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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BAALBECK - La diva du panthéon musical arabe est arrivée hier à Beyrouth Warda el-Jazairiya : « La cote d’amour des Libanais sera testée ce samedi » (Photo)

La rose d’Algérie est arrivée hier soir à l’Aéroport international Rafic Hariri où elle a été reçue au VIP Lounge par May Arida, Nayla de Freige et Joseph Chemali, présidente et vice-présidents du Festival de Baalbeck. Tout de blanc vêtue, les cheveux noirs coupés à la Mireille Mathieu, d’une gentillesse et d’une finesse légendaires, Warda el-Jazairiya s’est soumise de bonne grâce aux questions des journalistes tombés sous le charme. Avec plus de 300 titres à son actif et des dizaines de millions de disques et cassettes vendus, Warda est l’un des derniers monstres sacrés du panthéon musical arabe. Son itinéraire, du Quartier latin au Caire, en passant par Beyrouth et Alger, s’apparente à un véritable conte des « Mille et Une Nuits ». Le sourire aux lèvres, elle attend sagement la première question. Elle dévisage cette flopée de photographes. Sa pupille brille. Elle sort un mouchoir et s’essuie furtivement le coin de l’œil. Émue d’être au Liban ? « C’est les flashs, dit-elle. Et puis, le Liban est ma seconde patrie. Vous savez, ma mère est libanaise. » Entrant dans le vif du sujet, elle devance les interrogations et déclare : « J’ai subi deux grandes opérations qui m’ont éloignée de la scène. Mais aujourd’hui, grâce à Dieu, je vais bien », dit-elle en touchant du bois. Concernant les rumeurs disant qu’elle allait chanter en play-back à Baalbeck, elle interroge : « Qui a dit cela ? Quel est le journaliste qui a fait circuler ces propos ? » La présidente du festival lui répond, mi-figue, mi-raisin : « Les amis sont nombreux ! » Warda rassure aussitôt son public. « Je n’ai jamais chanté en play-back et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer à le faire. » Horrifiée, elle répétera à deux fois son refus de cette médisance. Mais revenons à sa biographie. Elle est née à Puteaux (Paris) en juillet 1940. Son père, un des premiers immigrants algériens en France, hébergeait dans son hôtel à Boulogne-Billancourt les ouvriers nord-africains. Mais ce lieu était également le point de rencontre des militants pour la libération des pays du Maghreb. Le père tenait également dans le Quartier latin un cabaret oriental, le Tam-Tam (initiales de Tunisie, Algérie, Maroc). Warda y a vu défiler les grands noms de la chanson maghrébine. Elle a ainsi commencé sa carrière de chanteuse très tôt. À 11 ans, elle donnait le prélude à une émission radiophonique sur RTF. Elle faisait ses présentations puis fredonnait des airs connus. Ces brèves apparitions ont connu un grand succès. Des compositeurs lui ont offert des chansons. Zaki Khrayef, Ya Mrawah lebla ; Jamussi, Baldi ya bladi ; Redha el-Kala, Ya habib el-qalb ; Saber Assaf, Khaf min Allah. Son succès grandissait avec la parution des enregistrements. Après la mort d’Oum Kalsoum, on murmurait partout que Warda sera la nouvelle Oum Kalsoum. Mais la jeune chanteuse réfutait cette affirmation : elle admirait trop la grande dame de la chanson arabe et elle avait d’autres ambitions. Elle ne cessait de répéter : « Je ne veux prendre la place de personne. Je veux être moi-même. Il est vrai que j’ai chanté Ya zalemni à 14 ans, mais cela ne m’oblige pas à adopter son répertoire pour la vie. » Premier tournant dans sa vie « de bohémienne » comme elle dit, en 1958, lorsque les autorités françaises en ont fermé les portes, accusant le propriétaire d’être un dirigeant du FLN. La famille s’exile alors au Liban d’où est originaire la mère de Warda. Le père consent à laisser sa fille se produire dans les clubs de Beyrouth. Sa voix chaude et vibrante, son engagement pour la cause algérienne sont le point de départ d’une carrière panarabe. Deux rencontres vont lui ouvrir, dès 1959, les portes du Caire. La première aura lieu au Tanios, le fameux « casino » de Aley. Deux soirs d’affilée, un visiteur de marque vient l’écouter. Flairant le talent de la jeune femme, Mohammed Abdel Wahab, compositeur génial et prolifique, la prend sous son aile et l’initie au chant classique. Il met en musique pour elle une qassida du prince des poètes, Ahmed Chawqi, Bi-omri kullo habbitak. Succès. Helmi Rafla, célèbre réalisateur de comédies musicales, vient en personne lui faire signer un contrat. Elle tournera sous sa direction Amirat al-Arab et Al-Maz, qui font d’elle la coqueluche des Cairotes. Puis, c’est au tour du compositeur exclusif d’Oum Kalsoum, Riad al-Sombati, de lui ciseler le bijou La’bat el-ayyam. Vers la fin des années 50, elle chantera devant Nasser, qui la reçoit en tant qu’ambassadrice de la cause algérienne. En 1962, elle décide de rejoindre la patrie qu’elle n’a jamais vue et interrompt sa carrière artistique. Un jour de 1972, le coup de téléphone d’un fan pas comme les autres va être à l’origine de son come-back. Houari Boumediene veut qu’elle donne un récital pour le 10e anniversaire de l’indépendance du pays. Elle retourne ensuite au Caire où elle épouse en secondes noces Baligh Hamdi, le compositeur attitré des dernières années d’Oum Kalsoum. Les enregistrements s’enchaînent. Son jeu de scène tout en mouvement, fait inhabituel chez les chanteurs arabes à qui il est recommandé d’observer une attitude quasi prostrée, lui rouvrent les portes du 7e art. Arrivent alors les années quatre-vingt. Le goût du public a changé. Ce sont désormais les chansons courtes aux paroles légères, au rythme effréné et aux arrangements électriques qui font fureur. Out, Warda ? C’est bien mal la connaître. Elle fait équipe avec le jeune compositeur Salah Charnoubi qui, avec Batwannes Bik et Haramt Ahibbak, la propulse de nouveau au sommet en 1993. En 1994, elle monte sur la scène algérienne dans une mise en scène de Caracalla pour fêter le 50e anniversaire du début des combats. À cette occasion, Bouteflika lui octroie l’Ordre du Mérite national. Depuis une opération au cœur subie en 1996, elle ne monte sur scène que très rarement, mais continue d’enregistrer un album par an. Une autre grande opération au foie l’oblige à se retirer de la scène. Pour son (troisième ?) come-back, elle a choisi le Festival de Baalbeck. Une scène et un pays qui lui tiennent vraiment à cœur. Son dernier voyage au Liban remonte à novembre dernier, durant lequel elle a enregistré une émission biographique spéciale pour la LBCI. Du Royal Albert Hall au Madison Square Garden, en passant par le MGM Grand, le Zénith, l’Olympia ou le Palais des Congrès, Warda chante l’amour, elle remue les sentiments et inspire la tendresse. « Ce samedi, sur les marches du temple de Bacchus, se fera un test », a déclaré Warda hier à l’aéroport. Le test de l’amour du public libanais. Maya GHANDOUR HERT
La rose d’Algérie est arrivée hier soir à l’Aéroport international Rafic Hariri où elle a été reçue au VIP Lounge par May Arida, Nayla de Freige et Joseph Chemali, présidente et vice-présidents du Festival de Baalbeck. Tout de blanc vêtue, les cheveux noirs coupés à la Mireille Mathieu, d’une gentillesse et d’une finesse légendaires, Warda el-Jazairiya s’est soumise de...