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Khalil Matar a retrouvé les siens après une longue période de détention « J’ai été privé de 9 ans de ma vie, mais je n’éprouve aucune haine » (photo)

C’est avec fébrilité, enthousiasme, allégresse et un brin d’incrédulité que la nombreuse famille du général de brigade Khalil Matar, ses amis et son village s’apprêtaient hier à l’accueillir, dans la maison paternelle du village de Naamé, après neuf ans de détention. Condamné dans l’affaire de l’assassinat du Premier ministre Rachid Karamé, le général de brigade devait retrouver la liberté en vertu de la loi d’amnistie générale adoptée lundi, dont ont également bénéficié le leader des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, et Gergès Khoury. La belle maison en pierre blanche, située à l’entrée du village de Naamé, était ornée d’immenses drapeaux libanais pour un accueil qui se voulait de toute évidence triomphal. Dès l’après-midi, les amis, les proches et les gens du village commençaient à affluer, s’embrassant avec le sourire, échangeant des informations, se congratulant mutuellement. En prévision de la grande fête organisée à l’occasion du retour du fils du pays et comme pour tromper l’angoisse de l’attente, tout le monde s’affairait aux derniers préparatifs : tables, chaises, boissons… Sur les visages, des regards heureux et des sourires pour masquer les années de souffrance. Dans l’attente du général de brigade, ses parents – un père de 95 ans et une mère de 83 ans –, ses frères et sœurs, sa femme et ses trois enfants, et une myriade de parents et de jeunes et très jeunes membres de la famille, surexcités par le retour de « l’oncle Khalil ». De ses vieux parents, le général Matar dira plus tard : « Je suis surtout heureux qu’ils aient pu me voir rentrer à la maison. » Les membres de la famille interrogés ont déclaré unanimement avoir « du mal à y croire » et « ressentir une immense joie bien que toute cette souffrance ait été inutile ». Vers 18h20, une onde de choc parcourt les personnes rassemblées quand une femme s’écrie : « Il est sorti ! Il est en route ! » Aussitôt, les youyous et les applaudissements se font entendre. Plus que quelques minutes après neuf ans d’attente… Deux hommes se trouvent déjà devant la porte, avec deux moutons qu’ils vont égorger à l’arrivée du général, conformément à une vieille tradition. Le général de brigade Khalil Matar arrive en compagnie de son frère, Mgr Boulos Matar, archevêque maronite de Beyrouth, et de l’un de ses fils. Il est aussitôt accueilli par des applaudissements, des youyous, des cris de joie, des klaxons et des jets de fleurs. À cet instant, le grand jardin est déjà bondé. Le général Matar a le visage fatigué mais resplendissant de bonheur. Il adresse un salut aux nombreuses personnes qui l’entourent et a un petit mot pour chacun. Il embrasse longuement ses deux parents et sa femme. De ses longues années de prison, Khalil Matar ne veut de toute évidence retenir que sa foi qui l’a aidé à tenir le coup. « Je suis très heureux, j’ai retrouvé ma famille et les gens de mon village, déclare-t-il. Le passé est révolu. » Mais il dira un peu plus tard : « Tout cela n’aurait pas dû avoir lieu. La justice aurait dû prévaloir. Le Liban a vécu une situation anormale. J’ai été privé de neuf ans de ma vie, mais je n’éprouve aucune haine. Que Dieu pardonne à tous. » Le général Matar, qui devait encore servir une peine d’un an, a souligné qu’il suivait de près l’évolution de son affaire de par ses frères et ses avocats. « Ma foi était grande et j’étais sûr de recouvrer un jour mes droits matériels, mais surtout moraux », dit-il. Selon lui, « il est désormais clair que cette affaire était politique ». De ses années derrière les barreaux, il se souvient que sa conscience « était de plus en plus tranquille ». « Nous aimons le Liban et nous l’avons beaucoup mieux servi que ceux qui ont emprisonné les autres injustement. Nous sommes grands et ils sont petits », lance-t-il. Abordant la situation au Liban, le général Matar a exprimé son espoir « de la naissance d’une nouvelle étape ». « Les Libanais n’ont que trop souffert, ajoute-t-il. J’espère que les nouveaux responsables ont de la conscience, et qu’ils ne sont pas de ceux qui privilégient leurs intérêts personnels. » À l’intérieur de la maison comme à l’extérieur, les célébrations commençaient déjà, et devaient se poursuivre jusque tard la nuit. Suzanne BAAKLINI

C’est avec fébrilité, enthousiasme, allégresse et un brin d’incrédulité que la nombreuse famille du général de brigade Khalil Matar, ses amis et son village s’apprêtaient hier à l’accueillir, dans la maison paternelle du village de Naamé, après neuf ans de détention. Condamné dans l’affaire de l’assassinat du Premier ministre Rachid Karamé, le général de brigade...