Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

assassinat hariri - Pour le Premier ministre, aucun des coupables ne devrait être à l’abri de la loi « Peut-on rester attaché à quelqu’un s’il s’avère qu’il a commis un crime ? » s’interroge Siniora (Photo)

Le Premier ministre Fouad Siniora a mis l’accent hier sur la « nécessité de faire la lumière totale sur l’assassinat du président martyr Rafic Hariri, dans les plus brefs délais ». Estimant qu’« il ne faut pas se hâter, mais attendre les résultats de l’enquête », le chef du gouvernement a toutefois lancé : « S’il s’avère que quelqu’un a commis un crime, peut-on rester attaché à lui ? C’est une erreur. » Une allusion claire au plaidoyer du président de la République, mardi, devant la délégation de membres du Congrès US, en faveur du chef de la garde républicaine, le général Moustapha Hamdane. « Chaque personne qui a participé d’une manière ou d’une autre à ce crime doit être punie, et s’il y a quelqu’un qui se cache derrière elle, il faudra l’atteindre. Ce n’est pas mon point de vue personnel. Tous ceux qui ont participé au rassemblement du 14 mars réclamaient la vérité, ainsi que ceux qui étaient dans la rue le 8 mars. Si certains mettent en doute la crédibilité de la commission, il faut leur rappeler qu’elle est formée de 12 États », a-t-il noté. Fouad Siniora a toutefois souligné que sa relation de Premier ministre avec le président de la République « devait être placée sous le signe de la coopération, et non pas de la confrontation ». M. Siniora s’exprimait au Grand Sérail, devant le conseil de l’Ordre des journalistes, sous la présidence de M. Melhem Karam. « Aucun responsable, quel qu’il soit, ne peut faire face seul aux difficultés auxquelles il est confronté. Il doit obtenir de l’aide, et le régime démocratique et des libertés doit fonctionner dans ce sens. La liberté et la souveraineté sont un droit, et vont de pair avec la responsabilité. J’ai déjà dit à plusieurs occasions, notamment devant le général Michel Aoun, qu’il n’y aura pas au Liban de pouvoir sain et crédible s’il n’y a pas une opposition crédible. Plus l’opposition est crédible, et plus le pouvoir est porté à s’améliorer », a rappelé le Premier ministre, avant d’évoquer la mission de la presse. « Hier s’est produit un événement important dans l’histoire du pays, de la démocratie et du règne de la loi. Le Liban entre dans une nouvelle étape de son existence. Depuis 1975, il est soumis aux tests les plus difficiles » à tous les niveaux, a indiqué M. Siniora. « Nous en avons réussi certains, nous avons failli dans d’autres. Il nous faut savoir où nous avons failli et comment compenser », a-t-il poursuivi, évoquant la guerre civile, l’occupation israélienne et les rôles tour à tour positifs et négatifs joués par la Syrie. « On a toujours dit que le Liban était le pays des occasions manquées. Nous avons une chance exceptionnelle sur le plan économique, mais pour en profiter, il faut nous placer dans la situation idéale nous permettant d’éviter les dangers que pourrait nous réserver cette période sur le plan régional, international et interne. Nous devons avoir foi dans notre régime démocratique et dans nos libertés, dire la vérité et accepter le point de vue de l’autre pour laisser une marge de manœuvre au dialogue interlibanais », a-t-il ajouté. Trente ans de chemin de croix « Quelque chose d’essentiel s’est produit hier », a repris M. Siniora, reprenant le contenu de sa conférence de presse de mardi, notamment ce qui concerne la coopération entre la commission d’enquête, le procureur général, l’armée et les services de sécurité. Le chef du gouvernement a en outre mis l’accent sur le rôle positif joué par les services à ce niveau, dans le respect de la loi. « La menace selon laquelle le Liban va sombrer dans le chaos si la vérité est révélée n’est pas à sa place. Le Liban va rester à l’abri, et les Libanais sont très attachés à la stabilité. Ils aspirent à ce que la vérité soit faite et veulent que le chaos s’abatte sur les coupables, et non pas sur le Liban. Les Libanais n’accepteront absolument pas que le fait de révéler l’identité des coupables et de les sanctionner se transforme en problème entre eux. Au contraire, le 14 mars, et même les Libanais qui se sont rassemblés dans d’autres places avant cette date soulignent la nécessité de découvrir l’identité des criminels et de consolider la stabilité du Liban », a indiqué le chef du gouvernement. « Le gouvernement suit l’enquête, et nous sommes totalement neutres dans nos rapports avec la commission (…) », a par ailleurs indiqué le Premier ministre, avant de se lancer dans un plaidoyer en faveur de l’indépendance totale de la justice. « Notre gouvernement a un mois d’existence. Nous avons, dès le départ, fixé de nombreux objectifs pour corriger le tir de trente ans de chemin de croix », a-t-il affirmé, évoquant les retraits israélien et syrien, puis son départ à Damas, au lendemain du vote de confiance, pour réclamer des relations équilibrées et fondées sur le respect mutuel avec la Syrie. Il a ensuite estimé qu’il n’y avait aucune volonté d’hostilité entre Beyrouth et Damas, mais juste une détermination du Liban à exercer sa souveraineté totale. « Nous avons tenté, dès le premier jour, de résoudre le problème des camions, et cela a nécessité un certain temps. Mais tout cela est à présent réglé, et doit l’être pour de bon. Il n’est ni dans l’intérêt du Liban ni dans celui de la Syrie qu’il y ait des complications. L’appartenance arabe unique doit se mesurer par la vitesse avec laquelle la voiture traverse la frontière, et non par le débit de paroles à la minute », a souligné le Premier ministre. Il a ensuite évoqué les réalisations du cabinet, notamment la formation de la commission Boutros, le rétablissement de la loi de 1909 sur les associations, et la relance économique, avant de mentionner le nouveau mécanisme initié pour les nominations sur base de la compétence. « Beaucoup de choses ont été réalisées durant ces dernières semaines. Est-il demandé que les présidents soient en confrontation perpétuelle ? Ce qui a été réalisé durant les 25 derniers jours n’a jamais été fait en 250 jours et s’est répercuté très positivement sur la situation économique », a-t-il indiqué. Interrogé sur le manque de coopération syrienne avec la commission d’enquête, Fouad Siniora a répondu, après avoir indiqué que Damas a l’expérience nécessaire pour traiter des affaires internationales : « Nous devons comprendre ce qui se passe autour de nous et ne pas nous comporter comme si le monde s’était arrêté au XIXe siècle. Nous vivons au XXIe siècle et nous devons nous adapter à ses exigences, notamment à l’ombre de la légalité internationale. Nous ne pouvons pas ignorer cela. » Il convient de noter que M. Siniora a reçu, entre autres, l’ambassadeur de Russie, Sergueï Boukine, et l’ancien député Khalil Hraoui.
Le Premier ministre Fouad Siniora a mis l’accent hier sur la « nécessité de faire la lumière totale sur l’assassinat du président martyr Rafic Hariri, dans les plus brefs délais ». Estimant qu’« il ne faut pas se hâter, mais attendre les résultats de l’enquête », le chef du gouvernement a toutefois lancé : « S’il s’avère que quelqu’un a commis un crime, peut-on rester...