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EXPOSITION - Photographies et dessins, au théâtre al-Madina, jusqu’au 25 septembre La guerre vue par les enfants, ou quand l’innocence dénonce

Une plaine verdoyante, une maison aux toits rouges, un arbre portant des fruits bien mûrs. C’est un schéma apparemment paisible, un dessin comme en feraient tous les enfants du monde. Mais voilà. Un détail, et quel détail, vient assombrir l’image. Il est tracé, gribouillé au crayon noir, d’une main rageuse. C’est un char. Un véhicule de guerre qui sème la mort et la terreur. Cette image fait partie de tant d’autres accrochées aux cimaises du théâtre al-Madina, à l’initiative de la fondation Umam, dans le cadre de la manifestation « Violence civile, et mémoires de guerre ici et ailleurs ». Cette exposition, intitulée « Je pense souvent à la guerre », donne à voir des dessins et des photographies de la guerre du Kosovo réalisés par des enfants. C’est à l’initiative d’étudiants et d’artistes berlinois que des enfants, réfugiés albanais dans la capitale allemande et dans des camps de Macédoine, ont été encouragés à exprimer leurs opinions de la guerre qu’ils ont vécue, qu’ils ont fuie. Quand la guerre s’est terminée, le projet s’est étendu à la photographie. Les écoliers de Prishtina, Prizren and Djakova ont reçu des caméras jetables pour immortaliser leur vie quotidienne et donner à voir ce qui leur est le plus cher. Déchirés entre la peur, l’espoir et le désir de mener une vie normale, les enfants jettent sur papier leurs traumatismes. Initiative salvatrice sur le plan thérapeutique, mais dont l’intérêt principal réside peut-être dans le message qu’elle porte. Si les hommes politiques et autres décideurs des sorts des peuples pouvaient se pencher sur ces témoignages aussi bouleversants que spontanés, le monde se porterait un peu mieux peut-être ? La collection comprend 400 dessins et 1 700 photos. Une sélection est montrée aujourd’hui à Beyrouth après que l’exposition ait fait le tour des grandes villes européennes. Les dessins se suivent. Là, une scène de massacre. Des chars, des chars, des maisons en feu. Des soldats qui tirent sur les villageois. Des hélicoptères qui lâchent leurs engins de mort. Ailleurs, tout le désespoir transparaît dans des silhouettes abattues, fatiguées, fuyant les massacres. On pense aux enfants de l’Irak, de la Palestine et aux cinquante autres pays où sévit actuellement une guerre larvée ou un conflit. Mais subsiste, heureusement, l’espoir. Il se manifeste dans un arc-en-ciel. Dans des fleurs et des papillons. Dans un ciel étoilé de petits cœurs. Dans les photographies de vendeurs de quatre saisons, sur le petit minois d’un bébé. Il prend forme dans une photographie représentant des patins, un ballon, des jouets qui deviennent symboles de liberté… Voilà une exposition qui vous fait l’effet d’un petit tour dans les montagnes russes. Elle vous plonge dans une infinie tristesse, pour mieux vous lifter le moral après. Quand l’innocence pose un regard sur un des actes les plus monstrueux que peut commettre l’être humain. Jusqu’au 25 septembre. Maya GHANDOUR HERT
Une plaine verdoyante, une maison aux toits rouges, un arbre portant des fruits bien mûrs. C’est un schéma apparemment paisible, un dessin comme en feraient tous les enfants du monde. Mais voilà. Un détail, et quel détail, vient assombrir l’image. Il est tracé, gribouillé au crayon noir, d’une main rageuse. C’est un char. Un véhicule de guerre qui sème la mort et la terreur....