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Spéculations sur les instruments politiques du projet aouniste

Le général Michel Aoun a réussi à partager le leadership de la Montagne avec Walid Joumblatt. Il lui faut maintenant concrétiser sa devise de réforme et de changement. Comment va-t-il s’y prendre ? Par le biais du pouvoir actuel ? Ou par le truchement d’un nouveau dispositif ? Qui impliquerait, forcément, un contrat de route avec d’autres blocs parlementaires qui se déclarent également partisans de la réforme. Pour le moment, Aoun n’a pas l’air de vouloir réclamer le départ du régime en place. À ceux qui mènent campagne à cette fin, il répond en leur demandant quelles sont leurs vraies motivations. Et quelles seraient au juste les conditions posées au nouveau président. Dont il faudrait également connaître le programme. Pour l’heure, le président Émile Lahoud soutient qu’il restera jusqu’à la dernière minute. Il ne voit aucune raison de se retirer. Il se glorifie d’avoir unifié l’armée, consolidé la stabilité, libéré le territoire, tenté de combattre la corruption. La question est de savoir si les résultats du Mont-Liban et de la Békaa vont contribuer à pousser le chef de l’État vers la sortie. Les juristes s’accordent à relever que toute tentative d’amender la Constitution pour abréger la durée du mandat présidentiel est vouée à l’échec. Pour la simple raison qu’il faut la signature du principal intéressé lui-même et qu’il refuse de la donner. Comme il le souligne, on ne peut l’évincer qu’en portant contre lui une accusation de haute trahison ou d’infraction de la Constitution. En pratique, on ne peut donc envisager de suivre la voie d’une procédure institutionnelle légale. Il faut se rabattre sur l’idée d’une mise en quarantaine systématique. La majorité parlementaire refuserait de traiter avec la présidence, de participer au gouvernement et dénierait la confiance à tout cabinet qui serait mis en place. C’est là que se pose la question du rôle de Michel Aoun. Pour bloquer le régime, il faut une majorité solide d’au moins 65 députés. L’opposition, battue au Metn comme au Kesrouan-Jbeil, disposera-t-elle d’une telle masse ? Sans doute pas, si, comme c’est probable, elle ne peut pas compter dans cette affaire sur son alliance, tout électorale, avec Amal et le Hezbollah. Toujours est-il qu’il reste encore le Nord. Il faut que le bulldozer de l’opposition emporte là tout sur son passage, pour que l’option du renversement du régime devienne effectivement crédible. Sinon, le statu quo institutionnel serait appelé à perdurer. D’autant que Berry semble assuré de se succéder à lui-même. Cependant, le maintien du régime entraverait certainement la mise en chantier de la réforme prônée par Aoun. C’est pourquoi on s’interroge aujourd’hui sur ce qu’il compte faire en définitive. Sa ligne se trouverait bloquée. À moins qu’une entente générale ne se réalise autour d’un cabinet du redressement. Qui disposerait des pleins pouvoirs et amorcerait la réforme. Mais c’est là une perspective qui semble pour le moment irréaliste, tant les divisions sont profondes. En tout cas, si le Liban devait être condamné à stagner encore, il pourrait ne pas le supporter longtemps, sur le plan économique, social et financier. Sans programme de changement, il ne recevrait pas d’aide substantielle de l’étranger. Il ne pourrait pas réduire sa dette ni son déficit budgétaire. À propos de l’étranger, certains soulignent que les États-Unis et la France, partisans du changement, pourraient voler au secours de l’opposition. Pour inciter le régime à partir et faire en sorte que les blocs parlementaires s’entendent sur le nom du remplaçant. Mais tout serait plus facile et irait plus vite si le bloc Aoun et le bloc Berry rejoignaient le camp de ceux qui réclament le départ du président. Le premier, affirment des observateurs, y aurait intérêt. Sinon pour accéder lui-même à la première marche du podium, du moins pour ne pas être isolé, et impuissant, à la Chambre. Émile KHOURY

Le général Michel Aoun a réussi à partager le leadership de la Montagne avec Walid Joumblatt. Il lui faut maintenant concrétiser sa devise de réforme et de changement. Comment va-t-il s’y prendre ? Par le biais du pouvoir actuel ? Ou par le truchement d’un nouveau dispositif ? Qui impliquerait, forcément, un contrat de route avec d’autres blocs parlementaires qui se déclarent...