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Actualités - CHRONOLOGIE

Finances - Selon l’économiste Toufic Gaspard La dette publique avoisine les 50 milliards de dollars

La dette publique est l’un des principaux problèmes auquel devra s’attaquer le nouveau gouvernement, car elle représente, de l’avis de tous, un déséquilibre financier majeur qui pèse sur l’ensemble de l’économie du pays. Pourtant, malgré l’importance de ce problème, ses contours ne sont toujours pas définis avec précision, le flou statistique étant l’une des caractéristiques du Liban d’après-guerre. Le nouveau gouvernement s’est engagé à entamer des réformes économiques et financières vitales pour le pays. Cela passe avant tout par un effort de transparence. Selon les chiffres officiels des autorités libanaises, la dette publique totalise 35,604 milliards de dollars, fin mai 2005. Bien qu’il soit déjà énorme, ce montant est contesté par plusieurs économistes. L’un d’entre eux, Toufic Gaspard, estime qu’il faut le relever d’au moins 10 milliards de dollars, afin d’approcher de la réalité de l’endettement de l’État. Et ce sans compter les arriérés dus par le gouvernement et non comptabilisés comme tels. À en croire les estimations fournies par le gouvernement début 2005, ces arriérés sont d’au moins trois milliards de dollars, ce qui donnerait un total effectif d’environ 50 milliards de dollars. Il ne s’agit pas de contester la véracité du chiffre de 35,654 milliards de dollars publié par l’État, mais simplement de souligner qu’il désigne uniquement l’endettement du « gouvernement central », alors que l’État englobe toute une série d’institutions publiques, d’entreprises publiques, en plus du Trésor proprement dit. En d’autres termes, le montant officiel de la dette publique correspond à la somme des bons du Trésor en livres et des eurobonds en devises émis pour assurer les besoins de financement de l’État. Ce chiffre ne correspond pas à la réalité économique de l’endettement. Pour s’en convaincre, il suffit de remarquer que, selon les chiffres officiels, la dette a diminué depuis la fin 2004, puisqu’elle est passée de 35,902 à 35,654 milliards de dollars, selon les statistiques officielles. Or, dans la réalité, la dette publique a augmenté de 1,4 milliard de dollars sur la période considérée. Le premier chiffre ne tient en effet pas compte, entre autres, des certificats de dépôts émis par la Banque centrale. Consolider les comptes Le calcul de Toufic Gaspard part du principe de la consolidation des comptes de l’État. Pour simplifier l’opération, il a choisi de n’ajouter à celui du Trésor que celui de la Banque centrale, laissant de côté la dette d’Électricité du Liban par exemple. Cette consolidation est d’autant plus nécessaire que la Banque centrale est devenue l’une des principales créancières de l’État, puisqu’elle détient dans son portefeuille plus de 11 milliards de dollars de bons d’État. Si on considère que la BDL et l’État doivent être consolidés in fine dans une même unité de compte, on obtient un résultat différent de la simple addition des bons émis par le Trésor. Ainsi, des 35,654 milliards de dollars qui correspondent à la somme des bons émis, il faut soustraire les 11,246 milliards détenus par la Banque centrale, selon Toufic Gaspard. Si l’on devait tracer un parallèle avec l’endettement d’un ménage, cela reviendrait à soustraire de la dette globale celle qu’un enfant a contractée envers son père pour financer un achat. En revanche, il faut ajouter les dettes de la Banque centrale à l’égard des tiers, explique l’économiste. Elles correspondent à certaines des ressources inscrites à son bilan, à savoir notamment les dépôts des banques commerciales, mais aussi aux deux milliards de dollars de certificats de dépôts émis par la BDL en avril 2005. Ces dernières représentent 21,187 milliards de dollars, fin mai 2005, sans compter les réserves obligatoires en livres libanaises. Au total, la dette publique est donc, selon l’économiste, de 35,654 -11,246 +21,187 = 45,595 milliards de dollars. Elle représente 228 % du produit intérieur brut, estimé à 20,021 milliards de dollars en mai 2005. Et elle est composée à 68 % de devises, le reste étant libellé en livres libanaises. Soixante-treize pour cent de cette dette est détenue par les banques libanaises, soit l’équivalent de 33,461milliards de dollars. Les créanciers multilatéraux ou bilatéraux en détiennent 3,9 %, soit 1,765 milliard de dollars ; les Banques centrales arabes 475 millions de dollars (1 %), à travers les dépôts effectués auprès de la BDL ; les administrations publiques 1,463 milliard de dollars (3,2 %) ; les bailleurs de fonds réunis à Paris II 2,513 milliards de dollars (5,5 %) et les autres créanciers, privés pour la plupart, 5,918 milliards de dollars (13 %). En contrepartie, les réserves brutes en devises de la Banque centrale représentent 11,695 milliards de dollars, dont 3,834 milliards de dollars d’or. Sibylle RIZK

La dette publique est l’un des principaux problèmes auquel devra s’attaquer le nouveau gouvernement, car elle représente, de l’avis de tous, un déséquilibre financier majeur qui pèse sur l’ensemble de l’économie du pays. Pourtant, malgré l’importance de ce problème, ses contours ne sont toujours pas définis avec précision, le flou statistique étant l’une des...