen-Orient en général, et celle du Liban en particulier, qui pourrait connaître une pénurie d’eau d’ici à quelques années. « La diminution pluviométrique et l’urbanisation anarchique qui imperméabilise les sols pourraient considérablement diminuer nos ressources hydrauliques, note la spécialiste de l’USJ. De plus en plus de puits illégaux sont construits dans la région et cela conduit à l’exploration accrue des nappes terrestres qui provoque une réduction importante dans nos réserves hydrauliques », poursuit-elle. Par ailleurs, comme les périodes pluvieuses deviendront de plus en plus intenses, plusieurs pays de la région pourront être affectés par des crues qui entraîneront systématiquement des inondations plus ou moins catastrophiques tant au niveau humain qu’au niveau économique. « Les digues qui sont construites aux bords de nos rivières ne sont pas prévues pour des précipitations extrêmes. Les autorités devraient être plus concernées par ce danger imminent », avertit Mme Gérard. Selon les dernières statistiques du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les pays arabes les plus touchés par les inondations sont la Somalie (1 176 morts/an), le Yémen (467 morts/an), le Maroc (396 morts/an), le Soudan (155 morts/an) et l’Algérie (133 morts/an). « Tant qu’on n’aura pas pris le taureau par les cornes, les risques de catastrophes naturelles dus au réchauffement climatique deviendront une réalité amère dure à avaler pour le monde entier, pas seulement pour le Moyen-Orient », assure Mme Gérard qui appelle les gouvernements à changer de mentalité face à ces sujets, trop souvent négligés. « Malheureusement, les pays en voie de développement ne sont pas assez conscients de la gravité du problème écologique et pensent que c’est une préoccupation propre aux pays riches et industrialisés », explique la spécialiste. « À mon avis, les métiers du futur sont ceux qui touchent à l’environnement, car les risques naturels vont en augmentant. La Terre est notre navette spatiale : si on n’en prend pas soin, elle nous détruira. » Propos recueillis par R.M.
Le Moyen-Orient risque de connaître un désastre écologique sans précédent si aucune mesure préventive n’est envisagée dans le futur le plus proche. Tel est le sombre constat dressé par Jocelyne Gérard, chef du département de géographie à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ). Pour « L’Orient-Le Jour », elle dresse la...