Égypte - Audience sous haute sécurité pour le principal opposant au raïs Nour défie Moubarak à l’ouverture de son procès au Caire (photo)

Le président du parti d’opposition al-Ghad (Demain) Ayman Nour, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel du Caire hier pour falsification de documents, a défié le président Hosni Moubarak, dont il doit être le principal adversaire lors de la prochaine présidentielle en Égypte. Un partisan de M. Nour, Khalil al-Atabi, 48 ans, est par ailleurs décédé d’une crise cardiaque devant le tribunal, où il participait à une manifestation en faveur du président d’al-Ghad. « La chaleur et la bousculade » seraient à l’origine de ce décès, a affirmé l’épouse de M. Nour, Gamila Ismaïl, porte-parole du parti. Les avocats de quatre coaccusés de M. Nour ont reconnu devant le tribunal avoir « falsifié » à sa demande des signatures sur les mandats qu’il a présentés pour obtenir l’autorisation pour le parti qu’il préside. M. Nour a récusé ces témoins, affirmant qu’il s’agit d’agents de la Sûreté de l’État infiltrés parmi ses collaborateurs. Une éventuelle condamnation lui interdirait de se présenter pour sa propre réélection au Parlement en novembre. Le président d’al-Ghad a par ailleurs contre-attaqué vigoureusement lorsque les avocats de ses coaccusés ont évoqué l’origine de sa fortune personnelle. « Je suis plus que prêt à produire toutes les attestations sur les sources de mes revenus, mais je demande que Moubarak, son fils et sa famille en fassent de même », a-t-il dit. M. Nour et ses coaccusés répondaient au tribunal d’une cage installée dans un coin de la salle d’audience. Des diplomates occidentaux assistaient à l’audience, qui s’est déroulée dans une atmosphère houleuse. Plusieurs dizaines de partisans de M. Nour, habillés en orange, couleur du parti al-Ghad, étaient rassemblés devant le tribunal pur clamer « l’innocence » de M. Nour et dénoncer le régime. Un imposant dispositif de sécurité a été déployé devant le tribunal, un cordon d’une centaine de policiers antiémeutes en interdisant l’accès. Les partisans de M. Nour s’attendent à ce que le tribunal fasse traîner le procès en longueur pendant plusieurs mois. Les audiences doivent reprendre demain. M. Nour et son parti semblent vouloir profiter du procès pour lancer leur campagne électorale pour la présidentielle. « Voici le président », ont ainsi scandé les partisans de M. Nour à son arrivée au tribunal. Les adversaires de M. Nour le qualifient d’ « opportuniste » et de « produit du régime », qui a réussi à se forger l’image d’un chef de l’opposition. La secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice avait annulé en mars le voyage qu’elle devait effectuer au Caire pour protester contre sa détention. Elle l’a finalement rencontré lors de sa visite la semaine dernière en Égypte, alimentant ainsi les spéculations sur la nature de ses rapports avec l’Administration américaine.