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La sécurité palestinienne en état d’alerte après l’attaque revendiquée, puis condamnée, par les Comités de résistance populaire Le spectre du chaos plane sur Gaza après l’assassinat de Moussa Arafat

L’assassinat d’un des hommes forts de la bande de Gaza, Moussa Arafat, a réveillé le spectre d’une situation de chaos dans ce territoire après le retrait, annoncé comme imminent, des troupes israéliennes. Moussa Arafat, 69 ans, conseiller militaire du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas et un cousin de son défunt prédécesseur Yasser Arafat, a été abattu par des hommes armés à son domicile à Gaza avant l’aube hier. Des dizaines d’hommes cagoulés et armés ont littéralement pris d’assaut la maison du général dans le quartier Tal-Hawa de Gaza à coups de rafales d’armes automatiques, de grenades et de roquettes antichars. Après un accrochage avec les gardes de sécurité, ils ont réussi à pénétrer dans le bâtiment et ont ouvert le feu sur Moussa Arafat. Ils ont ensuite traîné son corps dans la rue en tirant dessus. Cette attaque a été revendiquée par Abou Abir, le porte-parole d’un groupe armé palestinien, les Comités de résistance populaire. Opérant un retournement inattendu, les Comités ont en soirée condamné cet assassinat. Fondés peu après le début de l’intifada en septembre 2000, les Comités de résistance populaire regroupent des activistes issus de tous les mouvements palestiniens, qu’ils soient nationalistes ou islamistes. Un des fils du général, Manhal Arafat, a par ailleurs été enlevé lors de cette opération. Alors que circulaient des rumeurs sur son exécution, Abou Abir avait annoncé dans la journée que cet officier des renseignements militaires était « interrogé ». Après le dernier communiqué des Comités, le flou était de mise sur son cas. L’assassinat de Moussa Arafat, considéré par beaucoup de Palestiniens comme un symbole de la corruption qui ronge l’Autorité palestinienne, est une illustration du mécontentement qui se généralise dans la bande de Gaza contre la direction palestinienne. La colère de la population, notamment les jeunes, de ce territoire, frappé par la pauvreté et où s’entassent 1,3 million d’âmes, monte de plus en plus depuis l’évacuation, le 22 août, des 21 colonies israéliennes. Des heurts ont ainsi opposé ces derniers jours les forces de sécurité à des manifestants palestiniens dans le sud de la bande de Gaza. Ces affrontements ont atteint leur paroxysme mardi lorsque de jeunes Palestiniens ont débordé les forces de police palestiniennes et ont attaqué des positions israéliennes dans des colonies évacuées du secteur. Un de ces jeunes a été tué lors de cet incident. Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a condamné hier l’assassinat de son conseiller militaire et affirmé que « le ministère de l’Intérieur et les services de sécurité déploient tous les efforts nécessaires pour trouver les auteurs de ce crime et les traduire en justice », tout en affirmant qu’il continuerait d’œuvrer pour instaurer l’État de droit. Face au risque d’anarchie, il a également renoncé à se rendre au sommet de l’ONU à New York dimanche. Tout en mettant la sécurité palestinienne en état d’alerte, le ministère de l’Intérieur a néanmoins admis que l’assassinat de Arafat constitue « une escalade sérieuse » de la violence. Israël veut accélérer son retrait militaire de Gaza À la suite de ces violences, Israël a fait savoir qu’il pourrait avancer de trois jours, du 15 au 12 septembre, le retrait de ses troupes, par crainte d’un débordement de violences dans la bande de Gaza. Selon le quotidien israélien Yediot Aharonot, des officiers supérieurs de l’armée israélienne ont recommandé un retrait « immédiat » des troupes israéliennes de la bande de Gaza afin « d’éviter un embrasement ». « Il faut sortir immédiatement de Gaza » titrait ainsi en une le journal avec une photographie de dizaines de jeunes Palestiniens affrontant à mains nues un char israélien après avoir forcé la clôture de sécurité du Goush Katif, le bloc de colonies israéliennes au sud de Gaza évacuées en août par Israël. La date du retrait doit être fixée par le gouvernement dimanche, selon un haut responsable israélien. Dans le cadre des préparatifs, Israël a fermé hier « jusqu’à nouvel ordre » le terminal de Rafah, unique point de passage entre la bande de Gaza et l’Égypte, ont indiqué des responsables palestiniens. Des gardes-frontières égyptiens doivent par ailleurs commencer à se déployer à la frontière à partir de samedi, pour la première fois depuis 1967, selon une source de sécurité. Un haut responsable de la sécurité palestinienne a également exprimé son inquiétude de voir la situation se dégrader encore plus, estimant qu’il serait de plus en plus difficile de « contrôler » les jeunes Palestiniens. « Les soldats israéliens ouvriront le feu s’ils se sentent menacés », a mis en garde ce responsable sous le couvert de l’anonymat. Douste-Blazy : Il faut redoubler d’efforts Des responsables internationaux ne cachaient pas non plus leur inquiétude. En visite à Gaza, le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, a appelé hier les Palestiniens à « redoubler d’efforts », après cet assassinat, pour mettre en place un État de droit. « Les territoires de la bande de Gaza et de Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, sont pour la France indissociables », a ajouté le ministre, qui entamait une visite de deux jours dans les territoires palestiniens et en Israël. Le ministre français des Affaires étrangères, qui a rencontré Mahmoud Abbas, le Premier ministre Ahmed Qoreï, le vice-Premier ministre Nabil Chaath et son homologue palestinien, Nasser al-Qidwa, s’est également engagé à aider à « tout mettre en œuvre » pour que l’espoir né du retrait israélien de Gaza « ne soit pas déçu » et ouvre « des perspectives de développement économique et de règlement politique qui soient durables ». La France compte notamment aider à la construction du port de Gaza, la création d’emplois pour les jeunes et la gestion de l’eau en finançant à hauteur de 12 millions d’euros la construction d’une station d’épuration des eaux usées, a souligné le ministre français. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, en visite à Jérusalem, a pour sa part reconnu qu’il était « trop tôt » pour dire si l’Autorité palestinienne de Abbas est capable de contrôler la bande de Gaza. De fait, cette situation proche du chaos pourrait compromettre les ambitions de M. Abbas de réformer l’Autorité palestinienne et d’instaurer l’État de droit, et pourrait même mettre en danger son régime. L’assassinat de Moussa Arafat pourrait en outre faire tache d’huile dans un environnement particulièrement tendu où différents groupes armés veulent s’affirmer par la force après le départ des Israéliens. L’Autorité palestinienne a d’ailleurs appelé ces groupes à rendre les armes après le retrait israélien. Un appel qui a été rejeté par la plupart d’entre eux.

L’assassinat d’un des hommes forts de la bande de Gaza, Moussa Arafat, a réveillé le spectre d’une situation de chaos dans ce territoire après le retrait, annoncé comme imminent, des troupes israéliennes.
Moussa Arafat, 69 ans, conseiller militaire du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas et un cousin de son défunt prédécesseur Yasser Arafat, a été abattu par des hommes armés à...