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Actualités - OPINION

Eclairage Conseil des ministres test pour la majorité demain Aucune surprise : la guerre, de nouveau, au sein de l’Exécutif

On aurait pu penser, à la première lecture, que l’attentat de Zalka, dans son absolue horreur, aurait au moins pu offrir aux dirigeants libanais l’occasion d’un sursaut, même tardif, de conscience. À une prise à bras-le-corps de la situation, un décuplement d’efforts destinés à inverser la tendance, ramener le pays de l’âge de pierre à l’après-tutelle syrienne. Sauf qu’in fine, il reste cette très désagréable sensation, presque une certitude, que la charge qui a explosé mardi soir aura réussi, en plus de tous les dégâts qu’elle a provoqués, à déclencher, encore latente pour l’instant, une nouvelle guerre inter-Exécutif, la première depuis l’assassinat de Rafic Hariri, l’énième depuis l’an 2000. Émile Lahoud a attendu ce nouvel attentat et les attaques en règle, indirectes certes, de la part de responsables au sein de la majorité qui ont fait le lien entre l’explosion et le retard dans la signature des décrets des nominations, pour demander que ce dossier soit débattu quasi exhaustivement en Conseil des ministres. Est-ce une véritable et sincère volonté de débloquer techniquement, opérationnellement, ce processus des plus urgents, y a-t-il, là, la claire intention de cesser de multiplier les bâtons dans les roues de la majorité, ou est-ce simplement une espèce d’initiative spectaculaire et uniquement politicienne, destinée à piéger cette majorité, à tester, dans l’intention de les mettre à mal, sa cohésion et sa solidarité ? « Lorsque le Premier ministre est monté à Baabda la première fois avec le décret, le président Lahoud lui a demandé de revoir les ministres concernés et de revenir avec le projet. Chose que Fouad Siniora a faite, en lui proposant la même mouture, mais le chef de l’État l’a encore une fois rejetée. Il veut placer ses candidats à lui. Il sait très bien qu’il ne peut y avoir de nominations au Conseil constitutionnel avant l’examen de la proposition de loi Tabbarah-Harb, et en ce qui concerne les nominations judiciaires, on attend toujours les propositions du ministre Rizk. Quant au volet sécuritaire, le ministre de l’Intérieur a fait les siennes, et c’est au Premier ministre de proposer une tête pour la Sécurité de l’État. Nous voulons savoir pourquoi il a bloqué le décret concernant les FSI, cela ne relève pas du Conseil des ministres, et la compétence et l’intégrité des noms que Hassan Sabeh a proposés sont claires et nettes. » Ces mots sont ceux d’un pilier de la majorité parlementaire, interrogé hier par L’Orient-Le Jour. Ce responsable a également réagi aux « sources proches du président de la République », qui ont implicitement accusé la majorité d’être derrière les attentats qui rythment le quotidien des Libanais depuis des mois, attentats motivés selon ces sources « par des décisions à prendre, qu’elles soient politiques, sécuritaires ou administratives, juste pour influencer cette prise de décision » (lire par ailleurs). Pour ce responsable en question, « il est désormais clair en hauts lieux que l’on sait très bien à quoi vont aboutir l’enquête internationale menée par Detlev Mehlis et les enquêtes locales. On panique en hauts lieux, voilà pourquoi on diffuse des choses aussi grotesques. Et nous sommes déjà en possession d’indices concernant l’attentat de Zalka qui vont bien les embarrasser ». Tout cela, à moins d’un miracle de dernière heure, ne pourrait pas ne pas exploser demain en Conseil des ministres. Comment Émile Lahoud traduira-t-il ses intentions, et celles de ses anciens et nouveaux alliés ? Ajoutera-t-il de l’eau au moulin de ces (ses) sources qui affirment, sans aucun état d’âme, que « ceux qui accusent le président Lahoud de bloquer la reconstruction de l’État sont ceux-là mêmes qui ont porté, par leurs positions et leurs pratiques, des coups fatals à cet État de droit que le chef de l’État a toujours voulu édifier » ? Continuera-t-il d’assurer qu’il n’y a aucune motivation personnelle, aucune volonté de vengeance dans son refus de signer ? Et comment, surtout, réagira la majorité au pouvoir ? Ce Conseil des ministres constituera pour elle un test grandeur nature. Réussira-t-elle à se comporter en véritable majorité, à imposer ses choix pour pouvoir, ensuite, naturellement, assumer ses responsabilités, et pour qu’elle soit à même, enfin, d’être sanctionnée en bonne et due forme, c’est-à-dire applaudie ou désavouée et punie ? Affichera-t-elle une solidarité à toute épreuve, Koraytem, Moukhtara et Kornet Chehwane réunis ? Parviendra-t-elle à convaincre le Hezbollah et Amal ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il le faut. (Gué) guerre ou pas. Ziyad MAKHOUL
On aurait pu penser, à la première lecture, que l’attentat de Zalka, dans son absolue horreur, aurait au moins pu offrir aux dirigeants libanais l’occasion d’un sursaut, même tardif, de conscience. À une prise à bras-le-corps de la situation, un décuplement d’efforts destinés à inverser la tendance, ramener le pays de l’âge de pierre à l’après-tutelle syrienne. Sauf qu’in...