Le Hezbollah étend le champ de sa riposte aux batteries israéliennes sur le Golan occupé Le front de Chebaa s’embrase : un soldat israélien tué, trois autres blessés (photo)

L’aviation de l’État hébreu effectue plusieurs raids de représailles Après une période de calme qui a duré cinq mois, le front du Liban-Sud s’est embrasé hier, suite à de violents affrontements entre des combattants du Hezbollah et des soldats israéliens dans le secteur des hameaux de Chebaa. Un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés au cours des accrochages. Tel-Aviv, qui a fait intervenir son aviation, a annoncé à son tour la mort de deux combattants de la formation chiite, mais un député du Hezbollah, Hussein Hajj Hassan, devait démentir cette nouvelle. La cause de cette flambée de violence, qui soulève une série de questions en ce qui concerne notamment son timing et ses implications politiques, n’avait toujours pas été déterminée avec précision tard en soirée, le Hezbollah et l’État hébreu se rejetant mutuellement les responsabilités. Selon notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, l’Onu – qui a lancé hier soir un appel au calme – a entamé une enquête sur le terrain pour déterminer les responsabilités des combats qui se sont étendus pour la première fois aux hauteurs du Golan. Les affrontements ont commencé dans l’après-midi lorsqu’un commando du Hezbollah a « tendu une embuscade à une patrouille israélienne qui a tenté de franchir la ligne bleue », selon al-Manar. Tel- Aviv a pour sa part affirmé qu’un commando du Hezbollah s’est infiltré en secteur sous contrôle israélien et a attaqué, sous le couvert de tirs de mortier, de roquettes et d’armes légères, une position militaire israélienne dans le secteur des hameaux occupés de Chebaa. Les combattants du Hezbollah ont tiré une vingtaine de fusées de type Katioucha et d’obus de mortier en direction des positions israéliennes à Ramta et Sammaqiyé, ainsi que sur des bases d’artillerie de l’armée israélienne à Aamfit, sur les hauteurs du plateau syrien du Golan, annexé par Israël, en riposte à des tirs israéliens, a indiqué al-Manar. Le député du Hezbollah, M. Hussein Hajj Hassan, a indirectement confirmé l’extension du champ d’action de la formation chiite au Golan en précisant à l’antenne de la chaîne satellitaire al-Arabiya que cette action ne peut pas faire l’objet d’une interprétation politique et qu’elle se justifie « seulement par l’occupation israélienne d’une partie du territoire libanais ». Il reste que si les observateurs s’arrêtent sur le pilonnage des positions israéliennes du Golan, c’est parce que ce front, habituellement calme, connaît depuis quelque temps une activité anormale. Il y a moins d’une semaine, Israël avait fait état de tirs à partir du territoire syrien en direction de ses positions sur ce plateau. Des sources militaires israéliennes ont confirmé les tirs du Hezbollah contre ses positions au Golan, précisant que des obus sont également tombés dans le nord d’Israël. « Dans une attaque coordonnée, les combattants du Hezbollah ont ouvert le feu et procédé à des tirs de mortier sur un poste de l’armée israélienne, à Har Dov, faisant plusieurs victimes », a-t-on indiqué de mêmes sources sans préciser tout de suite s’il s’agit de morts ou de blessés. Tard dans la soirée, un porte-parole de l’armée israélienne a confirmé la mort d’un soldat israélien lors d’affrontements. « Un officier a d’autre part été blessé sérieusement et deux soldats ont été très légèrement atteints », a ajouté ce porte-parole. « D’autres informations ont initialement fait état de deux autres soldats blessés, mais elles n’ont pas été confirmées », a-t-il encore dit. Les tirs du Hezbollah n’ont pas visé le village de Kyriat Chmona, mais les bois le jouxtant, ont en outre précisé les mêmes sources israéliennes, corrigeant une précédente version des faits lorsque l’armée israélienne avait attribué dans un premier temps une explosion qui s’est produite près de cette localité à une roquette tirée par la formation chiite. Il s’est avéré, en fait, qu’il s’agit d’un engin tombé accidentellement d’un hélicoptère d’assaut. L’artillerie israélienne a aussitôt riposté aux tirs du Hezbollah en bombardant les collines entourant Chebaa et Kfarchouba où les projectiles tombaient au rythme de cinq par minute. Au total, plus de 250 obus sont tombés dans cette région en deux heures, selon l’Agence nationale d’information. L’aviation israélienne est parallèlement entrée en action et a bombardé à cinq reprises les environs de ces localités, tirant au total une dizaine de missiles air-sol. Aussitôt après le premier raid, le Hezbollah a tiré quatre missiles sol-sol sur la position israélienne de Fachkoul, dans les fermes de Chebaa, l’atteignant de plein fouet, selon la formation chiite. Dix minutes plus tard, les appareils israéliens ont une nouvelle fois tiré deux missiles sur les environs du village voisin de Hebbariyé, avant de bombarder, après un bref répit, un vallon voisin, Wadi Halta, où sont tombés deux autres missiles. Au total, quinze maisons, le siège du central téléphonique et une station- service ont été endommagés par des éclats d’obus dans le village de Chebaa. En outre, les bombardements ont provoqué de nombreux incendies de forêt et l’un des raids aériens a coupé la route reliant Chebaa à Hasbaya. Trois heures après le déclenchement des tirs, des chasseurs-bombardiers et des appareils israéliens de reconnaissance sans pilote continuaient à survoler le secteur alors que des obus tombaient par intermittence. La flambée de violence intervient alors qu’Israël a entrepris depuis une semaine des travaux de fortification le long du tracé frontalier des fermes de Chebaa, installant notamment de nouvelles barrières de fils barbelés et des caméras d’observation.