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Actualités - CHRONOLOGIE

santé - Le président de l’Ordre dénonce une situation « intolérable » qui dure depuis des années avec les compagnies d’assurances À partir de septembre, le médecin percevra ses honoraires directement du patient, déclare Aoun (Photo)

Dix ans déjà que durent les négociations entre les compagnies d’assurances privées et l’Ordre des médecins, sans pour autant aboutir à un accord qui réglemente la relation entre ces deux parties. Une situation « intolérable » qui a poussé le président de l’Ordre, le Dr Mario Aoun, à déclarer qu’à partir du mois de septembre, les médecins percevront leurs honoraires directement du patient. Cette décision n’est pas arbitraire, insiste le Dr Aoun, et n’est pas dirigée contre l’intérêt du patient, mais vise à récupérer les droits des médecins longtemps bafoués. Cette décision a été prise alors que tous les moyens de négociations ont été employés sans qu’un accord ne soit conclu. « Dès mon élection à la présidence de l’Ordre, je me suis engagé à clarifier la relation entre les médecins et les compagnies d’assurances privées à travers des contrats qui préservent les droits des deux parties », a déclaré le Dr Aoun au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue hier au siège de l’Ordre, à Téhouita. « L’expérience a montré que les droits des médecins et leurs honoraires se perdent entre les compagnies d’assurances et les établissements hospitaliers, a-t-il poursuivi, sans oublier les retards non justifiés dans le paiement des honoraires des médecins et les prélèvements arbitraires perçus sur ces honoraires. » Expliquant qu’une série de réunions a eu lieu entre l’Ordre et l’Association des compagnies d’assurances du Liban (ACAL), le Dr Aoun a souligné que l’accord établi entre l’ACAL et l’Ordre, toujours en vigueur, a été violé par les compagnies d’assurances privées qui ont séparé les honoraires des médecins de l’ensemble de la facture hospitalière. À cela s’ajoute le non-respect de la part de ces compagnies des tarifications fixées dans la nomenclature du médecin. « Le conseil de l’Ordre a alors décidé de signer des contrats qui réglementent la relation entre les compagnies d’assurances privées d’une part et le comité médical et l’Ordre des médecins d’autre part, a ajouté le Dr Aoun. Ces contrats sont inspirés du code déontologique médical et prévoient un mécanisme de coopération entre les différentes parties du secteur et un mécanisme de réglementation des conflits qui pourraient survenir entre le médecin et les compagnies d’assurances. Ces contrats consolident de même le rôle de l’Ordre des médecins en tant que personne morale et partie intégrante du contrat établi entre l’établissement hospitalier et la compagnie d’assurances et cela dans le but de préserver les droits du médecin. » Ces contrats ont toutefois été boycottés par l’ACAL, qui a demandé à ses membres de ne pas les signer. « Seules deux compagnies d’assurances ont signé les contrats : Cumberland et North », a signalé le Dr Aoun, précisant que cette initiative n’a pas été favorablement accueillie par le président de l’ACAL qui a adressé une lettre de blâme à Cumberland. « Pour toutes ces raisons, le conseil de l’Ordre des médecins a décidé d’appliquer en septembre la clause du code déontologique relative aux honoraires des médecins, a annoncé le Dr Aoun. Selon cette clause, le médecin perçoit directement ses honoraires du patient. Le mécanisme d’application sera défini en coordination avec les différents ordres de professions libérales. Nous aurons recours à tous les moyens légaux pour récupérer nos droits. Nous ne serons pas prêts à négocier ne serait-ce un minimum sur les droits des médecins. » Le Dr Aoun a enfin appelé les médecins à se tenir solidaires de leur Ordre afin de restituer à la profession « sa dignité et ses droits ». Il a de même assuré que cette décision n’a pas pour but de nuire à la santé du citoyen. « Au contraire, la restitution des droits des médecins est la garantie principale de la santé du citoyen », a-t-il remarqué. Les urgences exclues de cette décision Dans une interview qu’il a accordée à L’Orient-Le Jour, le Dr Aoun a expliqué que les compagnies d’assurances privées refusent de signer ces contrats à cause des contrats qu’elles ont conclus avec les hôpitaux et selon lesquelles une réduction globale est appliquée à la facture hospitalière « incluant les honoraires des médecins, sans que ces derniers ne soient tenus au courant de ces accords ». « De plus, a déploré le Dr Aoun, ces compagnies ont recours à un déclassement des patients sans tenir compte de l’avis du médecin. » « Les négociations ont assez duré, a-t-il noté. Je ne tolère plus la politique de tergiversations adoptée par ces compagnies. Aucune compagnie d’assurances n’est perdante au Liban. La preuve c’est qu’elles sont en train de s’implanter dans tous les pays du Golfe. » Et le patient dans tous ces conflits ? « Le médecin délivrera un reçu au patient qui sera remboursé par sa compagnie d’assurances, a répondu le Dr Aoun. Cette décision n’a pas été prise arbitrairement. D’ailleurs, je vais mener une campagne télévisée pour expliquer au citoyen l’attitude des médecins. Cette décision n’est pas dirigée contre l’intérêt du patient, mais elle vise à récupérer les droits du médecin. » « Cette décision d’ailleurs ne sera appliquée qu’aux cas dits froids, c’est-à-dire programmés à l’avance, et non aux urgences », a-t-il précisé. « J’espère que les compagnies d’assurances réaliseront le sérieux de la décision, a-t-il signalé. Il ne s’agit pas d’un défi, mais d’un droit. » Et le Dr Aoun de conclure : « Personnellement, je ne pense pas à une escalade. Par contre, je suis disposé à faire davantage de pressions non seulement sur les compagnies d’assurances, mais sur tous les partenaires du secteur médical, parce que jusqu’à présent les droits des médecins ont été bafoués. Je ne tolère plus cette situation. Le médecin doit être un partenaire en bonne et due forme de tous les acteurs de ce secteur. » Nada MERHI
Dix ans déjà que durent les négociations entre les compagnies d’assurances privées et l’Ordre des médecins, sans pour autant aboutir à un accord qui réglemente la relation entre ces deux parties. Une situation « intolérable » qui a poussé le président de l’Ordre, le Dr Mario Aoun, à déclarer qu’à partir du mois de septembre, les médecins percevront leurs honoraires...