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Actualités - OPINION

La libération de Samir Geagea Retour à la vie

« Comme contre un brigand vous êtes sortis avec épées et bâtons ! Alors que chaque jour j’étais avec vous dans le temple, vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est votre heure et la puissance des ténèbres. » Luc 22, 47-53 Qui se souciait vraiment, en ce mois d’avril 1994, du sort de Samir Geagea ? Ils sont venus au petit matin l’emmener auprès de ses bourreaux puis de ses juges et seuls ses quelques camarades de lutte ont versé des larmes de rage et de désespoir. Quelle année 2005 ! Nous avons pleuré la mort de Hariri et prié sur sa tombe, touchés au cœur de notre humanité par l’injustice de sa défaite, victoire des voyous sur les hommes justes, victoire de la mort sur la vie et l’espoir. Aujourd’hui, nous pleurons de joie et de compassion la libération de Geagea et de ses compagnons. C’est la mort d’un juste, aux mains immaculées et au cœur charitable qui a permis à la vie de revenir un peu dans une société atteinte de nécrose. C’est la mort du champion de la vie et du progrès qui a permis au dernier bourreau – devenu dernière victime – des temps obscurs de revenir à la liberté et à la vie. La vie a donc vaincu la mort. Samir Geagea était mort bien avant ce jour sinistre d’avril 1994. Il était mort tant que la force lui tenait lieu de justice. « Il faut que vous naissiez de nouveau », nous dit la parole vive. Samir Geagea est revenu à la vie, ainsi que ses camarades d’infortune Geryès el-Khoury et Khalil Matar. Ils sont vivants parce qu’ils sont sans haine et sans rancune. Plus vivants que nous, citoyens ordinaires, ou politiciens héros de l’Intifada de l’indépendance. Parce que sans broncher, nous avons tous accepté l’oppression sans visage et la prison que nous n’avons cessé de construire de nos propres mains. Heureux de ce que nous pouvions encore aller à notre partie de cartes hebdomadaire... Nous avons accepté l’oppression de la grande politique et celle de la vie ordinaire, le pouvoir du sous-fifre galonné sur les honnêtes gens au nom d’un mot intraduisible dans aucune des langues du monde : le « amn ». Un mot devenu une valeur et un prétexte à toutes les exactions et tous les abus. Un mot qui a fait des juges les exécuteurs scrupuleux des basses besognes du « amn » et les courtiers sans scrupules du quotidien des gens ordinaires, vendant et achetant la justice au plus offrant. Ce « amn » qui a fait des agents de l’État des marchands d’influence et qui a permis aux trafiquants les plus notoires de devenir des modèles sociaux, cependant que les savants, les artistes, les intellectuels et tout simplement les gens honnêtes fuyaient cette terre qui a perdu toute bénédiction. Samir Geagea n’a pas connu que l’enfermement. Il a connu l’humiliation, face aux faux témoins et aux juges iniques. Oui, il était dans le temple, ce temple consacré à Satan, dieu de la guerre et de la dissension, assoiffé de sang et de malheurs. Mais ils étaient avec lui ceux qui ont voulu lui faire porter, seul, le poids de leurs turpitudes collectives. Geagea, Khoury et Matar, sortis de prison, nous ont donné une leçon d’amour et de pardon, peut-être parce qu’ils ont connu la grâce de la compassion divine, parce que Dieu leur a pardonné. Ils sont vivants et nous, nous sommes toujours morts. Jean RIACHI
« Comme contre un brigand vous êtes sortis avec épées et bâtons ! Alors que chaque jour j’étais avec vous dans le temple, vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est votre heure et la puissance des ténèbres. »
Luc 22, 47-53
Qui se souciait vraiment, en ce mois d’avril 1994, du sort de Samir Geagea ?
Ils sont venus au petit matin l’emmener auprès de ses bourreaux...