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Actualités - ANALYSE

Éclairage - Tentative de renflouement dans la vallée de Qannoubine

Toute une journée dans la vallé de Qannoubine, avec deux tête-à-tête, un repas, des prières, la célébration du premier anniversaire du jardin des patriarches… Il y a des sursauts de piété qui ne peuvent que faire sourire (un peu) et étonner (beaucoup). Émile Lahoud a certes voulu prouver à de nombreuses reprises depuis le départ forcé des « frères syriens » l’intensité de sa conversion à un maronitisme ostentatoire, sauf que là, il fait fort. Il n’en reste pas moins, 15 août ou pas 15 août, que ce n’est pas sous l’angle d’un quelconque mysticisme tardif qu’il faudrait regarder ce lundi en pension complète à Dimane pour comprendre les tenants et aboutissants de cette visite. Contrairement aux credos répétés hier par le (très patient et très hospitalier) patriarche Sfeir, le fond de ce qu’a dit Émile Lahoud importe peu. Il n’a rien dit de nouveau, se contentant d’insister, selon des sources proches de Baabda, sur la nécessité d’immuniser la scène locale contre des flammèches sectaires ou confessionnelles, sur l’importance d’équilibrer les nominations, sur la primauté du dialogue interne, etc. C’est le timing, mais surtout la forme de sa démarche qui comptent. Le chef de l’État, consciemment, volontairement ou pas, semble avoir décidé de profiter des reflets et des échos de la pourpre cardinalice pour tenter un renflouement en règle. Pour redorer son blason, essayer de montrer qu’il est sous la bénédiction du maître des saints lieux et en constante coordination avec lui, qu’il n’est ni rejeté ni marginalisé sur le plan chrétien, qu’il n’a pas usurpé la prorogation de son mandat. La volonté de travailler l’image est digne des plus grandes stratégies de communication. Même si elle ne leurre personne. Et force est de reconnaître que c’est légitime, de bonne guerre, presque… normal. Idem pour le timing. Les jours, les semaines à venir vont être riches en actes gouvernementaux, en nominations, en décisions à prendre. Présider un Conseil des ministres avec, en hologrammes, les images d’hier, cela n’a rien de négligeable. Et puis, surtout, il y a le rapport Mehlis qui ne va plus trop tarder : la date du pèlerinage présidentiel à Dimane n’a rien d’innocent – donc. Reste à savoir si le faire accompagner d’un Moustapha Hamdane, suspecté in vivo dans les colonnes du Figaro par le très « body-buildé » Mehlis lui-même, est une bonne chose. Toujours sur le plan marketing. Évidemment. Bref. Ce que cette journée garde d’intéressant, c’est qu’elle a permis, par le biais de sources bien informées, de rebraquer les projecteurs sur les nécessaires chevaux de bataille du patriarche Sfeir. Lequel, soulignent en passant ces sources, tient absolument à rester au-dessus de tous, à équidistance de tous, tout en regrettant certaines faiblesses ou certains manques dans les discours des leaders chrétiens. Les credos du cardinal sont simples. D’abord la sécurité. Le devenir des services. Les inadmissibles conflits des politiques autour de ces derniers. L’instabilité qui fait fuir tout le monde. L’urgence des réformes à tous les niveaux. Celle d’une loi électorale juste qui prenne en compte ce qui s’est passé lors de la cuvée 2005. Des relations saines avec Damas et, surtout, la clôture du dossier des disparus en Syrie. C’est sans doute là qu’Émile Lahoud pourrait, s’il le voulait, trouver son bonheur. En entendant et en faisant en sorte d’appliquer les visions avisées du patriarche, il freinerait la roue et pourrait éventuellement la faire tourner de quelques quarts de tour, essayer réellement cette fois de se renflouer. Sachant pourtant que le mal, qui vient de bien trop loin, a laissé d’indélébiles séquelles. L’air est bon dans la vallée de Qannoubine. Le tout est de savoir d’où il vient et dans quelle direction il se dirige. Ziyad MAKHOUL

Toute une journée dans la vallé de Qannoubine, avec deux tête-à-tête, un repas, des prières, la célébration du premier anniversaire du jardin des patriarches… Il y a des sursauts de piété qui ne peuvent que faire sourire (un peu) et étonner (beaucoup). Émile Lahoud a certes voulu prouver à de nombreuses reprises depuis le départ forcé des « frères syriens » l’intensité de...