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Actualités - CHRONOLOGIE

À pied, en voiture ou en téléphérique pour arriver à Harissa Pour la première fois depuis la libération de Geagea, les FL célèbrent la messe consacrée à leurs martyrs

Plus d’une dizaine de milliers de personnes ont pris part hier à la messe annuelle consacrée à la mémoire des martyrs des Forces libanaises, célébrée à la basilique Notre-Dame de Harissa. Cette année, l’événement a pris une dimension nouvelle : le chef du mouvement, Samir Geagea, est libre, les troupes syriennes ont quitté le Liban, et les militants n’ont pas été brimés par l’armée. Dès 11 heures, la route de Harissa, au niveau de Bkerké, était bloquée par les convois de voitures et de bus décorés par les drapeaux FL ainsi que les portraits de Samir Geagea et de Béchir Gemayel. Les militants sont venus en masse de tout le Liban, de Jezzine à Deir el-Ahmar en passant par les localités de Kfarabida, Chekka, Hammana… Bref des supporters FL, arrivés en famille ou en groupe, appartenant à tous les mohafazats, se sont retrouvés à Harissa. Certains même ont pris la route dès 7h30, pour ne pas rater l’événement. La plupart d’entre eux ont garé voitures et bus à Bkerké pour se rendre à pied à la basilique. Une minorité a pensé à faire le trajet Jounieh-Harissa en téléphérique. De fait, il y avait une petite foule devant le téléphérique qui offrait le billet aller-retour à 5 000 livres au lieu de 7 500 « pour la messe des martyrs », explique-t-on au guichet. Avec la présence des militants, une fois n’est pas coutume, les cabines du téléphérique ont arboré les couleurs des FL. Perchés au-dessus de l’autoroute ou de la forêt de pins, certains jeunes ont agité drapeaux et portraits. L’atmosphère était suffocante dans la basilique pleine à craquer. Deux portraits géants en noir et blanc de Béchir Gemayel et de Dany Chamoun ont été accrochés non loin de l’autel. Sur les murs, des pans de tissu noir portant le nom de plus de 5 000 martyrs FL ont été suspendus. L’office religieux a été célébré par le vicaire patriarcal, Francis Baissari, représentant le cardinal maronite Nasrallah Sfeir, en présence du ministre FL Joe Sarkis, des députés et des responsables du mouvement. Sethrida Samir Geagea, députée de Bécharré, était absente. Mme Geagea, rentrée au Liban pour 48 heures la semaine dernière, a quitté le pays pour rejoindre son époux. Il y avait aussi Jessie Ramzi Irani, dont l’époux avait été enlevé et assassiné en mai 2002. L’épouse du dernier martyr FL Aziz Saleh, atteint mortellement par des coups de feu alors qu’il empruntait en voiture la route de Zghorta en juin dernier, figurait aussi parmi l’assistance. « Mon père est mort deux mois avant ma naissance » Dans son homélie, Mgr Baïssari a déclaré : « Nos martyrs sont ressuscités. Avec leur résurrection, c’est tout le Liban qui est ressuscité et Samir Geagea a été libéré. Leur sang n’a pas été versé pour rien. » « Les martyrs nous ont passé le flambeau, c’est à nous d’alimenter la flamme pour que l’on parvienne à la véritable résurrection du pays. Elle se traduit notamment par l’unité nationale », a-t-il dit.a Des milliers de militants sont restés sur le parvis de l’église. Parmi eux un groupe d’hommes âgés de plus de quarante ans et cloués sur des chaises roulantes. Fady, Joseph, Jihad, Pierre et les autres avaient tous été blessés au combat. Atteint à la colonne vertébrale en 1976, dans le centre-ville, Pierre indique : « Nous sommes parvenus finalement à libérer le Liban de toutes les troupes étrangères. Il nous a fallu trente ans. » Un peu plus loin, un groupe de jeunes venus de Kfarchima. Rayan, 18 ans, indique : « Mon père, Tony Rizk, est mort au front, à Bsaba, en 1986, deux mois avant ma naissance. » Le jeune homme, qui assiste à cette messe depuis plusieurs années et qui n’a donc jamais connu son père, raconte : « Il était prof d’école, puis il a porté les armes. Si je suis supporter FL, c’est parce que je sais que mon père est mort pour une cause. Il défendait le Liban. » « Quand les Syriens sont partis, je me suis dit que s’ils n’avaient pas occupé le Liban, Papa serait resté en vie », dit-il. Ces jeunes et beaucoup d’autres connaissent par cœur les slogans de guerre et les chansons partisanes. Ils récitent aussi des bribes d’anciens discours de Béchir Gemayel, assassiné bien avant leur naissance. Élie, 17 ans, explique : « Nos parents ont défendu une cause. Elle a commencé avec Béchir et elle a continué avec le Hakim. » « Nous ne suivons pas une personne, nous sommes fidèles à un mouvement, à une cause », ajoute-t-il, reconnaissant qu’il a une préférence pour Béchir Gemayel « parce que c’est lui qui a édifié les bases des FL ». Hier, Fady Chamati, militant du mouvement arrêté des dizaines de fois – qui avait décidé de garder les tentes des FL dressées au centre-ville jusqu’à la libération du leader du mouvement –, et qui est en froid depuis quelques années avec Sethrida Samir Geagea, a pris part à la messe. Selmane Samaha, militant FL emprisonné au ministère de la Défense, à l’issue des rafles du 7 août 2001, en froid également avec Mme Geagea, était présent à Harissa. Il a expliqué : « Je suis venu pour nos martyrs. Nous avons eu nos différends certes, mais nous sommes tous du même camp. » « Samir Geagea est libre. C’est le temps de la réconciliation », a-t-il conclu. Patricia KHODER
Plus d’une dizaine de milliers de personnes ont pris part hier à la messe annuelle consacrée à la mémoire des martyrs des Forces libanaises, célébrée à la basilique Notre-Dame de Harissa. Cette année, l’événement a pris une dimension nouvelle : le chef du mouvement, Samir Geagea, est libre, les troupes syriennes ont quitté le Liban, et les militants n’ont pas été brimés par...