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Actualités - REPORTAGE

Dossier Architecture unique, valeur historique, ville universitaire, touristique et culturelle Québec, joyau du patrimoine mondial (Photos)

QUÉBEC, de Anne-Marie EL-HAGE L’arrondissement historique de la ville de Québec a été proclamé par l’Unesco en 1985 joyau du patrimoine mondial pour son architecture unique et sa valeur historique. En 2004, la ville était classée 6e au rang des 115 meilleures destinations par la revue « National Geographic Traveler ». En 2008, elle célébrera le 400e anniversaire de sa fondation. Entre-temps, Québec s’embellit, met en valeur ses espaces verts, restaure son patrimoine, revitalise ses quartiers délabrés, encouragée par son maire, Jean-Paul L’Allier. C’est à l’occasion d’un atelier international de journalisme et de patrimoine mondial, organisé conjointement par l’Université Laval et l’Unesco, que « L’Orient-Le Jour » a découvert le patrimoine de Québec, capitale de la province francophone du Canada, mais aussi la région de Charlevoix, réserve mondiale de la biosphère de l’Unesco. De l’espace à n’en plus finir. Des arbres, des terres fertiles et de la verdure à perte de vue. Des montagnes, les Laurentides. Un fleuve, le Saint-Laurent, qui, depuis les Grands-Lacs, irrigue la ville de Montréal et longe la région de Québec puis celle de Charlevoix, avant de se jeter à l’est dans l’Atlantique. Et puis des villes et des villages, du Québec à Charlevoix, avec leurs milliers de lacs, avec leurs milliers de maisons aux pelouses vertes, en bois peint ou en briques, aux couleurs chatoyantes, telles des maisons de poupées, bâties dans le respect de la symétrie des villes nord-américaines. Seule ville fortifiée d’Amérique du Nord Dans ce décor grandiose de carte postale, qui revêt différentes couleurs au fil des saisons, Québec la ville se distingue avec ses huit arrondissements et ses 622 000 habitants à 95 % d’expression française. Berceau de la civilisation française en Amérique du Nord, fondée en 1608 par l’explorateur français Samuel de Champlain, la capitale de la province du Québec fêtera bientôt ses 400 ans. Elle était autrefois la première ville de la Nouvelle-France. Elle est aujourd’hui le siège de l’Assemblée nationale. C’est aussi une importante ville universitaire, abritant la prestigieuse Université Laval. Seule ville fortifiée au nord du Mexique, avec ses remparts, ses portes, son château, sa citadelle, ses plaines et son quartier historique, Québec, mélange du passé et du présent, raconte fièrement son histoire. Une histoire qui s’étale sur quatre grandes périodes : depuis les peuplades amérindiennes, en passant par l’arrivée des colons français en 1608 et l’assaut des pionniers britanniques sur la ville en 1759, jusqu’à la naissance de la Confédération canadienne à partir de 1867. C’est dans la Basse-Ville, située le long des rives du Saint-Laurent, que les premiers colons se sont d’abord installés. Une région située en contrebas de la falaise, hors des murailles d’enceinte, qui regroupe notamment les quartiers du Vieux-Port, du Petit-Champlain ainsi que la place Royale, lieu symbole de la naissance de la civilisation française en Amérique du Nord. Des quartiers historiques tour à tour riches ou populaires, mais qui ont été désertés au fil des années après avoir été saccagés par les incendies ou après être tombés en ruine en période de déclin faute d’entretien. Aujourd’hui, ces quartiers historiques ont été recréés, les places réaménagées, les maisons reconstruites à l’ancienne, les échoppes aussi, dans la plus pure tradition des colons francophones. Quant à la population, elle s’installe timidement, mais sans grand enthousiasme. Car s’il fait bon se promener dans les ruelles de la place Royale ou du Vieux Champlain, admirer les fresques murales, se restaurer ou « magasiner » dans les boutiques de souvenirs, comme le disent les Québecois, il est moins aisé pour les citoyens de vivre dans des quartiers touristiques boudés par la population locale et qui ne prennent vie que durant la belle saison. Des quartiers sans garderies ni écoles maternelles, soumis à d’importantes restrictions en matière de construction et de commerces, car ils sont placés sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Un patrimoine religieux souvent abandonné C’est vers la Haute-Ville perchée sur un promontoire qui domine le fleuve, et notamment vers le quartier du Vieux-Québec, que se sont dirigés les colons pour se protéger des envahisseurs britanniques. Ils ont érigé une muraille qui encercle la vieille ville sur 4,6 km, véritable fortification reconnue monument historique depuis 1957 et qui a valu à la ville son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Sur le flanc est de cette fortification, la citadelle, surnommée le Gibraltar d’Amérique, a été bâtie en forme d’étoile, selon les principes des ingénieurs de Louis XIV. Sa construction qui a démarré en 1820 a duré plus de trente ans. Toujours occupée par des troupes régulières, notamment le Royal 22e régiment, elle abrite aujourd’hui la résidence officielle du gouverneur général du Canada. À l’intérieur des murs, dans le quartier historique du Vieux-Québec, des bâtiments témoignent de la tradition catholique des premiers colons français. La basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, l’une des premières cathédrales en Amérique du Nord, construite en 1647, fait partie du patrimoine religieux de Québec. Son baldaquin, son dais épiscopal, ses verrières, ses tableaux ainsi que la lampe du sanctuaire, cadeau de Louis XIV, sont de véritables œuvres d’art. Tout près, le Vieux séminaire de la congrégation des jésuites, dont la vocation était d’assurer la formation des prêtres en Nouvelle-France. Fondé en 1663 par Mgr de Laval, il est occupé depuis 1988 par l’école d’architecture et d’aménagement de l’Université Laval. Cet ensemble architectural unique, érigé selon l’architecture monastique française des XVIe et XVIIe siècles, est constitué de trois bâtiments disposés autour d’une cour intérieure. Le nouveau grand séminaire, de style second empire, a été bâti en face à partir de 1879. Contrairement à ces monuments religieux jalousement préservés, plusieurs fois reconstruits à la suite d’incendies, une importante partie du patrimoine religieux de la province du Québec est négligée. Les églises sont laissées à l’abandon ou détruites, et les couvents transformés en habitations, en maisons de repos ou en hôtels. Seul le patrimoine religieux qui « vaut la peine d’être conservé » est réhabilité, car la restauration coûte cher et les finances manquent parfois. Et pour cause, les Québecois, malgré leur tradition catholique, sont de moins en moins pratiquants et ont déserté les églises et les ordres. Un champ de bataille transformé en parc Le Château Frontenac, majestueux hôtel de renommée internationale, considéré comme un symbole, surplombe la ville. Il doit son nom au comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France. Cet hôtel a été le théâtre, en 1944, de la Conférence de Québec sur la Seconde Guerre mondiale qui a défini la configuration de l’Europe de l’après-guerre. À l’extérieur des murs, vers l’ouest de la ville, sur la colline parlementaire abritant l’hôtel du Parlement, l’observatoire de la capitale domine Québec et ses environs, du nord au sud, d’est en ouest, du haut de ses 221 mètres d’altitude. Cette tour d’observation offre une vue plongeante sur l’ensemble de la ville et notamment sur les plaines d’Abraham. Plaines qui abritèrent les batailles entre les armées française et anglaise en 1759 et 1760. Aujourd’hui, les plaines d’Abraham sont l’un des plus grands parcs urbains au monde où se retrouvent les Québecois en toute saison. Ce parc attire non seulement les promeneurs et les sportifs, mais aussi les personnes férues d’histoire et de culture. C’est en effet à l’intérieur de ce parc qu’a été aménagé le Centre d’interprétation du parc des champs de bataille qui raconte, spectacles à l’appui, les grands combats. C’est aussi là que se trouve le Musée national des beaux-arts du Québec qui accueille, jusqu’au 11 septembre prochain, l’exposition des œuvres de Camille Claudel et de Rodin. Une exposition baptisée « La rencontre de deux destins ». Québec arbore fièrement son patrimoine et s’attelle à la réhabilitation des quartiers délaissés, comme le quartier Saint-Roch, autrefois quartier industriel et ouvrier, situé dans la Basse-Ville. Une réhabilitation qui implique non seulement la restauration des immeubles, des rues et des espaces publics, mais aussi l’adoption d’une politique encourageant la population, les commerces, les restaurants, mais surtout les artistes, à s’y installer, par la pratique notamment de loyers très étudiés et de taxes réduites. Ces quartiers revivent certes aujourd’hui et attirent, outre la population locale, de nombreux visiteurs. Mais il n’en demeure pas moins que les ruelles, les boutiques et les restaurants du Vieux-Québec restent le lieu de prédilection aussi bien d’une jeunesse locale très sociable, avide de plein air et de beau temps, que de touristes étrangers, en majeure partie nord-américains, attirés par cette convivialité toute québécoise. Mais Québec aime les défis, malgré les quelques paradoxes dans sa relation avec son patrimoine. En 2008, pour les 400 ans de la fondation de la ville, la mairie envisage de « redonner le fleuve à la population », autrement dit d’aménager sur les berges du Saint-Laurent des plages, des pistes cyclables et piétonnes de manière permanente. Rendez-vous donc en 2008 pour un anniversaire qui promet d’être des plus grandioses. Baie-Saint-Paul, charmant paradis des artistes En plein cœur de la région de Charlevoix, sur les rives du Saint-Laurent, la charmante ville de Baie-Saint-Paul porte bien son surnom de « paradis des artistes ». Siège du célèbre Cirque du soleil, on y retrouve aussi la plus grande concentration au Canada de galeries d’art et de boutiques d’artisanat. Les artistes y affluent de toutes les régions du pays pour immortaliser les paysages colorés des alentours, mais aussi la ville, avec ses maisons bicentenaires, ses ruelles, ses musées et ses cafés-trottoirs. De même, les amateurs de toiles de maître, de sculptures ou de photos s’y rendent à la recherche d’œuvres exceptionnelles, comme celles des célèbres peintres René Richard, Marc-Aurèle Fortin, Bruno Coté et Clarence Gagnon, et bien d’autres encore. Par ailleurs, de nombreuses expositions et conférences culturelles ou artistiques sont organisées durant la belle saison, et le centre d’exposition de Baie-Saint-Paul ne désemplit pas. Le 23e symposium international d’art contemporain se déroulera donc dans la ville du 5 août au 5 septembre. Résultat : en été, l’animation règne et les auberges sont pleines à craquer. Car l’attraction est de taille pour les visiteurs. Les vacanciers friands de sports nautiques, de randonnées, de golf et de plein air ne sont pas en reste et se retrouvent pour pratiquer de nombreuses activités sportives. Difficile de quitter Baie-Saint-Paul sans faire un crochet dans l’atelier de l’artiste brodeuse, Marie-Renée Otis, dont les tapisseries à l’aiguille, représentant généralement des femmes d’une grande originalité, mettent en valeur des fils, des tissus, des fibres, des perles ou des matières importées de tous les pays du monde. Le premier Économusée, la papeterie Saint-Gilles Le concept des « Économusées » a été inventé par l’architecte et ethnologue Cyril Simard. « Ce mot désigne une petite entreprise de production artisanale, reconnue pour la qualité et l’authenticité de son savoir-faire », selon la société des Économusées. Ouverts au public, les Économusées sont dotés de lieux d’animation et d’interprétation de la production, d’ordres muséologique et pédagogique. Les visiteurs peuvent ainsi assister à la production artisanale et en comprendre les différentes étapes. Grâce à la vente sur place des produits, fabriqués de manière artisanale, les Économusées jouissent d’une entière autonomie financière. Trente-trois Économusées ont aujourd’hui ouvert leurs portes au Québec et neuf en Atlantique, faisant un chiffre d’affaires total de 25 500 000 dollars canadiens. Avec 487 employés, ils reçoivent plus de 750 000 visiteurs par an. Si le concept d’Économusée permet la préservation et la revitalisation de l’artisanat, il est aussi un moyen pédagogique de développer le tourisme, permettant aux visiteurs de mieux connaître un village avec ses habitudes, son artisanat et son savoir-faire. Fondée en 1965 par Mgr Félix-Antoine-Savard, la papeterie Saint-Gilles, située sur la rive du fleuve à Saint-Joseph-de-la-Rive, porte depuis 1992 le titre de prototype et de premier Économusée du réseau actuel. Après le traditionnel accueil, les visiteurs de la papeterie sont invités à observer les différentes étapes de fabrication artisanale du papier, selon des techniques traditionnelles datant du XVIIe siècle, du défibrage au calandrage, en passant par le séchage. Incrusté de feuilles ou de fleurs de la région, ce papier fin, fabriqué à partir de coton, est souvent utilisé comme papier à lettres ou carton d’invitation. Sur une pile de papiers beiges ou blancs, un poème de Gibran Khalil Gibran, traduit en français, a été écrit en lettres calligraphiques. Une belle idée de cadeau à encadrer et à offrir. Rendez-vous avec les baleines à Charlevoix Charlevoix a été frappée, il y a 350 millions d’années, par une météorite de 15 milliards de tonnes formant un cratère de 56 km. Aujourd’hui, cette région hospitalière de 6 000 km2, où se côtoient mer et montagne, est considérée par l’Unesco comme une réserve mondiale de la biosphère. Et pour cause, elle présente une faune et une flore exceptionnelles. Les hauts sommets de l’arrière-pays sont dominés par la taïga, forêt boréale qui héberge le caribou et le grand loup. Dans le parc marin du Saint-Laurent, à la hauteur du fjord du Saguenay, huit espèces de baleines offrent un impressionnant spectacle, de même que des phoques et une multitude d’oiseaux. Petits et grands, naturalistes et touristes, étudiants et chercheurs s’y retrouvent pour des croisières d’observation. Et cherchent, autant que possible, à ne pas « gêner » le somptueux ballet de leurs hôtes marins. La région regorge de peintres, de musiciens et d’écrivains qui s’inspirent de la beauté des paysages, alors qu’une multitude de touristes découvrent notamment les charmants villages des environs : Tadoussac, Baie-Sainte-Catherine, l’Isle-aux-Coudres et La Malbaie. Dans ce dernier village, le prestigieux Manoir Richelieu, longeant le fleuve, est un lieu de villégiature très prisé. De ses sous-sols, on accède directement au casino de Charlevoix qui attire une importante clientèle de tout le pays.
QUÉBEC, de Anne-Marie EL-HAGE

L’arrondissement historique de la ville de Québec a été proclamé par l’Unesco en 1985 joyau du patrimoine mondial pour son architecture unique et sa valeur historique. En 2004, la ville était classée 6e au rang des 115 meilleures destinations par la revue « National Geographic Traveler ». En 2008, elle célébrera le 400e anniversaire de sa fondation....