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Actualités - CHRONOLOGIE

Tourisme - En dépit des attentats, les professionnels du secteur prudemment optimistes pour la saison estivale Les hôtels tournent déjà à plus de 50% (photo)

La saison touristique 2005 sera-t-elle sauvée ? Et à quel prix ? À ces deux questions, les professionnels – des hôteliers aux agences de voyages en passant par des restaurateurs – sont encore incapables de répondre par autre chose que l’attentisme. Certains, partisans de la « méthode Coué », avancent des chiffres mirobolants, d’autres, plus réalistes, préfèrent revoir leurs prévisions à la baisse. Mais tous sont unanimes : l’été 2005 dépendra de la situation politique et sécuritaire. Un nouvel attentat doucherait sérieusement les espoirs. «Si rien de dramatique ne vient troubler l’horizon estival, la saison 2005 pourrait être sauvée. » À en croire le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, l’avenir ne s’annonce pas trop mal pour le tourisme. Mais il faut relativiser cet optimisme. Tous les secteurs du tourisme au Liban s’interdisent de faire la comparaison avec l’été dernier. Depuis l’assassinat de Rafic Hariri, l’activité économique s’est nettement ralentie. Et la poursuite des attentats a refroidi certains touristes. L’optimisme résolu du syndicat des hôteliers est donc tempéré par un attentisme craintif. Pour Pierre Achkar, « tout dépend d’une situation politique incertaine et précaire ». En aucun cas il ne croit aux prévisions de certains grands hôtels qui s’attendent à boucler le mois d’août avec 80 % de remplissage, même si, actuellement, les hôtels affichent un taux de remplissage d’un peu plus de 50 %. Le vivier arabe Les prévisions des agences de voyages pour cet été sont les plus alarmistes ; elles tournent plutôt autour de 40 % de taux de remplissage moyen. Pour Catherine Mansour, responsable à l’agence de voyages Nakhal & Co., « la baisse des réservations est très nette. Elle est de près de 90 %. À la moindre alerte, les agences subissent une cascade d’annulations ». Pierre Achkar donne l’exemple de l’hôtel Monroe particulièrement frappé par la crise en raison de sa situation géographique très proche du lieu de l’attentat : « Les ventes et les réservations quotidiennes s’élevaient à vingt millions de livres ; elles ne sont plus aujourd’hui que de deux à trois millions de livres », dit-il. Mais les performances actuelles ne préjugent pas forcément de celles de l’été, les touristes arabes pouvant se décider à la dernière minute. Pour l’hôtel Phoenicia Inter-Continental, qui a repris ses activités après avoir dû fermer pour réparer les dégâts subis le 14 février, « la saison pourrait être bonne grâce à la fidélité de la clientèle essentiellement composée d’hommes d’affaires arabes et internationaux ». « Nous nous attendons, précise la responsable des relations publiques, Marie Choueri, à avoir un taux de remplissage quasi normal, bien au-dessus de la moyenne générale des autres établissements. » Le vivier arabe est sans doute une réalité. Sera-t-il suffisant pour pallier les incertitudes des professionnels ? À cette question, ni Pierre Achkar, ni les agences de voyages, ni les personnes interrogées ne se risquent à répondre. Réalistes, ils préfèrent tous revoir leurs prévisions à la baisse. « Sayf Lubnan » Selon le rapport mensuel du ministère du Tourisme, on a déjà enregistré une baisse de l’activité touristique de l’ordre de 19,1 % durant les cinq premiers mois de l’année par rapport a la même période de 2004. Sur les 301 446 touristes venus depuis janvier, les Européens arrivent en tête avec 33 %, suivis de près par les Arabes (31,3 %). Ceci pourrait s’expliquer par l’attitude différente de la clientèle européenne de celle en provenance des pays du Golfe : « Les Arabes ne viennent plus passer l’été au Liban, mais une quinzaine de jours a Beyrouth, deux semaines au Caire, à Dubai ou ailleurs…Néanmoins, ils se décident à la dernière minute », remarque M. Achkar. « Quant aux Européens, ils réservent à l’avance et n’ont pas eu peur des derniers événements », ajoute Catherine Mansour. En effet, les Européens ont été pour la plupart séduits par la révolution rouge et blanche si l’on croit certains commentaires de touristes français au Liban, y voyant un vaste mouvement de libération. Il y a déjà eu 25 079 Français qui se sont déplacés depuis le début de l’année, note à ce sujet le rapport du ministère. C’est sans doute ce qui a poussé les professionnels du tourisme à lancer une vaste campagne de promotion sous le slogan : « Sayf Lubnan » (l’été du Liban). Dans cette optique, certains hôtels n’ont pas hésité à faire des offres promotionnelles : baisse des prix, avantages pour les groupes, nuitées gratuites, retardant le début de la haute saison à la mi-juillet pour attirer les hésitants. « Ce n’est pas assez, estime Ghenwa Sannouh, coordinatrice chez Kurban Travels. En temps de crise, il faut frapper un grand coup ; nos hôteliers ne s’adaptent pas suffisamment, s’attendant toujours à une reprise miraculeuse. » Mais la campagne « Sayf Lubnan » s’adresse aussi à tous les Libanais de l’extérieur, venus passer l’été au pays en famille. Certes, ils ne sont pas clients des hôtels, mais ils constituent un véritable moteur de la consommation. C’est, probablement grâce à eux que la saison sera en partie sauvée. Anwar AZZI

La saison touristique 2005 sera-t-elle sauvée ? Et à quel prix ? À ces deux questions, les professionnels – des hôteliers aux agences de voyages en passant par des restaurateurs – sont encore incapables de répondre par autre chose que l’attentisme. Certains, partisans de la « méthode Coué », avancent des chiffres mirobolants, d’autres, plus réalistes, préfèrent revoir leurs...