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Blocus - 37 ouvriers syriens tués au Liban depuis février, affirme la ministre syrienne du Travail Damas revient à la charge : le Liban doit nous indemniser(photo)

Des centaines de camions transportant des marchandises souvent périssables continuent d’être bloqués à la frontière syrienne, sans qu’un semblant de règlement ne laisse espérer que ces mesures unilatérales, prises sans consulter le Liban et au mépris de son intérêt et de sa stabilité économique, prendront fin prochainement. La Syrie justifie par des raisons de sécurité le renforcement depuis trois semaines de ses contrôles routiers aux camions se rendant en Syrie ou traversant son territoire, mais ces arguments ont été développés à côté d’autres qui leur sont contradictoires. Une dizaine de camions ont franchi hier la frontière syrienne, quand près de 300 poids lourds le font en temps normal. Selon les agriculteurs, les pertes occasionnées à l’agriculture par le blocus syrien sont de l’ordre de 300 000 dollars par jour. Le contentieux libano-syrien, dont les officiels libanais ne parlent que de façon très réservée, trop réservée au regard de l’opinion, s’est alourdi hier, côté syrien, d’une revendication précise : l’indemnisation des ouvriers syriens tués ou blessés au cours de la vague de colère qui a suivi l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, le 14 février dernier. Damas avait fait allusion, voici quelques jours, à ces indemnités, mais hier, sa ministre des Affaires sociales et du Travail, Diala Hajje-Aref, est entrée dans les détails. Lors d’une conférence de presse à Damas, la responsable syrienne a affirmé que trente-sept ouvriers syriens ont été tués et 280 autres blessés de façon « délibérée » au Liban après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, en février, et que la Syrie réclamait leur indemnisation. « Les corps de 12 ouvriers tués ont été retrouvés (...) Les corps des autres n’ont pas été retrouvés », a précisé la ministre syrienne des Affaires sociales et du Travail, précisant que les ouvriers avaient été « délibérément » tués ou blessés, sans pour autant désigner les auteurs de ces violences. Parmi les 280 ouvriers blessés, 150 sont « handicapés à vie », a poursuivi la ministre, en évoquant par ailleurs les cas d’ouvriers « injustement expulsés de leur travail, malgré des papiers en règle ». La ministre a estimé le nombre actuel d’ouvriers syriens au Liban à « quelques centaines », alors qu’ils étaient estimé à 300 000 avant l’assassinat de Rafic Hariri. Selon la responsable, l’ancien Premier ministre Nagib Mikati et son homologue syrien Mohammed Naji Otri ont signé récemment un document dans lequel « le gouvernement libanais reconnaît que des ouvriers syriens ont été lésés et s’engage à les dédommager ». Le montant des indemnités sera évalué par des commissions conjointes des deux pays « conformément aux lois libanaises », a-t-elle ajouté, précisant que la Syrie demanderait que les agresseurs connus d’ouvriers syriens soient poursuivis en justice. Des relations « en crise » Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, a reconnu que les rapports entre le Liban et la Syrie sont « en crise », et s’est engagé à s’en occuper aussitôt que le gouvernement aura obtenu la confiance du Parlement. Le diplomate, qui s’exprimait durant la cérémonie de passation des pouvoirs qui se tenait au ministère des Affaires étrangères, a affirmé croire à la nature « privilégiée » des rapports entre le Liban et la Syrie. Prié de dire s’il s’attendait à un surcroît de « pressions » aux frontières, M. Salloukh a répondu : « Pourquoi considérez-vous que ce sont des pressions ? » À la réponse des journalistes, qui lui rappelaient que la fermeture des frontières entraînaient des pertes économiques importantes pour le Liban, le diplomate a repris : « Nous savons bien que les pertes sont importantes pour le Liban. Mais les pertes sont également grandes pour la Syrie, comme elles le sont pour l’Irak et pour tous les pays où nous exportons nos produits agricoles et industriels. Mais il faut prendre les choses calmement, sagement. Le Liban et la Syrie sont capables de régler cette crise de façon fraternelle.» Le nouveau Premier ministre libanais Fouad Siniora avait annoncé mardi avoir demandé l’aide du chef de la Ligue arabe Amr Moussa pour résoudre les différends entre le Liban et la Syrie, qui se traduisent par une quasi-paralysie du trafic des marchandises entre les deux pays. Les industriels Tentée de prendre une initiative en direction des responsables syriens, l’Association des industriels y a finalement renoncé. « Nous nous sommes proposés pour cette tâche, mais il s’agit-là du rôle du gouvernement libanais. Nous espérons que le nouveau cabinet prendra cette initiative », a affirmé hier M. Fady Abboud, après avoir rencontré le général Michel Aoun, à la tête d’une délégation de l’association. « Avec la formation du gouvernement, il est désormais clair qu’il existe au Liban une opposition, et il est du devoir de l’Association des industriels d’exposer son point de vue aux deux parties », a-t-il affirmé. L’Association des industriels a pris l’initiative, hier, d’alléger l’épreuve des camionneurs en leur faisant parvenir des lots de provisions diverses et de produits de première nécessité. Ces lots ont été distribués aux conducteurs en panne sur le poste-frontière de Masnaa, à l’est. L’Association des industriels enverra demain des lots semblables aux camionneurs bloqués à Abboudiyé (Liban-Nord). Les « promesses » d’Assad Le président syrien Bachar el-Assad a promis de revoir les mesures aux postes-frontières libano-syriens qui ont eu pour effet d’immobiliser des centaines de camions en provenance du Liban, a affirmé pour sa part le chef de la diplomatie koweïtienne. « Mon entretien avec M. Assad était très positif », a déclaré cheikh Mohammed al-Sabah, cité par le quotidien koweïtien al-Rai al-Aam à son retour d’une courte visite en Syrie. « J’ai entendu du président Assad des propos encourageants sur une révision de la décision d’arrêter les camions libanais qui veulent se rendre en Syrie », a-t-il dit. De son côté, le quotidien égyptien al-Ahram rapporte, dans son édition d’hier, que le président syrien Bachar el-Assad a assuré au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qu’il a la ferme intention de « renforcer » les relations libano-syriennes.

Des centaines de camions transportant des marchandises souvent périssables continuent d’être bloqués à la frontière syrienne, sans qu’un semblant de règlement ne laisse espérer que ces mesures unilatérales, prises sans consulter le Liban et au mépris de son intérêt et de sa stabilité économique, prendront fin prochainement. La Syrie justifie par des raisons de sécurité le...