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Actualités - OPINION

Les conclusions finales du rapport Mehlis vont-elles affaiblir ou renforcer le chef de l’État ? Interrogations sur le contrat de pouvoir entre la majorité et le régime

Les conclusions de l’enquête sur l’assassinat du président Rafic Hariri commencent à prendre forme. Elles pourraient satisfaire des parties déterminées et en mécontenter d’autres. Reste à savoir quel impact elles vont avoir sur le contrat de pouvoir conclu, à travers la formation du gouvernement actuel, entre la majorité parlementaire et le régime. Beaucoup pensent qu’il va être difficile pour le président Siniora de continuer à coopérer avec le président Lahoud. D’autant que, déjà, nombre de ministres s’en prennent avec virulence au chef de l’État. Il est probable, estime ce courant de pensée, que les tensions menant à la paralysie de l’Exécutif, que l’on constate à propos des nominations, poussent ces ministres à claquer la porte pour provoquer le départ du cabinet. Afin d’accélérer ainsi l’éviction du régime. On a pu ainsi entendre Marwan Hamadé déclarer, avant son départ pour Paris, que la lutte pour consacrer un système vraiment démocratique va se poursuivre inlassablement. Précisant qu’au cas où le chef de l’État ne respecterait pas la Constitution, il y aurait d’autres moyens, non violents, que l’on pourrait adopter. Le ministre des Télécommunications a encore dit que si la commission d’enquête internationale devait mettre en cause un proche de l’entourage présidentiel, la démission du chef de l’État pourrait être demandée. Ou encore, selon ses termes, « nous sortirions du gouvernement, pour en réclamer un autre qui ne comprendrait pas de ministres acquis au président de la République. » De son côté, Walid Joumblatt a fixé un délai de trois mois pour mettre un terme au mandat prorogé du président Lahoud et élire un nouveau président. Il croit en effet que le rapport Mehlis va dévoiler les coupables de l’assassinat du président Hariri, que beaucoup de têtes vont tomber et que le chef de l’État ne trouvera plus aucune partie pour le protéger. Il est assez évident que si les conclusions de l’enquête répondent aux attentes de la majorité ministérielle, le déroulement des séances en Conseil des ministres ne sera plus le même. Il deviendrait peut-être possible, alors, que cette majorité dicte sa loi et impose des décisions sans rencontrer d’entraves ou d’obstruction. Mais il est également possible que la minorité démissionne, pour provoquer la chute du cabinet. En tout cas, il y a peu de chances de voir survivre la cohabitation actuelle, du reste déjà minimale. Cependant, bien que faible, l’hypothèse d’un rapport Mehlis qui décevrait la majorité ne peut être objectivement écartée. Dans un tel cas de figure, le président Lahoud retrouverait toutes ses forces. Il tiendrait la dragée haute à ses contempteurs, en s’appuyant non seulement sur la minorité ministérielle qu’il contrôle, mais aussi sur les partis et les formations qui restent alliés de la Syrie. Et le gouvernement s’en irait pour céder la place à un autre où les rapports de force seraient favorables au chef de l’État. À moins qu’il n’y ait alors une crise sans issue, ne pouvant se terminer qu’avec la démission du président de la République. En tout cas, les résultats des investigations avec les anciens cadres sécuritaires, ou les conclusions de l’enquête internationale, vont selon toute probabilité décider du sort du pouvoir. Et de la situation politique dans le pays, car il n’est pas exclu que des parties contestent ces conclusions et cherchent l’affrontement. Le président de la République lui-même pourrait vouloir s’accrocher quand même, et attendre le verdict final de la justice libanaise, ce qui prendrait plus de temps que son mandat. Il faut d’ailleurs souligner qu’au sein même de la majorité, certains sont opposés à une bataille présidentielle anticipée. Parce que, déjà, il y a des divergences et des conflits d’intérêts entre partenaires au sujet du futur président. Ainsi Walid Joumblatt veut un homme qui soutienne la Résistance, soit un arabiste convaincu, et entretienne d’excellentes relations avec la Syrie, quel que soit le régime de ce dernier pays. Cet avis n’est évidemment pas partagé par toute la majorité, ce qui peut provoquer un nouveau genre de tiraillements, alors qu’il y en a déjà trop et que l’automne s’annonce chaud. Émile KHOURY

Les conclusions de l’enquête sur l’assassinat du président Rafic Hariri commencent à prendre forme. Elles pourraient satisfaire des parties déterminées et en mécontenter d’autres. Reste à savoir quel impact elles vont avoir sur le contrat de pouvoir conclu, à travers la formation du gouvernement actuel, entre la majorité parlementaire et le régime.
Beaucoup pensent qu’il va...