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Éclairage - L’édition palestinienne à l’honneur à Paris

Encore balbutiante, la jeune édition palestinienne a profité du 8e Salon du livre euro-arabe de Paris pour sortir de l’isolement des territoires et aller à la rencontre du public. Une quinzaine d’éditeurs palestiniens ont participé, durant une semaine, à ce Salon qui présentait quelque 1 300 titres. Autrefois dominée par l’essai politique ou historique, ainsi que par la poésie de la résistance, l’édition palestinienne a su « diversifier sa thématique » et « explorer les voies de la fiction », relève le directeur général de l’organisme du livre palestinien Mohammed al-Asmar. Et au moment où se manifeste une certaine saturation dans l’opinion face à la lenteur du processus de paix, la littérature permet de répondre à la soif de connaissance sur la Palestine. « Le langage culturel touche le cœur des citoyens plus qu’un discours politique qui, dans le meilleur des cas, égrène tous les jours le nombre de morts et de maisons détruites », a estimé la déléguée générale de Palestine à Paris, Leïla Chahid. « Les gens sont devenus plus sensibles au poète, au cinéaste, au musicien », explique-t-elle. Mme Chahid en veut pour preuve les succès de Mahmoud Darwish, l’un des poètes les plus connus du monde arabe, du cinéaste Elia Suleïman, prix du jury en 2002 à Cannes pour son film Intervention divine ou des frères Djoubrane, un trio de virtuoses du oud, le luth arabe, qui multiplie les tournées dans le monde. « Les frontières de la culture palestinienne vont bien au-delà de la géographie », analyse le ministre de la Culture de l’Autorité palestienne Yahia Yakhlef, auteur d’une dizaine de romans et nouvelles. L’écrivain Ghassam Kanafani, assassiné au Liban en 1972, est considéré comme le fondateur du roman palestinen avec Des hommes dans le soleil, publié en 1964 et traduit en 17 langues, explique Salwa al-Neïmi, spécialiste de littérature arabe à l’Institut du monde arabe (Ima). Le texte adapté au cinéma raconte la lutte des Palestiniens pour la survie avec ce message de l’auteur à ses compatriotes : « Ne disparaissez pas comme mes personnages ». Le roman palestinien a acquis ses lettres de noblesse avec Émile Habibi, auteur du livre Les aventures extraordinaires de Saïd le peptimiste qui raconte l’histoire d’un Palestinien de l’intérieur qui se bat contre son peuple. Ce livre est considéré comme l’un des romans les plus originaux écrits en langue arabe moderne. Pour Mme al-Neïmi, la littérature palestinienne est aujourd’hui « très dynamique ». Les nouvelles figures en sont des femmes comme Adania Shibli ou Ghada Karmi. Mais malgré le rayonnement de ses auteurs, l’édition palestinienne reste confrontée à de nombreuses difficultés. La diffusion du livre se heurte à la fois des « contraintes » liées à l’occupation et à la faiblesse du lectorat, relève le directeur des éditions Dar al-Chourouq, Fathi Khalil al-Bass. Sur la centaine de maisons d’éditions agréées, dit-il, seules quelques- unes parviennent à survivre « grâce à des aides » fournies par l’Autorité palestinienne. Pour encourager la lecture, l’Autorité palestinienne a aussi lancé une collection à bas prix « lecture pour tous » tout en diffusant gratuitement tous les mois un livre dans les pages du quotidien al-Ayyam. Amer Ouali (AFP)
Encore balbutiante, la jeune édition palestinienne a profité du 8e Salon du livre euro-arabe de Paris pour sortir de l’isolement des territoires et aller à la rencontre du public. Une quinzaine d’éditeurs palestiniens ont participé, durant une semaine, à ce Salon qui présentait quelque 1 300 titres.
Autrefois dominée par l’essai politique ou historique, ainsi que par la poésie de...