Les sources proches de Baabda continuent de justifier le déplacement ; Siniora remanie le discours de Lahoud Rizk : « Souhaitez-moi le voyage le moins mauvais possible »

C’est ce matin que le chef de l’État accompagné des ministres Salloukh et Rizk et d’une délégation imposante décollera – en principe – de l’aéroport international Rafic Hariri en direction de New York. Et jusqu’à la dernière minute, les « sources proches de Baabda » continuaient de délivrer aux médias des pages entières destinées selon elles à rectifier le tir et à justifier ce voyage critiqué sans relâche et avec acharnement depuis plusieurs jours. Ces sources ont réaffirmé donc ce week-end que le voyage d’Émile Lahoud à NY est l’occasion idéale pour que le Liban puisse remercier « comme il se doit » la communauté internationale pour l’aide qu’elle continue d’apporter au pays depuis l’assassinat de Rafic Hariri. Émile Lahoud entend également redire au monde combien le Liban est déterminé à jouer inlassablement son rôle pionnier dans la région, celui de carrefour des religions et des civilisations. Les sources précitées soulignent au passage que les campagnes dont le voyage présidentiel est la cible ne méritent aucune réponse, s’arrêtant néanmoins sur les « suppositions » de ces détracteurs quant aux réactions internationales négatives à la présence d’Émile Lahoud à NY. « Ces attaques anticipent les faits et sont totalement honteuses, puisqu’elles touchent le président de la République, symbole de l’unité de tout le pays, aussi bien que le prestige de l’État ». Mais surtout, martèlent les sources en question, le chef de l’État va à New York pour insister sur la nécessité de dévoiler tous les dessous du crime du 14 février. « Et l’ironie de la chose veut que les détracteurs du président Lahoud l’assomment de critiques sous l’angle de l’enquête internationale sur l’assassinat du président Hariri », disent-elles. Et concernant les deux discours que le n° 1 de l’État est censé prononcer, ces sources affirment qu’ils ont été préparés et rédigés de concert avec la présidence du Conseil et qu’ils traduisent avec précision les orientations de l’État et les promesses du gouvernement libanais. Cela à l’heure où des sources proches du Premier ministre ont affirmé que les deux présidents n’ont communiqué que par le truchement des ministres Salloukh et Rizk. Fouad Siniora, précisent ces sources, a lu une copie des discours et a demandé que certains passages soient biffés, d’autres remaniés, tout en proposant quelques nouvelles idées qu’il estimait nécessaires. Les remarques du Premier ministre sur la dernière mouture qui lui est parvenue ont été faites par le biais du ministre des Affaires étrangères, toujours selon les mêmes sources. Et pour en finir avec les milieux proches de Baabda, ces derniers se sont longuement arrêtés – et étonnés – sur le coût de ce voyage tel que largement évoqué par certains médias. Ces milieux ont ainsi assuré que le chef de l’État a renoncé à un hôtel cinq étoiles à 5 000 dollars la nuitée pour un autre moins cher à 1 000 dollars. Et que des instructions ont été données au chargé d’affaires libanais à l’ONU pour que les dépenses soient drastiquement réduites. Enfin, au sujet du retrait de l’invitation du président George W. Bush, les sources proches de Baabda ont minimisé l’affaire, estimant que les informations « ne sont pas exactes » et que dans tous les cas, le président Lahoud va à New York pour insister sur la position du Liban et non pas pour participer à des raouts sociaux. Pour sa part, le ministre de la Justice, Charles Rizk, a insisté ce week-end, tant sur les chaînes al-Manar et LBC qu’au micro de la VDL, sur son « amitié cinquantenaire avec le président Lahoud ». « Mais je ne suis pas convaincu par ce voyage. Je suis fidèle à mes amitiés, et je remercie Dieu de ces amitiés que je préserve, parce que j’estime que cette fidélité-là, si on sait la respecter, est un trésor inestimable », a-t-il dit, précisant que son entrée au gouvernement n’a rien à voir avec cette amitié. Charles Rizk a en outre mis l’accent sur « l’importance des sujets présents à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU. Il est donc demandé au président Lahoud de se rendre aux Nations unies, et il faudrait attendre… ». Et à notre confrère de la VDL Wardé, qui lui souhaitait « bon voyage », Charles Rizk a répondu en lui demandant, en français, de lui « souhaiter le voyage le moins mauvais possible ». Pendant ce temps, les membres du bloc parlementaire du Futur continuaient leurs attaques contre le chef de l’État. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ahmed Fatfat, s’est ainsi étonné de l’insistance d’Émile Lahoud à représenter le Liban à l’Assemblée générale de l’ONU « à l’heure où la majorité des Libanais s’oppose à ce voyage, et que la quasi-totalité des hommes politiques demande qu’il soit annulé parce que personne à New York n’est disposé à le recevoir ». Le ministre Fatfat a d’ailleurs demandé au chef de l’État de prendre une décision « sage » et de « démissionner afin de ne pas entraîner le pays dans des crises encore plus violentes que celles qu’il connaît depuis le début de l’année ». Le député de Beyrouth Walid Eido et le bloc des députés de Minié-Denniyé s’en sont également pris au chef de l’État.