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Dialogue avec les jeunes à Dimane Sfeir rejette le fédéralisme et dénonce les visées d’Israël (photo)

Pas de place pour le fédéralisme dans ce pays, voué à l’unité nationale et à la coexistence. C’est ce qu’a martelé hier le patriarche Sfeir, en dénonçant les visées d’Israël et en appelant à des liens fraternels avec la Syrie. Le prélat a tenu ces propos dans le cadre d’un dialogue avec une délégation du 15e camp d’été du mouvement Jeunesse du Liban un, qui se tient à Ajaltoun. Délégation conduite par Maurice Abou Nader, Fayçal Dernayka et Rahab Moukahhal. Mgr Sfeir a exhorté les jeunes à savoir séparer le bon grain de l’ivraie, pour agir en faveur du pays. Il s’est ensuite prêté à un feu roulant de questions pointues. Il lui a été ainsi demandé de donner son avis sur la nocivité de la loi électorale 2000 ; sur la nouvelle loi électorale en gestation ; sur la réduction du mandat de la législature actuelle, au profit d’une Chambre élue sur base d’un code plus juste ; et sur l’élection d’un nouveau chef de l’État. Il a répondu que, de toute évidence, la loi 2000 était mauvaise, rappelant que pendant des années il en avait réclamé la substitution, en soulignant que dans tous les pays, c’est l’uninominale qui règne. Les électeurs sachant alors pour qui ils ont voté et se trouvant en mesure de lui demander des comptes. Quant à la réduction du mandat de la Chambre, il a relevé que cela fait l’objet de supputations, que l’affaire est aux mains des dirigeants, qu’il n’a pas son mot à dire à ce sujet. Sur les slogans voulant que chaque communauté désigne ses représentants à la Chambre, le patriarche a rappelé qu’il a lui-même tenu des propos qui ont été mal interprétés. Répétant que les Libanais doivent certes élire ensemble les députés, mais qu’une vraie représentation implique que ce ne soient pas les musulmans (entendre seuls) qui élisent les députés chrétiens, ni l’inverse. Or, a encore souligné Mgr Sfeir, à l’ombre de la loi électorale appliquée, les chrétiens ne se trouvaient en mesure d’élire vraiment qu’une quinzaine de députés à peine, sur une part de 64. Pour lui, seule une loi juste, fondée sur la petite circonscription, résoudrait le problème. Sur l’entité libanaise, le patriarche Sfeir a souligné que certains lui attribuent des vues préconisant un fédéralisme communautaire. « Cela n’est pas vrai, a-t-il dit. Nous avons toujours prôné la coexistence, qu’il faut conforter. Le Liban est un pays de 4 millions d’âmes. Il ne peut y avoir place pour un fédéralisme communautaire, car les communautés sont, au moins, au nombre de 18. Elles ont afflué au Liban pour y trouver un espace de liberté afin de pratiquer leur foi, suivant leur conscience. Il y a les musulmans, il y a les chrétiens, et ils se répartissent en confessions multiples, dont aucune ne peut se constituer en État à elle seule. » Le projet sioniste Interrogé sur Israël, le patriarche a souligné en substance que le projet sioniste n’est pas né d’hier et qu’il faut savoir se renforcer pour y faire face. Notant qu’à partir du retrait de Gaza l’on commence à envisager la création d’un État palestinien, le patriarche espère qu’une coexistence pacifique des peuples pourra prendre corps dans la région. « Mais, met-il en garde, il existe des réserves. L’État israélien a des appétences déterminées. Il pense avoir une force suffisante pour dominer autrui. Or, à notre avis, tous les États doivent être autonomes, aucun d’entre eux ne dominant l’autre, n’usurpant sa souveraineté et son indépendance. Nous en avons nous-mêmes souffert. Nous espérons que les Libanais, qui ont recouvré dans une certaine mesure leur pouvoir de décision, sauront préserver cet acquis. Pour vivre entre eux, et avec leurs voisins, dans les meilleurs termes. Quant à l’État israélien, il s’est montré jusque-là comme un État hostile. Peut-être qu’un jour, il deviendra comme les autres, un État traitant avec autrui sur des bases d’indépendance. » La Syrie Au sujet de la crise frontalière avec la Syrie, le patriarche Sfeir a rappelé le double postulat de l’histoire et de la géographie qui commande aux relations bilatérales. Un voisinage qui doit être d’assistance mutuelle, selon un adage local. Le patriarche a donc répété que la concorde et la coopération s’imposent d’elles-mêmes entre Libanais et Syriens. Il a noté que le climat s’est altéré, que les Syriens ferment pratiquement la frontière, de temps à autre, parce que leur situation a changé par rapport au Liban. Pour Mgr Sfeir, il faut que les Libanais fassent preuve de patience à cet égard, qu’ils tentent de dénouer la crise, sur base de relations régies par le respect mutuel de l’autonomie et de la libre décision indépendante. Fouillant dans sa mémoire, le patriarche a relevé que déjà en 1952, du temps de Béchara el-Khoury, la Syrie avait fermé la frontière. Et de lancer un autre adage local, en bouts rimés : « Une rupture que nous n’avons certes pas voulue, mais maintenant qu’elle est survenue, nous ne la craignons plus. » Remous régionaux Interrogé sur l’Irak et la Palestine, Mgr Sfeir a indiqué que l’impact des violences qui se produisent dans la région est inévitable. Il faut donc que les Libanais fassent attention pour se prémunir contre une extension de l’incendie qui risquerait de toucher leur pays. Il a déploré les désunions arabes, les uns étant avec l’Amérique et les autres contre. Ajoutant, au sujet du retrait de Gaza, que manifestement les colons israéliens ont du mal à avaler la pilule. Réaction que nombre de Libanais, obligés à quitter leurs maisons, connaissent. Mgr Sfeir a cependant souligné que les colons doivent se soumettre à la décision prise, d’autant qu’ils se trouvent largement indemnisés pour s’installer ailleurs. Aoun et Geagea Confronté ensuite à une question sur l’éventualité d’une reprise de l’antagonisme Aoun-Geagea, Mgr Sfeir a répondu : « Nous ne pouvons prédire ce qui pourrait se passer à l’avenir. Notre position propre reste inchangée. Le Liban a de la place pour tous ses fils. Il faut que l’entente règne. Il est inadmissible que l’on cherche à évincer autrui. Il faut coopérer pour le bien public. À Dieu ne plaise qu’un conflit éclate. Nous œuvrons toujours, avec d’autres, pour resserrer les rangs. » Le mariage civil Interrogé sur une question qui préoccupe beaucoup les jeunes, à savoir la séparation de la religion et de l’État, le patriarche Sfeir a dit que l’Église ne craint pas cette dissociation, ni le mariage civil, comme cela se pratique en Occident. Mais, a-t-il affirmé, la question divise. Aussi est-il préférable d’en rester au statu quo. Il a également indiqué que les hommes de religion n’ont pas à se tenir sur la touche, à taire leurs convictions politiques, car ils sont aussi des citoyens à part entière, perméables à ce qui se passe autour d’eux sur le plan national. Ils ont le droit d’exprimer leur avis, et libre aux fidèles de les suivre ou non. Par ailleurs, le patriarche Sfeir a reçu hier une délégation de l’ULCM puis le curé de la paroisse maronite de Buffalo, aux États-Unis, le père Georges Khali, accompagné d’une religieuse, sœur Chantal Khay.

Pas de place pour le fédéralisme dans ce pays, voué à l’unité nationale et à la coexistence. C’est ce qu’a martelé hier le patriarche Sfeir, en dénonçant les visées d’Israël et en appelant à des liens fraternels avec la Syrie.
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