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Actualités - OPINION

Le soi-disant brassage national a tourné au crêpage de chignon Un souhait pieux pour 2009 : le retour au caza

Les élections ont, de fait, dégagé une toute nouvelle scène politique libanaise. Marquée, pour ses débuts, par la virulence du confessionnalisme lors de la campagne dans ses deux dernières phases. Le clivage le plus aigu, le moins civique ou fair-play, a pris corps au Nord. Par une étrange inversion, car cette région avait été, globalement, bien plus épargnée que d’autres par les divisions islamo-chrétiennes, ou autres, durant la guerre. On aurait pu penser qu’après le départ des Syriens, le Nord aurait eu à cœur de donner un exemple de coexistence, de convivialité et de tolérance. Mais les surenchères politiciennes l’ont entraîné sur une voie contraire, le plongeant dans un climat confessionnel tendu, pour ne pas dire exacerbé. Bien entendu, les pratiques observées et la loi utilisée comptent pour beaucoup dans cette déplorable régression. Sur le plan théorique, il s’est confirmé, encore une fois, que l’adoption des circonscriptions élargies, ou même moyennes, loin de conforter ce que l’on appelle le brassage national, mettent en présence, de manière conflictuelle, des collectivités différentes. Autrement dit, le caza ou la petite circonscription, qui abritent généralement des collectivités plus homogènes, offrent évidemment moins de risques de heurts à caractère confessionnel. Bien qu’on puisse leur reprocher de ne pas avantager suffisamment les droits de représentation de minorités consistantes. Mais l’inverse, encore plus regrettable, est aussi vrai. Dans ce sens que, comme on l’a vu au Nord avec la plupart des élus chrétiens, dans un mohafazat un candidat peut être rejeté par les siens propres. En passant quand même haut la main, avec les voix d’autrui. Cela étant, répétons-le, il est certain que le climat délétère relevé au Nord ou, antérieurement, dans d’autres sites mélangés, est largement dû tant au discours radicalisé de certains qu’aux rumeurs propagées à dessein pour faire monter la tension populaire. La chauffer, comme on dit familièrement. Pour épargner au pays de tels déchirements, dangereux par essence, il vaut donc mieux revenir à la petite circonscription, caza ou autre. On éviterait de plus, ainsi, les bus, les parachutages, les bulldozers de toutes sortes. Qui écrasent, par définition, la véritable représentation de proximité. Dans un caza, par exemple, les électeurs connaissent bien les candidats, issus de leurs rangs. Et peuvent se déterminer en fonction des programmes qu’ils leur offrent, sans se casser la tête avec des calculs compliqués de listes dont ils ne savent presque rien, ou de panachages. Ils n’ont pas non plus l’impression de choisir, injustement, à la place du voisin. En d’autres termes, une communauté ne peut pas se faire le reproche d’avoir imposé à une minorité des représentants qui, en fait, ne la représentent pas du tout. Fiasco moral Aujourd’hui, à chaud et après le constat du fiasco moral de la loi 2000, on entend tous les politiciens soutenir que la toute première priorité de la nouvelle Chambre devrait être d’élaborer un code électoral équitable. Il y a cependant des risques que cet élan se perde. Parce que l’ordre du jour du nouveau Parlement comprend bien d’autres points qui passent avant. Sinon en importance, du moins dans l’ordre chronologique, l’agenda. Il faut élire un président de la Chambre et un président du Conseil. Peut-être aussi un président de la République. Il faut préparer sans tarder les batteries pour un Paris III ou un Beyrouth I, le pain quotidien, le socio-économique restant la plus urgente des préoccupations. Il faut, dans ce cadre comme pour donner un second souffle au pays, planifier et entamer la réforme administrative et politique. Toujours est-il que, comme l’indique le ministre de la Justice, Khaled Kabbani, une commission de sages se trouve chargée de plancher sur une loi électorale moderne qui consolide la représentativité du Parlement. Nombre d’élus devraient, de leur côté, soumettre des propositions et des idées dès les premiers jours de la nouvelle Assemblée. Certains se préoccupent de volets importants, comme l’argent politique ou électoral, qui a fait beaucoup de bruit dans la récente bataille. À leurs yeux, cet élément aurait affecté, de manière décisive, les rapports de force. Il s’agirait donc de plafonner les dépenses électorales, qui seraient contrôlées par un cabinet d’audit. Parallèlement, et de manière complémentaire, il faudrait, selon ces sources, réguler les médias, égaliser les chances d’accès devant tous les candidats. En remplaçant le tristement célèbre article 68, qui n’est qu’une épée de Damoclès arbitraire suspendue au-dessus de la tête des parties mal vues du pouvoir en place, quel qu’il soit. Philippe ABI-AKL
Les élections ont, de fait, dégagé une toute nouvelle scène politique libanaise. Marquée, pour ses débuts, par la virulence du confessionnalisme lors de la campagne dans ses deux dernières phases. Le clivage le plus aigu, le moins civique ou fair-play, a pris corps au Nord. Par une étrange inversion, car cette région avait été, globalement, bien plus épargnée que d’autres par les...