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Arnaud Teyssier : « Il faut respecter le génie national »

Président de l’AAEENA (Association des anciens élèves de l’ENA française) et grand commis de l’État français, Arnaud Teyssier nous confie quelques formules-clés pour entamer une réforme administrative dans un pays aussi complexe que le Liban. Certes, l’expert se refuse à donner des recettes toutes prêtes, étant pertinemment conscient que le fonctionnement de l’administration n’est que le reflet de la mosaïque politique, sociale et culturelle d’un pays, qui doit se fondre dans ce qu’il appelle « l’énergie collective » d’un peuple. Invité par l’ENA libanaise pour intervenir sur le thème de la « planification stratégique », M. Teyssier croit à l’évolution de l’administration au moyen du développement des ressources humaines autant, sinon plus, qu’aux stratégies de planification et de prospection. C’est dans le capital humain qu’il faut surtout investir, insiste l’expert. La priorité de toute réforme au Liban devrait inéluctablement commencer par le recrutement et la formation de fonctionnaires de haut niveau et ce, dans les meilleures conditions, afin qu’« ils aient envie de travailler dans la fonction publique », dit-il. La rémunération est certes un facteur de motivation, assure-t-il, mais « seulement dans la mesure où elle devient un moyen d’exprimer la considération envers les fonctionnaires ». Ces derniers, poursuit M. Teyssier, « ont pour mission de transmettre à la machine administrative les impulsions du pouvoir politique. C’est une condition nécessaire dans toute démocratie, dit-il, d’où la nécessité de doter l’administration de personnes capables de transmettre ces impulsions ». Autant de compétences qui sont déjà disponibles au Liban grâce à la formation prodiguée par l’ENA, explique l’expert. Pour M. Teyssier, les hauts cadres libanais bénéficient d’un atout majeur par rapport aux fonctionnaires d’autres pays, à savoir la culture internationale à laquelle ils ont été exposés sans parler de la connaissance des langues. La formule de la réussite d’une réforme n’est pas dans les modèles étrangers que l’on essaye de calquer, mais plutôt dans la recherche d’outils qui ont déjà fait leur preuve, « à condition que cela se fasse en conformité avec l’être profond d’un peuple, et dans le respect du génie national ». Or, poursuit l’interlocuteur, le Liban a cette avance sur les autres qui est « la culture internationale de ses élites », ce qui leur permet d’emprunter intelligemment ces outils en les réadaptant et en les investissant dans la structure administrative. Sans vouloir pour autant faire des extrapolations notamment sur le Liban, M. Teyssier rappelle à ce sujet que la décentralisation n’est pas transposable dans tous les pays. « Elle fonctionne dans les pays où la maturité démocratique est acquise. À certaines périodes, il faut plutôt compter sur l’énergie centrale, de façon à ce que l’énergie collective puisse fonctionner le mieux possible, comme cela s’est fait en France après 1945 », conclut l’expert. Je. J.
Président de l’AAEENA (Association des anciens élèves de l’ENA française) et grand commis de l’État français, Arnaud Teyssier nous confie quelques formules-clés pour entamer une réforme administrative dans un pays aussi complexe que le Liban. Certes, l’expert se refuse à donner des recettes toutes prêtes, étant pertinemment conscient que le fonctionnement de l’administration...