Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Eclairage - Tiraillements et tension la veille du Conseil des ministres Lahoud prêt à dévoiler où se situe le blocage, selon les sources proches de Baabda

Le palais de Baabda ressemblait hier à une ruche, en prévision de la séance du Conseil des ministres, en principe cruciale. Membres du protocole, chargés de la sécurité, journalistes ou simples visiteurs, chacun faisait son petit commentaire sur l’issue du bras de fer qui semble s’être engagé au sujet des nominations. Mais les proches du président Émile Lahoud affichaient, eux, un calme olympien, en habitués, selon eux, des campagnes de dénigrement qui, finalement, ne font qu’affaiblir tout le Liban. Des sources proches de Baabda affirment d’ailleurs à cet égard que le chef de l’État a été pris de court par la campagne menée contre lui ces derniers jours et qui a commencé par les déclarations virulentes du député Antoine Andraos. Selon les mêmes sources, le climat général se dirigeait plutôt vers une certaine détente et les relations entre le général Lahoud et le président du Conseil Fouad Siniora se renforçaient, basées sur la volonté partagée de mettre à profit cette période de transition pour jeter les bases d’un État moderne. C’est alors qu’a commencé la campagne contre le chef de l’État, très vite relayée par d’autres députés qui évoluent dans la même mouvance, et accentuée par l’explosion à Zalka qui a remis le dossier de la sécurité en tête des priorités gouvernementales. Les attaques verbales pour faire pression Selon les sources proches de Baabda, le but de toutes ces agressions verbales était de faire pression sur le chef de l’État pour qu’il accepte de signer les décrets de nomination qui privilégient les hommes de Walid Joumblatt. En fait, les mêmes sources précisent que le président Lahoud a lu dans la presse du week-end les détails du décret préparé par le ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, qui ne lui a été transmis officiellement que le lundi. Selon les proches de Baabda, le coup monté a été aussitôt flairé, d’autant que le poste de commandant en chef des FSI n’est pas vacant et qu’il est occupé par une personne compétente. Pourquoi donc vouloir la remplacer alors qu’il y a des postes vacants encore plus importants et qu’il est plus urgent de leur trouver des titulaires ? La campagne n’a donc cessé de s’amplifier et, toujours selon les sources proches de Baabda, l’attentat de Zalka, lundi soir, a été utilisé pour augmenter les pressions sur le chef de l’État, sous prétexte que cet attentat s’est produit parce que les nominations aux sein des FSI n’ont pas été adoptées. Or, affirment les mêmes sources, c’est bien mal connaître le président Lahoud. Il ne cède pas aux pressions et, selon ses proches, il aurait affirmé qu’il n’était pas prêt à signer ce décret tel quel. Les proches du président ajoutent qu’aucun texte constitutionnel n’oblige le chef de l’État à signer le décret d’un ministre. S’il s’agissait d’un décret du Conseil des ministres, ce serait une autre paire de manches. Mais, dans ce cas précis, les proches du président affirment qu’il est inutile de chercher à trouver des compromis. Pour les autres nominations, le chef de l’État a, selon les mêmes sources, maintes fois déclaré qu’il n’avait pas de candidat, mais qu’il comptait faire de son mieux pour empêcher que la mentalité du partage des parts ne prévaut. Le Conseil des ministres a d’ailleurs, au cours de sa dernière séance, décidé lui-même d’adopter un processus pour les nominations, basé sur l’interview de chaque candidat par un comité spécifique. Certes, certains ministres, notamment ceux du bloc Joumblatt, s’étaient opposés au processus, laissant entendre qu’il ne pourra pas être appliqué, mais le Conseil des ministres l’a finalement adopté, après un long débat, et grâce notamment à l’insistance du Premier ministre Fouad Siniora. Climat de coopération entre Siniora et Lahoud Au sujet de ce dernier, les sources proches de Baabda sont élogieuses, mettant en avant le climat de coopération positive entre Siniora et Lahoud. Les mêmes sources font d’ailleurs remarquer qu’avec l’ancien président du Conseil, Nagib Mikati, la coopération était excellente et il en est aujourd’hui de même avec M. Siniora, ce qui devrait pousser certains à se poser des questions : le problème ne serait donc pas le chef de l’État, mais des parties qui ne peuvent pas concevoir de renoncer à leurs propres intérêts. C’est d’ailleurs pour cette raison, affirment les mêmes sources, que le chef de l’État a décidé de soulever, au cours de la réunion du Conseil des ministres, la question des nominations. Ce sera l’occasion idéale, ajoutent-elles, pour montrer à tous ceux qui s’intéressent à la question qu’il n’a réellement pas de candidats aux postes administratifs ou sécuritaires, et que ce qui retarde les nominations sécuritaires et judiciaires, entre autres, ce sont les désaccords au sein de la nouvelle majorité et entre cette dernière et d’autres parties membres du Conseil des ministres. Pour le poste de directeur général de la Sûreté générale, il y aurait donc un conflit entre le Hezbollah et le Courant du futur. Pour le poste de chef d’état-major de l’armée, le conflit serait entre le PSP et le Courant du futur etc. Les sources proches de Baabda insistent sur le fait que le président n’est pas impliqué dans ces tiraillements et si les différentes parties parviennent à un accord, il serait prêt à le bénir. Mais il n’est pas prêt à accepter qu’on lui « fasse porter le chapeau ». Et il pourrait, si les campagnes contre lui se poursuivent, dévoiler à quel niveau se situe le blocage. Malgré ce climat tendu, les sources proches de Baabda estiment que la situation n’est pas explosive et que, aussi bien le chef de l’État que le président du Conseil sont déterminés à multiplier les efforts pour éviter toute paralysie du gouvernement. De même, ces sources laissent entendre qu’il n’y a aucune raison pour que la délégation libanaise à New York ne parle pas d’une seule voix, la coordination étant satisfaisante entre ses membres. Bref, les sources proches de Baabda sont convaincues que dès que le climat semble s’apaiser au Liban, des parties internes et d’autres externes cherchent à rallumer les incendies et à semer la discorde. Sans doute pour mieux faire passer des projets suspects, disent ces sources. Mais les Libanais, échaudés par tant de mauvaises expériences, devraient désormais savoir où se situe leur intérêt, concluent-elles. Scarlett HADDAD
Le palais de Baabda ressemblait hier à une ruche, en prévision de la séance du Conseil des ministres, en principe cruciale. Membres du protocole, chargés de la sécurité, journalistes ou simples visiteurs, chacun faisait son petit commentaire sur l’issue du bras de fer qui semble s’être engagé au sujet des nominations. Mais les proches du président Émile Lahoud affichaient, eux, un...