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Émigrés - Des Libano-Mexicains hôtes de la Ligue maronite Les jeunes de la diaspora sont avant tout « fiers d’être libanais » (Photo)

Ils sont nés au Mexique. Ils appartiennent pour la plupart à la troisième et à la quatrième génération d’émigrés libanais d’Amérique latine. Et ils portent le Liban dans le cœur. Ils sont jeunes et ils parlent en espagnol de ce sang libanais qui coule dans leurs veines, de ce sentiment d’appartenance à un pays qu’ils ne connaissent pas. Et ils précisent d’emblée qu’ils sont fiers, très fiers, d’être libanais. Dans le cadre du programme Retour aux Racines, initié par la Ligue maronite, 27 jeunes Mexicains d’origine libanaise ont découvert cet été, durant trois semaines, le Liban. Ce n’est pas la première année que la Ligue maronite prend en charge de jeunes Libanais nés en Amérique latine. L’idée a été lancée en 1999 quand le député disparu, Pierre Hélou, était à la tête de la Ligue maronite. « Son successeur, Harès Chéhab, a poursuivi le projet », indique Antonio Andari, directeur des relations publiques auprès de la Ligue maronite, soulignant que c’est la quatrième année que la Ligue maronite se charge d’emmener des jeunes libano-américains passer des vacances au Liban. M. Andari souligne également que « la réussite actuelle du projet tient à la coopération entre le patriarche Nasrallah Sfeir et le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, pour qui la diaspora libanaise constitue une priorité ». « L’actuel président de la Ligue maronite n’épargne pas ses efforts, allant jusqu’à s’impliquer personnellement pour que le projet Retour aux Racines soit une réussite », ajoute-t-il. Se penchant sur les préparatifs du séjour, M. Andari indique que la Ligue maronite « entame ses contacts à partir de Noël, en envoyant des messages notamment aux évêques maronites d’Amérique latine. Il faut souligner l’importance dans ce cadre des efforts déployés par l’évêque maronite du Mexique, Mgr Georges Abi Younès, qui encourage les jeunes Libanais à venir passer du temps au pays ». Il relève également que le chemin a été balisé grâce au Dr Georges Hayeck, président de l’association d’amitié libano-mexicaine. D’ailleurs, cette année, grâce aux efforts du Dr Hayeck, une soixantaine de Libano-Mexicains, notamment des hommes d’affaires et des industriels, sont venus au Liban. Ces derniers viennent, comme les jeunes, découvrir leur pays d’origine et bénéficient d’un programme au cours duquel ils visitent les sites touristiques et religieux. Pour en revenir au projet Retour aux Racines, M. Andari déclare que depuis que le programme a été mis en place, la plupart des jeunes Libano-Mexicains qui découvrent le Liban ne restent pas indifférents à leur séjour. Ils ne coupent pas le contact avec la Ligue maronite ou leurs moniteurs, envoyant des e-mails et demandant des nouvelles. Des cours d’arabe pour débutants Tout a été fait pour que ces jeunes se sentent à l’aise dans leur pays. Et beaucoup d’organismes maronites se mobilisent pour les accueillir. Ainsi, durant les week-ends, ils sont les hôtes des évêques dans des zones éloignées de Beyrouth, notamment à Zghorta et Jezzine. En semaine, ils dorment au couvent Saint-Michel, à Shaïlé. Les avant-midi, ils suivent des cours de langue arabe pour débutants et des conférences à la NDU. Sinon, ils découvrent le Liban, ses sites religieux, comme la vallée sainte de Qanoubine, les lieux de pèlerinage comme Saint-Charbel (premier saint étranger du Mexique), Sainte- Rafqa et Hardini, et les sites touristiques. En ce qui concerne les loisirs, ils bénéficient d’un accès gratuit à Eddé Sands (Byblos), au Palapus Beach (Tabarja) et au Bain militaire (Kaslik). Tout le long de leur séjour, ils sont encadrés du personnel de la Ligue maronite, de six moniteurs volontaires, notamment Julien Abou Chakra et Robert Seif, et d’une enseignante de la NDU, Mona Farès, qui est professeur d’espagnol à l’université mais qui dispense aux Mexicains d’origine libanaise des cours d’arabe pour débutants. Mme Farès, qui les accompagne durant tout leur séjour, souligne l’implication de la NDU dans le projet grâce notamment à la volonté du président de l’université, Boutros Torbey, ainsi qu’aux efforts du directeur des relations publiques, Souheil Matar, et du directeur de l’institution, Georges Eid. Tout comme les moniteurs Julien Abou Chakra et Robert Seif, Mme Farès parle de l’intérêt que ces jeunes Libano-Mexicains portent à leur pays d’origine. « Lors des excursions, ils posent toutes sortes de questions, prennent note et sont curieux de tout. Ils rêvent de voir le Liban durant toutes ses saisons et non pas uniquement en été », indique-t-elle. Les personnes qui les encadrent sont très surprises par la ferveur de ces jeunes. « Il faut les voir quand ils arrivent au couvent de Saint-Charbel, à Annaya. Beaucoup d’entre eux se mettent à pleurer. Et tous viennent remplir des vœux pour eux et leurs familles », indique Mme Farès, parlant d’une tradition mexicaine : « Ils accrochent des rubans de couleur sur lesquels ils ont inscrit le nom du saint et le vœu en question dans la crypte du couvent, ou bien ils déposent des lettres devant la tombe de saint Charbel. » Partis de rien, ils sont actuellement très respectés Interrogés, ces jeunes ne parlent pas spontanément de leur foi qu’ils considèrent comme une évidence et qu’ils ont acquise, comme le sentiment d’appartenance à un pays qu’ils ne connaissent pas, grâce à leurs parents et grands-parents. Au Mexique, les Libanais ont préservé une tradition orale. Ils racontent aux plus jeunes de la famille l’histoire de l’ancêtre qui avait fui le Liban au début du siècle dernier en prenant un bateau pour l’Amérique. L’aïeul qui n’avait pas le sou et ne connaissait pas la langue a réussi malgré tout à s’adapter, à fonder une famille. À la longue, les fils d’émigrés, grâce à leur travail assidu, ont réussi à se faire respecter. « Parce qu’ils ont souffert, mes grands-parents ont réussi à apprendre à mes parents la valeur des choses. C’est la première chose que ma famille m’a inculquée », indique Lisette Rajji, 19 ans, appartenant à la troisième génération d’émigrés et qui s’est inscrite avec sa sœur, Hélène, au programme Retour aux Racines. Jacqueline Assis, 20 ans, indique pour sa part : « Les Libanais du Mexique sont tous partis de rien au début du XXe siècle. Actuellement, ils occupent des postes-clés dans la vie politique et dans l’industrie au Mexique. » Maria Semaan, 17 ans, indique : « Nous avons préservé nos habitudes et nos traditions. » Hayat Géha, 24 ans, renchérit : « Au Mexique, nous sommes connus pour notre générosité et notre gentillesse. » Le groupe parle de traditions préservées, notamment en ce qui concerne les spécialités culinaires libanaises, de loin plus riches que les plats traditionnels mexicains. Ils évoquent aussi la dabké et la danse orientale. Mais ils se penchent surtout sur les valeurs familiales, cette importance des liens qui existent entre les membres d’une même famille et ce style de vie particulier qui ressemble beaucoup, disent-ils, à la vie au Liban. Les jeunes sont pour la plupart membres de clubs libano-mexicains et préfèrent faire leur vie, à l’avenir, avec un Mexicain d’origine libanaise, « pour préserver les traditions et pour que nos enfants aient le même sentiment d’appartenance que le nôtre », dit Lisette. Jacqueline lance en plaisantant : « Peut-être qu’un Mexicain pure souche n’aimera pas la cuisine libanaise… Et pour nous, c’est un point très important. » C’est Jacqueline et Maria qui peuvent le plus décrire le sentiment d’appartenance au Liban. « Dès que j’ai mis les pieds ici, j’ai senti que j’étais chez moi », indique Maria, fière de son arrière-grand-mère qui est arrivée au Mexique et s’est mise à vendre des pâtisseries libanaises pour gagner sa vie. Jaqueline indique pour sa part : « Même si nous sommes nés sur un autre continent, ici les gens nous ressemblent physiquement. Ce n’est pas le cas au Mexique. » À la question de savoir s’ils aideront le Liban si un jour le pays a besoin d’eux, Jacqueline donne une réponse concrète : « Nous pourrons travailler dans le domaine industriel. Il ne suffit pas d’envoyer de l’argent au Liban. Peut-être faudra-t-il créer des industries dans le pays et assurer ainsi des emplois aux Libanais. » Hayat lance une autre idée relative au tourisme : « Les Mexicains d’origine libanaise seront toujours intéressés à venir au Liban. C’est une affaire facile, mais cela ne suffit pas. Il faut vendre le Liban sur le plan touristique, encourager les Mexicains de pure souche et tous les étrangers à venir au Liban », dit-elle. « Nous pouvons tous contribuer à cela en commençant par changer l’image du pays à l’étranger. Plus tard, nous pourrons par exemple proposer la vente de séjours vers le Liban », ajoute-t-elle. Le groupe de jeunes Mexicains d’origine libanaise, hôte de la Ligue maronite, est rentré au Mexique. Grâce au programme Retour aux Racines, le Liban ne relève plus, pour eux, du domaine de l’abstrait. Désormais, ils sont pleins d’idées pour venir en aide, chacun selon ses moyens, à un pays qui ne leur a rien donné à part des racines dont ils sont très fiers. Reste à espérer que l’État accordera aux émigrés libanais l’importance qu’ils méritent. Patricia KHODER
Ils sont nés au Mexique. Ils appartiennent pour la plupart à la troisième et à la quatrième génération d’émigrés libanais d’Amérique latine. Et ils portent le Liban dans le cœur. Ils sont jeunes et ils parlent en espagnol de ce sang libanais qui coule dans leurs veines, de ce sentiment d’appartenance à un pays qu’ils ne connaissent pas. Et ils précisent d’emblée qu’ils...