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TEMOIGNAGE Il a suffi d’un plongeon pour qu’Élie perde l’usage de ses membres

Il avait 17 ans et toute la fougue de l’adolescence. Élie Kallas était de ces jeunes à qui l’on ne refusait rien. Le monde lui appartenait… du moins le croyait-il, jusqu’au drame qui l’a cruellement frappé dans sa chair et au plus profond de lui-même. C’était il y a une dizaine d’années. Élie était à bord d’un canot à moteur en compagnie d’une bande de copains, dans la baie de Jounieh. Le petit groupe s’amusait à exécuter des plongeons dans la mer. « Je plongeais et replongeais sans arrêt, raconte le jeune homme. Et puis je ne sais pas ce qui s’est passé, mon pied s’est pris dans une barre de fer du canot. J’ai atterri dans l’eau, mais je ne pouvais plus bouger. J’étais immobile, la face dans l’eau. Un de mes camarades m’a levé la tête. Il n’a réalisé la gravité de mon état que lorsque je lui ai dit que j’étais incapable de bouger. » Les camarades d’Élie se sont alors dépêchés de le sortir de l’eau, mais peut-être le jeune homme a-t-il été malmené à ce moment, du moins le pense-t-il. Ramené rapidement vers le rivage, il a attendu près de deux heures l’arrivée des secours avant d’être porté sur une planche, vers l’hôpital le plus proche. Mais là encore, rien n’a été fait durant 10 jours. Le médecin traitant avait diagnostiqué un traumatisme provisoire et promis qu’il irait mieux très bientôt. Mais les parents du jeune homme ont préféré le faire transporter dans un grand hôpital de la capitale où il a subi une traction de 24 heures avant d’être opéré. Le verdict était lourd : la colonne vertébrale était cassée, et si la moelle épinière n’était pas sectionnée, elle avait subi une pression trop forte et surtout trop longue. Il aurait fallu opérer le jeune homme immédiatement, juste après l’accident. Élie est depuis tétraplégique et, malgré une volonté de fer et de nombreuses séances de rééducation, n’a retrouvé que partiellement l’usage de ses membres supérieurs. « Ma vie a carrément changé, raconte-t-il. Je suis une autre personne dans ce corps qui ne m’appartient pas. Je suis devenu dépendant de mes parents et de mon entourage. Je dois aussi subir le regard des autres. Mais ce regard change, fort heureusement. » Refusant de passer sa vie à se lamenter sur son sort, le jeune homme a décidé d’aller de l’avant. Après avoir repris des cours d’informatique, il s’est lancé dans le graphic design et dessine des modèles de voitures. Il a même participé à un concours international. Doué pour la musique et le chant, Élie a pris part à l’émission populaire Superstar et poursuit encore des études de musique à l’université. Il anime aussi des soirées, durant lesquelles il chante et joue de l’orgue électronique. Mais depuis son accident, il se dit obsédé par la volonté de raconter son accident. « Je voudrais tant que les jeunes prennent conscience des dangers à partir de mon drame, au lieu de subir le même sort. Car ce que je vis n’est vraiment pas facile », dit-il. Militant actif dans l’association YASA, il multiplie les conférences et les rencontres avec les jeunes, conscient que la sensibilisation des jeunes, mais aussi de leurs parents, peut sauver bien des vies et éviter bien des handicaps. Le handicap d’Élie ne l’empêchera pas de se marier et d’aller au bout de ses rêves. Même s’il ne peut s’empêcher de conclure, amer : « On ne réalise la valeur de ce qu’on a qu’après l’avoir perdu. »
Il avait 17 ans et toute la fougue de l’adolescence. Élie Kallas était de ces jeunes à qui l’on ne refusait rien. Le monde lui appartenait… du moins le croyait-il, jusqu’au drame qui l’a cruellement frappé dans sa chair et au plus profond de lui-même. C’était il y a une dizaine d’années. Élie était à bord d’un canot à moteur en compagnie d’une bande de...