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Actualités - OPINION

L’opposition a besoin d’une vingtaine de sièges supplémentaires pour contrôler le Parlement Le pouvoir de décision à la chambre se joue pratiquement dimanche

On sait à peu près ce que l’opposition ferait si elle disposait de la majorité parlementaire. Mais quels seraient ses choix, si elle perdait au Nord ? Dans cette perspective, des opposants se défendent déjà. Ils soutiennent que la Syrie, en coordination avec ses alliés locaux, a su manœuvrer pour que, sous prétexte de tenir les délais, l’on se rabatte sur la 2000, qu’elle-même avait fabriquée. En vue de continuer à contrôler la Chambre libanaise. Ou, à tout le moins, de s’assurer du tiers dit de blocage. Selon ces opposants, les loyalistes ou assimilés, toujours fidèles à la Syrie, ont pu rafler la mise au Sud et à Baalbeck-Hermel. Ils relèvent que leur camp a décroché Beyrouth mais a été loin de réaliser la totale au Mont-Liban. Au Nord, il devrait y avoir partage. Tout étant dans les scores enregistrés. Car l’opposition a besoin encore de 19 sièges (sur les 28 encore en jeu) pour avoir la majorité de 65 strapontins. Qui est nécessaire pour faire la décision dans la bataille des trois présidences. Sans cette majorité, l’opposition hostile au régime devra tirer un trait sur l’espoir, déjà ténu, de le pousser vers la sortie. De plus, et sans doute surtout, elle devra accepter de composer avec ses adversaires au niveau de la composition du prochain gouvernement. Ce qui équivaudrait, selon les sources opposantes, à prolonger le statu quo ante. En permettant à la Syrie de maintenir un haut degré d’influence sur la scène politique locale. En se trouvant en mesure, ajoutent ces cadres, de revigorer le système contrôlé, animé, par les SR. Qui voudraient alors, sans doute, non seulement établir un climat de confrontation déstabilisatrice, mais aussi prendre leur revanche. Sur les leaderships, notamment musulmans, qui les ont combattus, et qui ont contribué au retrait des troupes syriennes. Dans des conditions certainement peu satisfaisantes, au niveau de l’amour-propre, pour Damas. Qui doit donc, selon ces sources, en éprouver beaucoup de ressentiment et d’amertume. Selon ces opposants, la Syrie aurait réagi négativement, avec aigreur en quelque sorte à l’ouverture tentée dans sa direction par l’opposition. Qui a proposé, à la suite du retrait, de tourner de suite la page des rancœurs. Par l’établissement de relations cordiales et saines, sans failles, sans domination abusive, sans immixtion dans les affaires intérieures de ce pays. Confidences De fait, cette impression de climat syrien ulcéré se trouve confortée par un professionnel connu pour être proche de Damas. Il indique dans ses confidences que les Syriens en veulent évidemment moins aux pôles chrétiens traditionnellement indépendantistes qu’à des leaderships musulmans qui leur ont tourné le dos. Ou se sont montrés tièdes dans la défense de leurs intérêts. Ce politicien précise que les Syriens trouvent, évidemment, naturel que des chrétiens dont ils ont systématiquement marginalisé le rôle politique leur soient opposés. Selon lui, ils avoueraient même, en privé, que les déséquilibres causés par leur ligne antérieure ont débouché, finalement, sur des résultats qu’ils n’attendaient pas. À savoir les points marqués dans les présentes élections par le général Michel Aoun qui s’affiche dès lors comme le principal leader chrétien, en minimisant le volume d’autres figures. Faisant écho aux appréhensions des opposants cités plus haut, ce cadre prosyrien estime à son tour qu’il n’est pas impossible que la Syrie regagne bien des points localement. Si l’opposition ne parvient pas à obtenir la majorité à la Chambre, pour opérer le changement qu’elle projette. Et pour balayer les symboles du pouvoir sortant, comme de la tutelle syrienne. Qui pourrait donc reprendre du poil de la bête, en gardant en poste quelques fidèles. Et en misant, de nouveau, sur des déséquilibres qui reprendraient corps dans la vie politique. Saad Hariri, de son côté, met en garde contre le danger d’un tel retour en arrière. Il déclare que la bataille oppose deux projets, l’un de changement, l’autre de statu quo. Que Boutros Harb dénonce également. Tandis que Nayla Moawad note que l’autorité sécuritaire libano-syrienne tente de s’infiltrer, à travers la liste mise en place au Nord face à celle de l’opposition, pour dominer de nouveau le Nord et le Parlement. Émile KHOURY
On sait à peu près ce que l’opposition ferait si elle disposait de la majorité parlementaire. Mais quels seraient ses choix, si elle perdait au Nord ?
Dans cette perspective, des opposants se défendent déjà. Ils soutiennent que la Syrie, en coordination avec ses alliés locaux, a su manœuvrer pour que, sous prétexte de tenir les délais, l’on se rabatte sur la 2000, qu’elle-même...