Jawad Boulos, un jeune avocat, candidat à Zghorta sur la liste de l’opposition du Bristol « Mes priorités : les réformes, les réformes et encore les réformes »

Jeune avocat de 39 ans, père de trois enfants, Jawad Boulos, petit-neveu du grand historien du même nom, se présente aux élections législatives du Liban-Nord sur la liste de l’opposition. Originaire de Zghorta d’où il mène la bataille aux côtés de la députée Nayla Moawad, M. Boulos affirme son attachement au dialogue entre les communautés et aux réformes en profondeur dont il compte faire sa priorité, s’il est élu dimanche. Après avoir suivi des études de biologie et de gestion à l’AUB, Jawad Boulos, empêché de poursuivre une formation en médecine sur le campus de cette université en raison de la guerre, se lance dans des études de droit à l’USJ. Il complète sa formation à la Sorbonne, à Paris, où il obtient sa licence. Quelques années plus tard, il décroche un MBA en gestion d’entreprises à l’Insead, en France. Il est aujourd’hui enregistré au barreau de Tripoli et travaille en tant que conseiller juridique pour un conglomérat de sociétés, dont une compagnie d’assurances. Sur le plan politique, M. Boulos entend bien apporter un souffle nouveau. « Mes priorités sont les réformes, les réformes et encore les réformes, doublées d’une lutte sans merci contre la corruption, dit-il. Ces réformes devront porter sur les secteurs de l’administration, de la justice et des services de sécurité, et établir des priorités nouvelles qui accordent une importance primordiale au développement économique et à l’amélioration de la qualité de vie, permettant aux citoyens de gagner honnêtement leur vie. » Pour lui, « il faut limiter la part de l’État dans l’économie et encourager le développement du secteur privé, recréant ainsi la classe moyenne, seule garante à long terme de la liberté et de l’indépendance du pays ». Il poursuit : « Plus on paupérise les gens et plus on divise la société entre une oligarchie de personnages influents et riches d’une part, et une masse touchée par une pauvreté qui devient indicible d’autre part. C’est ainsi que nous commençons à ressembler aux sociétés des pays environnants, ce qui engendre la tyrannie. » « Or c’est historiquement la bourgeoisie et la classe moyenne qui ont mené le combat pour la liberté dans tous les pays démocratiques, fait remarquer M. Boulos. La classe moyenne et la démocratie sont organiquement liées. » Sur le scrutin de dimanche, il estime qu’il ne s’agit plus d’une bataille entre opposants et loyalistes, mais entre deux visions du Liban. « D’un côté, il y a une vision qui promeut le dialogue et le partenariat entre les communautés et les diverses constituantes politiques du pays, et d’un autre se profile une vision qui prône, à mon sens, le retour en arrière, à une époque où les barricades étaient dressées entre les communautés, et qui nous a entraînés dans une période de tutelle qui n’a que trop duré, souligne-t-il. Il s’agit donc d’une bataille entre des parties qui veulent protéger et développer l’esprit du 14 mars, et d’une autre que cet esprit dérange et qui veut subordonner de nouveau l’affiliation nationale à l’affiliation communautaire. » L’œuvre que M. Boulos a choisie comme livre de chevet reflète son attachement à ce principe de dialogue intercommunautaire. Il s’agit d’une trilogie écrite par un académicien américain, F.L. Peters, intitulée Judaïsm, Christianity and Islam. Il explique qu’il s’agit d’une compilation de thématiques de textes tirés des livres saints des trois grandes religions monothéistes, ainsi que des œuvres thématiques et comparatives de docteurs en théologie des trois communautés. « L’œuvre met l’accent sur les valeurs communes prônées par les trois grandes religions », indique-t-il. Dans la perspective du scrutin de dimanche, M. Boulos souhaite que « l’électeur du Liban-Nord prenne en considération l’importance du dialogue et du partenariat, et qu’il vote en conséquence », exprimant sa conviction que la liste à laquelle il appartient « incarne le dialogue véritable entre les composantes vives de la société libanaise ». Suzanne BAAKLINI