L’Église anglicane suggère de présenter des excuses aux musulmans pour la guerre

Les dirigeants chrétiens devraient présenter aux musulmans des excuses pour la guerre en Irak, faute de repentir du gouvernement, ont suggéré des évêques anglicans hier, alors que la grogne perdure au Royaume-Uni sur la poursuite de la guerre. Dans un rapport intitulé « Contrer le terrorisme : pouvoir, violence et démocratie après le 11 septembre », un groupe de travail mandaté par l’Église d’Angleterre réfléchit à la « relation complexe entre religion et violence », et examine comment la « tradition de repentance » de l’Église peut contribuer à la « réconciliation » entre l’Occident et les musulmans. Le rapport de ce groupe de travail, composé de quatre évêques, rappelle la position connue de l’Église d’Angleterre, qui ne considère pas la guerre en Irak comme « juste ». « Bien que l’action militaire ait été une grave erreur, parce que beaucoup de gens n’y ont pas vu les critères d’une guerre juste, certains des objectifs de la guerre sont louables, comme celui de mettre fin à la tyrannie de Saddam Hussein » ou l’objectif d’instaurer une démocratie, selon ce rapport. Les chrétiens se trouvent aujourd’hui devant un « dilemme » : un retrait précipité des troupes étrangères d’Irak serait « irresponsable », les maintenir « peut donner l’impression de soutenir la présence américaine à long terme et de complicité avec l’action militaire depuis le début ». Relevant que le gouvernement britannique est peu disposé à présenter des excuses, le groupe de travail suggère que les Églises puissent le faire, à l’image du Vatican qui a présenté des excuses pour les persécutions des juifs. « L’Église chrétienne a un mandat de travailler en vue de la réconciliation », a affirmé hier sur la BBC l’évêque d’Oxford, Richard Harris, qui préside le groupe de travail. Le rapport des évêques anglicans met aussi en cause le « fort sentiment de vertu morale » des Américains, nourri par la droite chrétienne. Le président américain George Bush « dépend beaucoup de gens qui, à notre avis, interprètent mal la Bible. Ils lisent le livre de l’Apocalypse et y trouvent une confirmation du sentiment qu’ont depuis longtemps les Américains qu’ils sont une nation préférée, promise à une grande destinée. Nous y voyons une interprétation totalement erronée de la Bible », a déclaré M. Harris.