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Actualités - ANALYSE

ANALYSE Pays riches et pays pauvres inégaux face à la grippe aviaire

La grippe aviaire est désormais considérée comme une menace planétaire, mais tous les pays ne sont pas égaux face à la maladie, selon la qualité de leurs services de santé et l’organisation de leur production aviaire. Le virus H5N1, qui a tué au moins 63 personnes depuis fin 2003 dont les deux tiers au Vietnam seul, est une menace hypothétique pour les uns et concrète pour d’autres. Et l’impact d’une pandémie, si elle survient, ne serait pas le même partout. Dans ce type de scénario, tous les gouvernements tentent de limiter les contaminations humaines et la désorganisation de la société, mais « chaque pays doit adopter un plan spécifique », résume Hans Troedsson, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Hanoi. L’équipement des hôpitaux, l’état des routes ou les stocks de médicaments sont décisifs. « Chaque pays utiliserait probablement d’abord ses structures de santé existantes, puis ferait rapidement appel à des moyens de fortune et des systèmes de dépistage spécifiques », ajoute Hans Troedsson. En matière de santé animale, les inégalités d’un continent à l’autre sont saisissantes. D’un côté, les pays développés, dont les élevages sont confinés dans des fermes industrielles, contrôlées par des services sanitaires compétents. De l’autre, des pays tels que la Chine, l’Indonésie ou le Vietnam, où la promiscuité entre l’homme et l’animal exacerbe les risques de contamination et où les services vétérinaires sont débordés. « En Europe, les services vétérinaires ont une forte expérience dans la gestion des épidémies », résume Patrice Gautier, patron au Vietnam de l’organisation Agronomes et vétérinaires sans frontières (VSF). « Dans les pays d’Asie centrale récemment touchés, la densité de volailles est beaucoup plus faible qu’en Asie du Sud-Est. Le problème du Vietnam, c’est qu’il est confronté à la fois à une haute densité de volailles et à des services vétérinaires pas adaptés. » À Hong Kong, lors de la première épidémie de grippe aviaire en 1997, les autorités ont détruit toutes les volailles. Rien de tel n’est possible en Indonésie, où l’abattage est « très compliqué » selon Steven Bjorge, un expert de l’OMS. Dans l’archipel, 70 à 80 % de la volaille est disséminée dans les arrière-cours des maisons. « L’idée d’un abattage facile (...) est absolument impossible à appliquer actuellement », estime-t-il. En Allemagne, les autorités ont demandé à trois États régionaux fréquentés par des oiseaux migrateurs d’enfermer les volailles. Pendant ce temps, le Vietnam en est encore à limiter les risques pour la communauté et à restreindre les périmètres d’évolution des poulets et canards, habitués à circuler librement. « La règle dit que dans les grandes fermes, les éleveurs doivent porter des masques et des gants. Mais nous savons que ces mesures sont inadéquates. Nous ne savons pas quoi faire », constate Nguyen Ba Thanh, chef du département de santé animale de Can Tho (Sud). « Il est très difficile de limiter les mouvements de la volaille. Je crois que la meilleure solution est la vaccination », estime pour sa part Vo Be Hien, son homologue de la province voisine de Dong Thap. Mais les experts étrangers sont partagés sur cette vaccination, prévue dans 48 des 64 provinces du pays. Selon eux, seules entre 50 et 60 % des volailles seront effectivement vaccinées dans les zones cibles. L’efficacité de l’opération ne sera connue qu’après l’hiver. L’OMS et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui ont obtenu que la mobilisation contre le virus déborde des seuls pays actuellement touchés, veulent maintenant s’assurer que les pays pauvres seront écoutés. « Il ne suffit pas de dire au Vietnam de faire ceci ou cela. Il faut les aider », martèle Astrid Tripodi, coordinatrice du programme sur la grippe aviaire pour la FAO à Hanoi. L’OMS prépare un plan détaillé pour définir le type d’aide dont ont besoin les pays en développement. Il sera présenté aux pays donateurs à Genève, en novembre. Didier LAURAS (AFP)
La grippe aviaire est désormais considérée comme une menace planétaire, mais tous les pays ne sont pas égaux face à la maladie, selon la qualité de leurs services de santé et l’organisation de leur production aviaire.
Le virus H5N1, qui a tué au moins 63 personnes depuis fin 2003 dont les deux tiers au Vietnam seul, est une menace hypothétique pour les uns et concrète pour...