Exposition en France sur la littérature brésilienne de tradition orale

Une exposition sur l’univers de la littérature brésilienne issue de traditions orales séculaires, qui retrace la culture du nord-est du Brésil, est présentée dans trois villes françaises successivement jusqu’au 28 janvier. Préparée dans le cadre de l’Année du Brésil en France, l’exposition s’est ouverte hier mercredi à Marseille, où elle pourra être vue jusqu’au 22 octobre. Suivront Toulon du 1er au 11 novembre et Paris du 26 décembre au 28 janvier 2006, ont précisé mardi les organisateurs. La littérature dite de «cordela» suit des règles transmises oralement de génération en génération pour conserver la mémoire des communautés du «nord-est» brésilien. Avec le passage à l’écriture à la fin du XIXe siècle, elle prend la forme de petits livrets aux couvertures travaillées, présentés suspendus à une corde («cordela» en portugais), ouvrant la voie à un art graphique spécifique. D’abord poètes, conteurs et vendeurs ambulants, les auteurs des livrets deviennent aussi artistes-graveurs. L’exposition raconte la trajectoire de Jota Borges, 70 ans, qui incarne l’histoire de cette littérature. Né à Bezerros, à 100 km de Recife (État du Pernambouc), fils de petits agriculteurs, il commence à travailler aux champs dès l’âge de 8 ans et ne fréquente l’école primaire que pendant quelques mois. À 20 ans, il achète des livrets de «cordela» pour les vendre dans les foires avant de se mettre à écrire lui-même. En 1964, à 29 ans, il publie sa première œuvre et en vend 5000 exemplaires en deux mois. Depuis, Jota Borges est devenu l’auteur de plus de 200 livrets de «cordela» illustrés par ses propres xylographies. Il sera l’invité d’honneur de l’exposition à Marseille le 14 septembre. Un des thèmes de l’exposition est la trace dans ces ouvrages d’antécédents français issus de la culture populaire médiévale: ainsi des personnages comme Charlemagne et les Douze pairs de France se retrouvent dans l’imaginaire de cette littérature de «cordela».