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Actualités - OPINION

Le climat politique délétère met en danger le projet Siniora de budget et de réforme

Quand il était aux Finances, le président Siniora avait modelé un projet de budget 2005 réformateur, voire révolutionnaire. Des parlementaires se demandent comment il va pouvoir lui donner corps alors qu’il se trouve déjà fortement combattu au sein du pouvoir par tous ceux que léseraient les compressions des dépenses. Le gouvernement bénéficie d’un répit sur ce front puisque, depuis le début de l’année, l’on opère sur la base du douzième provisoire. S’il devait entamer maintenant l’élaboration d’un projet de budget, on n’en connaîtrait pas le contour avant fin septembre. Ce qui signifie que la polémique est reportée d’autant. La question est de savoir si l’actuel titulaire du département, Jihad Azaour, va adopter le projet Siniora ou développer le sien propre. Qui serait moins ambitieux ou, comme diraient certains, plus réaliste. Il pourrait ainsi proposer des réformes certes mais sans provoquer de levée de boucliers des partis et des politiciens. Déjà, les parties concernées, ou visées, affûtent leur défense d’intérêts. On a vu ainsi les députés berriyistes Ali Hassan Khalil, Anouar el-Khalil, Kassem Hachem et Nasser Nasrallah épauler Kabalan Kabalan, président du Conseil du Sud, qui a tenu une conférence de presse pour défendre le bilan de cet organisme, en présentant des chiffres qui montrent que depuis la création du Conseil jusqu’à fin 2003 quelque 800 millions de dollars ont été dépensés. Kabalan a conclu qu’avant de supprimer le Conseil du Sud, il faut lui prodiguer les crédits dont il a besoin pour qu’il puisse compléter sa mission. Il est peu douteux que l’autre cible du projet de budget Siniora, le ministère et la Caisse des déplacés, trouvera également de fervents défenseurs qui feront valoir qu’on ne peut gommer ces instances avant que leur mission, le retour des réfugiés, ne soit accomplie. Les politiciens partisans de ce système affirment eux aussi qu’au lieu de le supprimer, on doit lui ouvrir de nouveaux et larges crédits. Cependant, ils avouent quand même, quand on leur parle de gaspillage (plaisant euphémisme), que la destination de certaines sommes était d’ordre politique. Il sera sans doute encore plus difficile d’obtenir l’accord des députés pour la suppression de leurs bons d’essence, de leurs exemptions de quittances téléphoniques ou de taxes douanières sur leurs voitures. Autre écueil politique évident : la suppression de la Direction générale de la Sûreté de l’État, ainsi que la réduction des effectifs militaires à 35 000 hommes et ceux des FSI à 17 000 hommes. Dans ce domaine également, des politiciens défendent tout le contraire des vues de Siniora. En soutenant qu’en raison des circonstances sécuritaires, le pays a besoin en réalité d’encore plus de soldats et de gendarmes. Bien évidemment, tous les autres points que Siniora voudrait réformer se trouvent également contestés. On ne veut ainsi qu’il ne touche ni à l’Électricité du Liban, ni à la Caisse nationale de Sécurité sociale, ni au Casino, ni aux télécommunications. Encore heureux si on peut économiser 5 millions de dollars par an en supprimant enfin les lignes de téléphone cellulaire accordées gratuitement à des cadres, affaire révélée par l’actuel ministre concerné, Marwan Hamadé. Pour les gros morceaux, pour l’éradication de la corruption multiforme, c’est pratiquement mission impossible. Alors on se demande comment l’État peut parler de réformes, comment il va épurer et moderniser l’Administration. Ou comment il va pouvoir tenir enfin les engagements pris à Paris II. Si l’on veut sortir de l’impasse, ou du cercle vicieux, il faut une commission d’enquête formée de personnalités fiables et d’experts en comptes. Cela permettra de cerner les réalités. Et, le cas échéant, de rendre justice à des parties soupçonnées ou accusées à tort. Émile KHOURY
Quand il était aux Finances, le président Siniora avait modelé un projet de budget 2005 réformateur, voire révolutionnaire. Des parlementaires se demandent comment il va pouvoir lui donner corps alors qu’il se trouve déjà fortement combattu au sein du pouvoir par tous ceux que léseraient les compressions des dépenses.
Le gouvernement bénéficie d’un répit sur ce front puisque,...