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Conférences - Jochen Sokoly, un spécialiste des arts orientaux, au musée de l’AUB Le «tiraz» islamique sous toutes ses coutures (Photo)

Jochen Sokoly est un spécialiste des arts et de l’architecture islamiques, et plus spécialement des textiles produits sous les dynasties omeyyades, abbassides et fatimides. Le professeur allemand résidant à Qatar (où il enseigne à la Virginia Commonwealth Univesrity School of the Arts) a partagé avec les Amis du musée de l’AUB sa passion des tissus anciens au cours d’une conférence émaillée de diapositives. De fil en aiguille, le docteur en philosophie et en études orientales a mené son auditoire dans les méandres du passé, faisant le point sur le « tiraz », ces inscriptions brodées sur le lin ou la soie et qui passionnent tant le conférencier. Il a en effet axé sa thèse de doctorat sur le sujet (qu’il connaît sous toutes ses coutures) et il prépare également deux ouvrages sur les arts textiles. Introduction en beauté. Jochen Sokoly attaque sa conférence par de belles illustrations montrant des dessins tirés de Maqamat al-Hariri de Yahya Ibn Mohammed al-Wasiti, Bagdad 1237 A.D. Elles montrent des scènes de la vie quotidienne de l’époque. Le gros plan est mis sur les tissus extrêmement somptueux, utilisés comme habit, revêtement de meubles, tapisserie… Les tissus sont décorés de divers sujets. Notamment des compositions géométriques, de la calligraphie arabe, des plantes, des oiseaux, des animaux, des hommes et des créatures fantastiques. Ces « tiraz » faisaient également office de symboles. La calligraphie arabe qui ornait les tissus royaux faisait des allusions politiques aux noms des califes, des souverains et des sultans. Ces inscriptions représentaient d’importants signes du pouvoir du roi au Moyen Âge et certaines d’entre elles étaient des prières adressées à Dieu. De nombreuses décorations, en particulier celles de plantes, témoignent des grandes aptitudes artistiques des dessinateurs de la période islamique. En effet, ces artistes étaient en mesure de combiner plusieurs formes de plantes, de roses et de feuilles de manière extraordinaire. Les historiens qui n’avaient aucune connaissance préalable de ces motifs arabes les ont tout simplement appelés «arabesques». «L’attention qu’ont porté les différents gouvernements islamiques à l’industrie textile a joué un rôle important sur la croissance au cours du Moyen Âge, en particulier à l’époque du calife fatimide al-Hakim», précise le conférencier. Les industries privées ont également contribué à la diffusion des arts textiles ; ces derniers étaient utilisés par les souverains à des fins politiques. En effet, les rois portaient certains tissus mais ils les offraient aussi aux princes et à leurs amis. Les souverains donnaient également à quelques-uns de leurs sujets des robes appelées «khila» (robe d’honneur). « Notamment, sous le règne des Fatimides, le calife offrait la “khila” aux personnes importantes de son entourage, en guise de baraka. Cette khila était également utilisée comme linceul et elle était supposée apporter le pardon de l’imam le jour du jugement dernier. » Compte tenu de l’importance d’une telle industrie, les gouvernements avaient créé des usines publiques portant le nom de «Dar A-Tiraz», ou «usine textile». Ces usines avaient deux sections : la première fabriquait des tissus pour les masses et la deuxième confectionnait des vêtements pour l’élite. L’atelier était géré par un fonctionnaire de haut rang, appelé «Sahib A-Tiraz» ou «maître du textile». Il s’agissait là d’une des positions les plus importantes et les mieux payées. Jochen Sokoly a conclu sa conférence en montrant de récentes découvertes de tissus de l’époque médiévale islamique originaires des pays islamiques de l’Est. Ces nouvelles donnes sont d’autant plus intéressantes qu’elles nous montrent un nouvel aspect de l’industrie textile, un secteur largement occupé jusqu’à présent par les trouvailles faites presqu’exclusivement en Égypte. M.G.H.
Jochen Sokoly est un spécialiste des arts et de l’architecture islamiques, et plus spécialement des textiles produits sous les dynasties omeyyades, abbassides et fatimides. Le professeur allemand résidant à Qatar (où il enseigne à la Virginia Commonwealth Univesrity School of the Arts) a partagé avec les Amis du musée de l’AUB sa passion des tissus anciens au cours d’une conférence...