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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Faut-il encore consulter le peuple ? Le non de la France nous envoie en pleine figure les limites et les contradictions de la pratique électorale dans les démocraties. Plus les années passent et de plus en plus vite cette pratique va causer des problèmes qui affecteront la planète entière, qu’il s’agisse de leaders qu’on se « choisit » – comme Bush en Amérique – ou d’un référendum qui refuse une Constitution pour les mauvaises raisons, sous prétexte que le texte n’est pas « parfait ». Peut-on encore prendre le risque de consulter Monsieur et Madame Tout-le-Monde face à la logique la plus simple, celle de l’arithmétique du nombre, des impératifs et des défis de l’ère planétaire, quand le moindre nuage affecte le climat des pays avoisinants ? Comment imaginer que la majeure partie des individus – du routier à l’avocat, en passant par tous les échelons sociaux et culturels – savent ce dont il s’agit vraiment, en connaissent les enjeux, mesurent les conséquences, etc. Bref, peut-on encore confier des décisions internationales à l’approbation d’individus ? Gaby BUSTROS Pourquoi voter ? Aux quelques personnes qui sont ou seraient encore tentées d’exhorter leurs compatriotes restés au pays d’aller voter, je demande : «Voter au nom de quoi ? Et pourquoi ? » Le professeur Mourad (dans la lettre parue le 4 juin) disait : « S’il vous plaît, vous qui avez le droit de voter, faites-le ! Montrez-vous civiques, démocratiques, libres et, enfin, adultes. » Je lui rappelle que seule une partie des Libanais (ceux du Liban) ont le droit de voter. Et puis, de quel civisme parle-t-il ? Il faudrait peut-être que ceux qui nous gouvernent donnent l’exemple… D’accord pour faire notre devoir de citoyens, mais seulement et uniquement quand tous les Libanais, partout dans le monde, auront le droit de s’exprimer. Lara YOUAKIM Pékin Un visage, un nom, une idée Le roi est mort, vive le roi ! Les foules en délire ont la mémoire courte : toutes les décennies, elles choisissent un messie, elles croient au miracle et ce jour-là, encore une fois, il s’appelle Hariri. C’est un visage nouveau mais un nom familier, et toutes communautés confondues se veulent rassurées. Mais ce Liban qui reste païen n’a rien appris : cet accord de rédemption, ce n’est pas un même nom, vaillant c’est vrai, qui le libérera. C’est le choix conscient d’un peuple qui apprend à remplacer un visage par un nom, puis par une idée. Qui comprend que la liberté commence autour de l’articulation de cette même idée, par sa répétition, par sa transformation en principe démocratique indissoluble. Ce n’est pas un homme qui nous sauvera, c’est une idée démocratique, un programme qui se transmet, et des générations à venir qui auront compris cette simple leçon de liberté. Mona ALAMI Réflexion sur la démocratie libanaise Les Français viennent de se prononcer sur la Constitution européenne. Je retiendrai le débat démocratique qui a précédé ce vote et l’implication de chacun des Français, quel qu’il soit. La grande différence avec le débat chez nous, c’est bien sûr l’absence d’idées et de programme. Il est grand temps que les candidats nous offrent autre chose que leurs têtes ou leurs origines familiales. Le pays a besoin de sortir de la crise. Les solutions existent et c’est de cela que le peuple aimerait débattre. De plus, la proposition de programmes aurait au moins l’avantage de rassembler des hommes sur des idées et pas sur des convictions religieuses. Quant à la mixité politique, il est quand même regrettable que seules les veuves ou les sœurs d’hommes politiques assassinés fassent acte de candidature. Yves KERLIDOU Qu’ont-ils fait de notre 14 mars ? Hélas, on nous a bel et bien volé notre 14 mars. La réalité est là, visible. Nostalgie, prières, regrets, refus de la réalité, rien n’y fait, ils nous l’ont tué. Ils nous ont privés de ce mince espoir, celui de l’unité. La tête basse, aussi fier et humble que jamais, il s’est éloigné à petits pas, laissant derrière lui ce mot perçu pour la première fois, ce mot dont on avait tant rêvé : unité. Oui, acceptez la réalité, on nous a bel et bien volé notre 14 mars. Jihane NACOUZI Murs propres Les élections sont presque terminées. Les meilleurs et les autres ont gagné. Bravo ! Leurs visages, ceux des anciens surtout, nous les connaissions ; ceux des nouveaux, nous avons eu le loisir de les découvrir tout au long des dernières semaines, tapissant à x exemplaires et dans toutes les dimensions, les murs, les façades des immeubles, les devantures des magasins, les rideaux de fer de la plus petite échoppe, sur les poteaux électriques et les feux de signalisation (eh oui!), en long, en large et en travers des rues, risquant à tout moment de se détacher et de nous tomber sur la tête. Il est maintenant venu le temps du grand nettoyage de notre ville. Les services compétents ont du pain sur la planche. Redonner leur couleur aux murs qui, même gris, seront plus reposants à nos yeux agressés depuis des mois par ces sourires et ces slogans prometteurs d’un éden national. Il fut un temps pas très lointain où l’on avait donné de la couleur à nos murs. L’époque où les touristes commenceront d’arriver est proche. Offrons-leur un visage propre et souriant de notre capitale (cela permettrait de donner du travail, même provisoire, aux chômeurs). Mona KOUYOUMJI Élections d’office M. Joumblatt a déclaré il y a quelque temps à la télévision qu’un sénateur américain dont il s’est difficilement rappelé le nom lui avait assuré qu’il était courant qu’aux États-Unis des personnes (jusqu’à 40, avait-il précisé) soient élues d’office, faute de concurrents. J’ai tenu à vérifier les faits et je peux assurer à M. Joumblatt et à ceux qui seraient tentés de le croire que cela n’a jamais été le cas pour les dix dernières élections au moins au niveau fédéral (le Congrès – les deux Chambres) ou au haut niveau des États (gouverneur et représentants). À l’ère de l’Internet pour tous, il n’est pas recommandé de prendre les gens pour des imbéciles. S’il se présentait aux États-Unis, M. Joumblatt aurait certainement payé cher une gaffe pareille – en était-ce vraiment une ? Mais comme il a été déjà élu (démocratiquement) d’office, il n’a pas vraiment de souci à se faire. Wassim HENOUD Hommage à deux grands hommes Tout au long de cette journée du 12 juin, mes pensées allaient vers deux grands hommes. Deux vrais Libanais qui ont œuvré pour le Liban, pour tous les Libanais, durant de longues années, dans la discrétion et donc avec efficacité. Ils ont su créer des liens solides avec toutes les tranches de la société libanaise, toutes confessions confondues. Deux grands hommes qui ont été écartés des listes électorales mais qui, je l’espère, resteront actifs dans la vie politique libanaise. Messieurs Georges Dib Nehmé et Salah Honein, je lève bien haut mon chapeau devant vous et vous remercie. Ce n’est, certainement, qu’un au revoir ! Mylène ASSAF Déçu par la gauche Alors comme ça, quitte à jouer les tripoli-nains, certains candidats changent de circonscription comme d’autres de trottoir, et vont grossir les rangs des fils à papa, des neveux à tonton (Farid el-Khazen) et autres prolétaires antiféodaux. En fin calculateur, M. Élias Atallah a fait ses comptes. D’une pierre, deux coups. Il paraît qu’à Tripoli, les voix se négocient moins cher qu’au Mont-Liban et peut-être M. Atallah s’imagine-t-il que les portraits de l’héroïque Samir Kassir le dipenseront d’imprimer ses propres affiches. À moins que d’autres, plus fortunés, ne se chargent de sa campagne. Il n’est pas certain que les larmes versées sur Samir se mueront en bulletins dans les urnes. Les partisans de la vraie gauche, démocratique, laïque, réformiste et incorruptible risquent plutôt « d’arroser » cette candidature comme Brel les femmes infidèles. Dr Nakhlé AYOUB Sympathisant déçu de la gauche démocratique La voix du peuple Nous venons de vivre les élections, les moins fausses depuis des années. Cette fois-ci, c’est la voix du peuple qui s’est fait entendre. Je réponds à M. Joumblatt en disant (nous sommes de nouveau en démocratie après le départ des Syriens), sachant que je n’ai jamais appartenu à un courant politique au Liban car l’extrémisme me répugne, qu’il est lui-même extrémiste. Ce qui nous motive tous actuellement, c’est que le peuple a voté non pas pour un chrétien maronite, mais pour un homme qui a un projet politique, qui veut travailler pour le Liban et qui a su, après avoir fait la guerre aux extrémistes, se démarquer et rebondir pour servir son pays. Merci à tous ceux qui ont aidé à la réussite des élections et merci à L’Orient-Le Jour qui nous a toujours permis de nous exprimer en toute liberté. Chantal YOUNÈS SERNICLAY

Faut-il encore consulter le peuple ?

Le non de la France nous envoie en pleine figure les limites et les contradictions de la pratique électorale dans les démocraties. Plus les années passent et de plus en plus vite cette pratique va causer des problèmes qui affecteront la planète entière, qu’il s’agisse de leaders qu’on se « choisit » – comme Bush en Amérique – ou d’un...