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Actualités - CHRONOLOGIE

DEUIL - Une marée en rouge rend un dernier hommage à Georges Haoui L’adieu d’une foule triste et en colère (Photos)

C’est dans une ambiance de colère et de grande tristesse que se sont déroulées hier les funérailles de Georges Haoui, assassiné mardi dernier dans un attentat à la bombe alors qu’il se trouvait à bord de sa voiture. Des funérailles populaires marquées par la participation d’une véritable marée humaine noyée dans un océan de drapeaux rouges. Plusieurs milliers de personnes, dont un impressionnant parterre de personnalités politiques locales et étrangères, des membres du Parti communiste, du PSP et de simples citoyens, sont ainsi venus rendre hommage au défunt et condamner l’acte criminel qui lui a coûté la vie. À 13 heures, le cortège funéraire transportant le cercueil de l’ancien secrétaire général du Parti communiste (PCL) s’est ébranlé de l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth (AUH), en direction de la cathédrale Saint-Georges des grecs-orthodoxes, au centre-ville de Beyrouth. Suivi de la famille du défunt, ainsi que de milliers de citoyens et de personnalités politiques, qui défilaient côte à côte dans une marche silencieuse, le cortège a traversé la rue Hamra en direction de la tour Murr et s’est dirigé vers le centre-ville de Beyrouth par le ring et le Grand Sérail. Le cortège était encadré par la jeunesse du Parti communiste libanais, arborant les drapeaux rouges ornés des emblèmes du parti, la faucille et le marteau, revêtue des couleurs rouges du parti, et portant bien haut ou sur le cœur la photo de son leader, Georges Haoui, portant la phrase : « Pour la liberté, la souveraineté et le changement démocratique ». Sur les banderoles, l’on pouvait aussi lire le slogan : « Assassiné au nom de la démocratie » et « Who’s next ? » (qui est le suivant ?). L’on pouvait aussi voir les photos de Che Guevara. Pétales de rose et applaudissements Les drapeaux libanais étaient aussi à l’honneur. De temps à autre, la marche silencieuse s’animait. Les applaudissements fusaient. Des applaudissements de colère surtout, accompagnés de sifflements, alors que des partisans jetaient des pétales de roses rouges au passage du cortège et que d’autres faisaient de grands gestes de la main en guise d’adieu. Même tableau, même colère, mêmes applaudissements, mêmes sifflements à l’arrivée du cortège funèbre à la place de l’Étoile, à quatorze heures précises. Accueilli par une immense foule rouge, c’est avec grande difficulté que le cortège a pu se frayer un chemin, au son des cloches des églises qui rendaient un dernier hommage au défunt. Le cercueil de Georges Haoui, drapé dans le drapeau libanais, a finalement été porté à bout de bras par ses proches, au milieu d’une véritable bousculade, vers l’intérieur de la cathédrale Saint-Georges des grecs- orthodoxes, déjà noire de monde. C’est le métropolite grec-orthodoxe du Mont-Liban, Georges Khodr, qui a présidé la cérémonie en présence de plusieurs évêques de la communauté. Prononçant l’oraison funèbre, il a rendu hommage à l’engagement de Georges Haoui, mais aussi à sa force de caractère, dans un monde, dit-il, « où il n’y pas de place pour les faibles ». Le métropolite a aussi salué la souplesse du défunt envers les autres, notamment ses adversaires politiques qui ne pensaient pas comme lui, de même qu’il a rendu hommage à sa capacité d’écoute et de dialogue. Il a, par ailleurs, évoqué avec tristesse les propos des gens qui, tentant de se consoler, racontent que ces crimes odieux se passent un peu partout. « Comme si c’était écrit, déplore-t-il, et que nous devions être les victimes d’un destin aveugle. » Mgr. Khodr poursuit en demandant aux politiciens « de se couper la langue plutôt que de prononcer des propos qui attisent les dissensions confessionnelles », tout en souhaitant que le peuple libanais devienne un peuple dédié à la vérité, à la fraternité et à l’unité. En conclusion, il a salué Georges Haoui dans son utlime voyage. À son tour, Rafi Madayan, fils adoptif du défunt, a prononcé le mot de la famille, saluant le martyr du 14 mars. « Le 4 juin, a-t-il dit, Georges Haoui et moi-même avions assisté dans cette même église aux obsèques de Samir Kassir. Je n’aurais jamais imaginé que 20 jours plus tard, je prendrais la parole ici même, malgré toutes ses mises en garde contre les dangers qu’affronte le Liban, aux portes de la démocratie. » Et de promettre au défunt, dans un discours enflammé, que la lutte se poursuivra pour que le Liban recouvre sa liberté, tout en remerciant tous ceux, officiels et simples citoyens, qui se sont associés à la douleur de la famille par leurs prières, leurs paroles, leurs fleurs et leur présence. Le testament du défunt Karim Mroué, à son tour, a lu le mot du Parti communiste, évoquant la dernière soirée qu’il a passée avec Georges Haoui et deux autres camarades du parti, la veille de son décès. « Il nous racontait son rêve, se rappelle-t-il, au terme d’une lutte de 50 ans. Un rêve éveillé qui était une sorte de testament, une soirée d’adieu. Il évoquait l’avenir du pays, mais aussi sa soif de liberté et de démocratie pour le Liban. » Et de conclure en prononçant une des phrases-clés du discours de Georges Haoui, une phrase qu’il adressait de son vivant à tous les Libanais, de tous bords : « Tous les Libanais sont patriotes. Il faut les laisser participer à l’avenir du pays. C’est comme s’il disait : je pars demain », conclut M. Mroué, en demandant à tous les politiciens de contribuer à appliquer le testament du défunt. Parmi les personnalités politiques locales présentes aux funérailles de cette figure emblématique du Parti communiste, l’ancien président Amine Gemayel, les ministres Khaled Kabbani et Tarek Mitri, les députés du Courant du futur, dont Saad Hariri, le député Walid Joumblatt à la tête d’une délégation de députés de la Rencontre démocratique, ainsi que les députés de la Rencontre de Kornet Chahwane, notamment Nayla Moawad, Boutros Harb, Pierre Gemayel. Les députés Bahia Hariri, Solange Gemayel, Sethrida Geagea, Mohammed Raad, Oussama Saad, Ghassan Moukheiber et Yassine Jaber étaient aussi présents aux côtés du secrétaire général actuel du Parti communiste libanais, Khaled Hadadeh. De même, ont assisté aux obsèques l’ancien ministre Michel Eddé, Ghassan Tuéni et Carlos Eddé. De nombreuses personnalités politiques étrangères sont aussi venues rendre hommage à Georges Haoui, notamment Yasser Abed Rabbo, représentant l’Autorité palestinienne, Robert Hue, ancien secrétaire général du Parti communiste français, ainsi que les ambassadeurs de France, Bernard Émié, de Russie, Serguei Boukine, d’Égypte, Hussein Farouk Derar, et de l’Union européenne, Patrick Renauld. À l’issue de la cérémonie, la famille du défunt s’est recueillie sur le cercueil avant de recevoir les condoléances sur le parvis de l’église. Le convoi funèbre s’est ensuite dirigé vers le village natal de Georges Haoui, à Bteghrine, où le leader communiste a reçu un hommage populaire en présence d’une foule de plusieurs milliers de personnes avant d’être inhumé. A.-M. H.
C’est dans une ambiance de colère et de grande tristesse que se sont déroulées hier les funérailles de Georges Haoui, assassiné mardi dernier dans un attentat à la bombe alors qu’il se trouvait à bord de sa voiture. Des funérailles populaires marquées par la participation d’une véritable marée humaine noyée dans un océan de drapeaux rouges. Plusieurs milliers de personnes, dont...