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Actualités - OPINION

La France et nous

L’amitié franco-libanaise, comme on le dit souvent, n’est pas née d’aujourd’hui. Elle puise ses sources dans les racines de l’histoire. La France a depuis des siècles manifesté un grand intérêt à ce qu’était le Mont-Liban, plus particulièrement et plus généralement aux régions avoisinantes. Tout cela a déjà été dit et répété, à bon escient d’ailleurs, dans tous les discours et articles qui traitaient des relations franco-libanaises. Je voudrais simplement tenter d’analyser le rôle de la France au Liban depuis l’indépendance et plus particulièrement depuis les événements de 1975 jusqu’à ce jour. S’il est un pays qui a toujours été aux côtés du Liban, quel que soit le régime en place, c’est bien la France. Aux pires moments de la « guerre civile » qui, de l’avis de tous les observateurs neutres, a été la guerre des autres au Liban par Libanais interposés, la France a toujours apporté son soutien, pour le moins humanitaire, lorsqu’elle ne pouvait pas faire autrement en raison des conflits politiques endémiques. Rappelons-nous la mission de Bernard Kouchner, la tentative d’envoi de fuel à la centrale de Zouk en plein embargo syrien sur les régions dites chrétiennes, les missions politiques de conciliation entre les parties belligérantes (M. Couve de Murville, Georges Gorce, etc.). La France, par l’assassinat de son ambassadeur, M. Delamare, a payé le tribut du sang à cause de ses efforts. Plus tard, elle devait le payer beaucoup plus durement par l’explosion du « Drakkar » qui a coûté la vie à plus de 45 soldats, par le sang versé par ses observateurs tant à Beyrouth (colonel Salvan, et tant d’autres) qu’au sein de la Finul. Sur le plan économique, la France a toujours soutenu le Liban et bien avant l’arrivée au pouvoir de feu le président Hariri. Différents protocoles d’assistance ont été signés et prorogés car nos dirigeants, empêtrés dans leurs conflits politiques et claniques, n’exécutaient pas certains projets financés par ces protocoles. Il est inutile de rappeler le soutien apporté au Liban par la tenue de Paris I et Paris II qui n’auraient jamais vu le jour sans le rôle inlassable et capital joué par le président Chirac. Mais on a trop parlé de ce sujet et on l’a relié aux relations exceptionnelles entre M. Chirac et feu Rafic Hariri. J’ai voulu simplement rappeler que cette aide de la France existait à des degrés divers, mais toujours très importants, avant 1992. Ce qui a distingué l’aide de la France de celle des autres pays est qu’elle a très souvent été désintéressée, ce qui, en politique, est un phénomène exceptionnel. La preuve est qu’elle n’a jamais tiré un bénéfice de cette aide au niveau politique pur, ni d’ailleurs au niveau économique. Sur le plan politique, le Liban, asservi à la politique syrienne depuis 1990, a souvent pris des positions opposées à celles de la France. Sur le plan économique, ses entreprises ont été combattues directement ou indirectement. L’exemple de FTML SAL, principal investissement français au Liban, qui avait remporté l’adjudication du contrat BOT de téléphonie mobile sans aucun favoritisme particulier et qui a été un modèle d’entreprise réussie, a vu son contrat résilié et a été accusé de tous les maux sous de fallacieux prétextes dont la dernière sentence arbitrale a prouvé l’inanité. Il existait une politique délibérée de nuire aux intérêts économiques de la France pour assouvir des vengeances locales personnelles. Personne ne peut prétendre que la France a retiré un quelconque profit tant politique qu’économique de son aide permanente au Liban. Ses détracteurs ont soutenu qu’elle voulait maintenir son influence au Liban ; mais de quelle influence s’agit-il dans les faits ? Sur le plan culturel, l’aide considérable de la France a-t-elle servi ses intérêts ? Comment ? Sur le plan social, je peux témoigner du soutien très important et permanent du CCFD français (Comité catholique contre la faim et pour le développement), entre autres, au Mouvement social au sein des organismes de l’Union européenne. Il était temps d’en finir avec la rengaine que le soutien de la France est toujours intéressé. Ce soutien a été fourni au Liban aussi bien par le président Mitterrand que par le président Chirac ; il est vrai qu’avec ce dernier, l’aide s’est accrue très sensiblement (mais elle a survécu à l’absence de M. Rafic Hariri du pouvoir entre 1998 et 2000 !). S’il est un sujet de politique internationale qui unit les Français, c’est bien l’appui de leur pays au Liban. Il fallait dire tout cela au moment où nous célébrons avec nos amis français la date anniversaire de la Révolution française, dont les principes ont inspiré nos propres constituants. Nady TYAN
L’amitié franco-libanaise, comme on le dit souvent, n’est pas née d’aujourd’hui. Elle puise ses sources dans les racines de l’histoire. La France a depuis des siècles manifesté un grand intérêt à ce qu’était le Mont-Liban, plus particulièrement et plus généralement aux régions avoisinantes. Tout cela a déjà été dit et répété, à bon escient d’ailleurs, dans tous...