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Actualités - CHRONOLOGIE

Un taux de participation exceptionnellement élevé, des rumeurs d’argent politique À Kesrouan-Jbeil, une bataille qui a mobilisé la population(photos)

Même si elle s’est déroulée dans une atmosphère démocratique et sans incidents significatifs, la bataille électorale s’annonçait dure hier dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil et avait de toute évidence mobilisé la population. Un taux de participation élevé a été constaté dès les premières heures du matin, contrairement aux scrutins précédents. Dans certains bureaux, le flot est demeuré incessant jusqu’à l’après-midi, l’affluence atteignant parfois les 50 à 65 %, ou même davantage. La moyenne de participation pour la circonscription était d’ailleurs de 62 %. Si tout le monde était d’accord sur le caractère démocratique du scrutin, des rumeurs d’achat de voix et de fermetures de « bureaux » de paiement ont été signalées par le député Neematallah Abi Nasr, aussitôt démenties par les candidats de l’autre liste, notamment Farid Haïkal el-Khazen et Mansour el-Bone. Mais ces rumeurs liées à l’argent électoral n’ont pas cessé d’entacher le scrutin durant toute la journée. Pour sa part, M. Khazen a espéré que « l’opposition reste soudée parce que le pays a besoin d’un minimum de solidarité politique ». Les 86 480 inscrits au Kesrouan et les 70 665 électeurs à Jbeil étaient appelés à choisir cinq députés maronites dans le premier caza, deux députés maronites et un député chiite dans le second. Deux listes complètes s’affrontaient hier : l’une principalement formée de figures de la Rencontre du Bristol et des courants de l’opposition, notamment Mansour el-Bone, Farès Souhaid, Carlos Eddé (BN), Camille Ziadé, Mahmoud Awad, Farid Haïkal el-Khazen, Alexandre Rizk et Chawki Daccache (FL). L’autre liste était présidée par l’ancien Premier ministre Michel Aoun et comptait Neematallah Abi Nasr, Abbas Hachem, Youssef Khalil, Farid Élias el-Khazen, Gilberte Zouein, Walid Khoury et Chamel Mouzaya. Une troisième liste incomplète avait vu le jour, formée de l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi, de Clovis el-Khazen, d’Émile Naufal et de Samir Haïdar. Il était presque difficile hier, dans les bureaux de vote de la circonscription, de rencontrer un votant qui n’ait pas arboré un signe distinctif de sa préférence électorale : habits ou accessoires orange pour les aounistes, « pins » ou casquettes avec la photo d’un candidat préféré de la « liste de l’opposition ». En outre, si les résultats des élections dépendaient du dépouillement des votes en fin de journée, la candidature de l’ancien Premier ministre Michel Aoun dans cette circonscription aurait dans tous les cas créé l’événement, dans une région habituée à consacrer le leadership de familles traditionnelles. Pour ou contre, chacun avait son avis à donner, « un espoir bienvenu de changement » pour les uns, « une incursion dans les affaires de la région » pour d’autres. « Je suis fatiguée de voter pour les mêmes personnes ; pour moi, le général Aoun est un espoir de renouveau », nous lance une électrice à Jounieh. « Ses alliances dans les différentes circonscriptions sont incompréhensibles vu ses prises de position passées, dit un autre. Il nous mène vers l’inconnu. D’ailleurs, pourquoi ne s’est-il pas présenté à Baabda-Aley ? » Mais souvent, les avis n’étaient pas aussi tranchés, et les électeurs avaient décidé de pratiquer le panachage, préparant leurs listes à l’avance. Sans compter l’existence de listes piégées dont le CPL, notamment, s’est plaint en certains endroits. L’une des victimes les plus notoires des tractations de dernière minute au Kesrouan était le député Farès Boueiz qui, après s’être retiré de la bataille, s’est dirigé hier vers le bureau de vote de Zouk Mikaël où il a été accueilli par des applaudissements chaleureux. Il a réitéré sa demande « de voter pour le plus honnête, pas le plus hypocrite, pour le plus solide, pas le plus volage », dans une claire allusion au général Aoun, qui lui a d’ailleurs rendu visite plus tard pour le remercier pour sa prise de position. Le général Aoun avait auparavant visité un bureau de vote à Jounieh, où il avait été acclamé par ses partisans. Une autre visite remarquée était celle de Sethrida Geagea, épouse du leader des FL et candidate à Bécharré, à Aqaïbé pour manifester son appui au candidat FL de la liste de l’opposition. Dans les jurds de Jbeil, les candidats Farès Souhaid et Carlos Eddé ont effectué une tournée conjointe, mettant un terme par le fait même au traditionnel clivage entre destouriens et Bloc national. M. Souhaid a répondu aux critiques dirigées contre lui, considérant qu’elles provenaient de « ceux qui sont lésés par le processus d’éradication de l’État policier ». Quant à M. Eddé, il a espéré que « la nouvelle étape qui commence soit celle de la non-interférence ». Si deux listes rivales puissantes ont croisé le fer dans cette circonscription, d’autres candidats avaient tenté l’aventure, comme l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi, qui a souligné que « cette bataille se déroule dans des circonstances anormales, avec une loi déséquilibrée, inéquitable et des délais raccourcis, sans les garde-fous nécessaires, médiatiques ou financiers ». Pour lui, « cette troisième liste a essayé de maintenir un climat démocratique stable pour que les électeurs ne fassent pas seulement un choix affectif ». Quels que soient les résultats des élections 2005 à Kesrouan-Jbeil, elles auront sans doute été, à plus d’un titre, un tournant dans l’histoire de cette région, depuis l’accord de Taëf du moins. Suzanne BAAKLINI

Même si elle s’est déroulée dans une atmosphère démocratique et sans incidents significatifs, la bataille électorale s’annonçait dure hier dans la circonscription de Kesrouan-Jbeil et avait de toute évidence mobilisé la population. Un taux de participation élevé a été constaté dès les premières heures du matin, contrairement aux scrutins précédents. Dans certains bureaux,...