Liban G-B Arrivé samedi à Beyrouth, l’islamiste Omar Bakri promet de retourner en Grande-Bretagne

Le prédicateur islamiste controversé Omar Bakri, qui dispose d’un passeport libanais, est arrivé samedi au Liban via l’Allemagne, a confirmé hier un responsable des services de sécurité libanais. M. Bakri fait partie des prédicateurs extrémistes susceptibles d’être expulsés de Grande-Bretagne dans le cadre des nouvelles mesures antiterroristes annoncées vendredi par le Premier ministre Tony Blair. Il a quitté son pays d’accueil samedi. Il est entré au Liban naturellement, par l’aéroport, et n’a pas été inquiété parce qu’il n’est pas recherché, a indiqué le responsable libanais à l’AFP. Omar Bakri Fostoq, originaire d’Alep, est âgé de 45 ans. Il a obtenu la nationalité libanaise dans les années 1980 et son passeport a été renouvelé en 1997 auprès de l’ambassade du Liban à Londres, selon des services de sécurité. Il vit en Grande-Bretagne depuis 1986, où il s’est installé après son expulsion d’Arabie saoudite. Dans une déclaration à la BBC Radio Five Live, M. Bakri a affirmé qu’il ne comptait pas rester au Liban, et rentrerait dans un mois en Grande-Bretagne. « Je vais rentrer dans quatre semaines, sauf si le gouvernement (britannique) dit que nous ne sommes pas les bienvenus, car ma famille est au Royaume-Uni », a-t-il déclaré. « J’ai quitté (la Grande-Bretagne) avec mon propre passeport, a-t-il ajouté. Je ne crois pas que j’aurai de problème en rentrant au Royaume-Uni, mais je ne veux pas que le gouvernement (britannique) se serve de la présence de Omar Bakri pour changer les règles », a-t-il ajouté. À la suite des attentats de Londres (56 morts, le 7 juillet), les autorités britanniques envisagent de poursuivre les islamistes radicaux qui prônent la violence. Tony Blair a prévenu vendredi que « les règles du jeu ont changé » et annoncé son intention d’en finir avec le « Londonistan », cette nébuleuse de groupes et opposants islamistes qui ont proliféré à Londres depuis une vingtaine d’années. Il a notamment promis d’interdire des groupuscules radicaux comme al-Mouhajiroun, qui avait baptisé les 19 pirates de l’air du 11 septembre 2001 « les 19 magnifiques » ou « les 19 martyrs », et dont Omar Bakri est le chef spirituel. Omar Bakri a nié sur la BBC avoir qualifié les terroristes du 7 juillet à Londres de « quatre fantastiques », comme l’avait affirmé le Sunday Times. Différents médias ont rapporté que M. Bakri, qui exhorte tout musulman à œuvrer pour l’instauration d’un califat mondial, pourrait être accusé du crime de trahison, l’un des plus graves prévus par la loi britannique. Jamais inquiété au Royaume-Uni jusqu’à présent, il avait répété vendredi qu’il ne dénoncerait pas des musulmans préparant des attentats au Royaume-Uni s’il avait connaissance de leurs projets. Figure du « Londonistan », il s’était réjoui en mars 2004 des attentats de Madrid (191 morts) et avait donné raison à ceux qui s’en prennent aux soldats britanniques en Irak et en Afghanistan. Il est soupçonné d’être lié au chef spirituel d’el-Qaëda en Europe, Abou Qatada, qui est actuellement en résidence surveillée après avoir été détenu à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh pendant plus de deux ans, après son arrestation en octobre 2002. Surtout, M. Bakri est celui qui, il y a 15 mois, prédisait qu’une cellule terroriste au nom ressemblant au groupe qui a revendiqué les attentats de Londres s’apprêtait à frapper dans la capitale britannique. « Ici à Londres, il y a un groupe très bien organisé, qui s’appelle el-Qaëda Europe. Je sais qu’ils sont sur le point de lancer une grosse opération », avait-il déclaré en avril 2004 au quotidien portugais Publico.