À désespérer

C’est à désespérer. Soixante ans de vie nationale, trente ans d’épreuves, quinze ans d’humiliations n’ont pas appris à la communauté politique et à certains médias à se fier aux institutions, à se taire quand il le faut, pour confiner le débat sur les dossiers brûlants, mais conflictuels, aux institutions. Non, il faut toujours que les Libanais commettent les mêmes erreurs, il faut toujours que ce soit à travers la presse, la radio ou la télévision que les Libanais se parlent, s’invectivent, se défient, se soupçonnent de trahison. La question des Libanais réfugiés en Israël est, par excellence, un dossier conflictuel qu’il faut régler à huis-clos. On a eu le malheur d’en parler en public. Première erreur : les prises de position se sont alors succédé. Deuxième erreur : une manifestation hostile à toute idée d’amnistie a été organisée mercredi sur le site du vieux camp de détention de l’Armée du Liban-Sud, à Khyam. Bientôt, troisième erreur, une manifestation favorable sera organisée à Achrafieh ou ailleurs, et voilà l’engrenage enclenché, les vieux clivages confessionnels qui réapparaissent, voilà le climat malsain qui s’installe un peu plus solidement, et le moral des Libanais qui est encore plus affecté. Non, ce n’est pas bon signe de voir les Libanais obstinément répéter les mêmes erreurs. Fermons ce maudit dossier et cessons d’en parler en public. Qu’une commission s’en charge, mais véritablement. Qu’on en fasse le tour discrètement, mais à fond et que tout le monde dise ce qu’il en pense sans réserve. Et que l’on tranche, qu’on passe au vote. Que l’on se plie à la voix de la majorité, après avoir écouté la voix de la raison. Fady NOUN