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Actualités - CHRONOLOGIE

Un important bloc parlementaire est né, N. Lahoud battu, Baabda-Aley et Zahlé au coude-à-coude Le tsunami aouniste emporte l’électorat chrétien(photo)

Le tsunami redouté par Walid Joumblatt avec le retour de Michel Aoun a finalement bien eu lieu. La posture adoptée par le général, ses nouvelles alliances, son retournement brutal contre la coalition du Bristol ont mis le Mont-Liban en ébullition, provoquant en premier lieu une montée spectaculaire des taux de participation, principalement dans les circonscriptions où la bataille était la plus vive. Mais au soir de cette journée trépidante, l’enseignement le plus important était que le tsunami en question n’a pu se concrétiser pleinement qu’en terre exclusivement ou très majoritairement chrétienne. Ainsi, la bataille entre Michel Aoun et Walid Joumblatt, concentrée dans la circonscription de Baabda-Aley, semblait toujours incertaine après le dépouillement de plus des deux tiers des urnes, au moment où le premier s’imposait nettement au Metn et au Kesrouan-Jbeil. C’est donc, comme on pouvait le prévoir, le pilier chrétien du Bristol, c’est-à-dire le principal vivier des prochains présidentiables, qui est emporté par le raz-de-marée aouniste. Une autre conséquence du scrutin d’hier est que, pour la première fois depuis la fin de la guerre, un important bloc parlementaire à nette coloration chrétienne est né face aux mastodontes haririen, joumblattiste, berryiste et du Hezbollah. Pour cette troisième phase des législatives, plus d’un million d’électeurs étaient appelés à choisir 58 députés (35 au Mont-Liban et 23 dans la Békaa) parmi 262 candidats, soit un peu moins de la moitié de la Chambre. Selon les estimations officielles, le taux de participation a été de 54 % en moyenne dans le Mont-Liban et de 49 % dans la Békaa. La participation a atteint le taux record de 62 % dans le Kesrouan-Jbeil, où le général Michel Aoun se présentait lui-même. On est loin des taux ridiculement bas de 1992, notamment à Jbeil. Dans les trois autres circonscriptions du Mont-Liban, la participation a tourné autour de 50 %: 51 % dans le Metn, 54 % à Baabda-Aley et 49 % dans le Chouf, chiffre assez élevé étant donné l’absence de bataille significative dans cette dernière circonscription. Dans la Békaa (trois circonscriptions), le taux le plus élevé a été enregistré à Baalbeck-Hermel, avec 52 %, alors même que le rouleau compresseur Hezbollah-Amal était assuré de l’emporter face aux autres listes en présence, contre 42 % à Zahlé et 44 % dans la Békaa-Ouest-Rachaya. Dès la fermeture des bureaux de vote, à 18 heures, les tendances les plus optimistes pour les listes du Courant patriotique libre se confirmaient d’heure en heure, puis de minute en minute, dans les deux circonscriptions du Mont- Liban nord, où se jouait rien de moins que le sort du leadership chrétien pour les années à venir. Au Metn, région traditionnellement à haute tension électorale, l’alliance contractée entre le général Aoun, le vice-président de la Chambre Michel Murr et le Tachnag, qui pouvait paraître singulière au regard de l’historique des relations entre le premier et les deux autres, n’a finalement pas choqué l’électorat. Celui-ci a plébiscité la liste du « Changement », qui réunissait sept candidats pour un total de huit sièges. Seul rescapé de la liste du Bristol, Pierre Amine Gemayel doit sa réélection au fait que le quatrième siège maronite avait été laissé vacant par les vainqueurs. En revanche – et c’est peut-être le résultat le plus significatif des élections législatives jusqu’ici – Nassib Lahoud, un des ténors les plus éminents de la Chambre et chef de file des présidentiables, était donné battu. Renfloué, Michel Murr triomphe une fois de plus, mais son score est dépassé par Ghassan Moukheiber, qui a fait le plein des voix de l’électorat aouniste. En face, Gabriel Murr, qui avait il y a quelques années mis sa chaîne de télévision au service de l’exilé de Paris, paie cher son alliance avec le tandem N. Lahoud-Gemayel. Au Kesrouan-Jbeil, la victoire de la liste du CPL, conduite par le général Aoun en personne, paraissait encore plus éclatante. Les aounistes et leurs alliés raflent les huit sièges en jeu avec un important différentiel de voix, laissant loin derrière tant les figures de notables, comme Farid Heykal el-Khazen et Mansour el-Bone, que les politiques, à l’instar de Farès Souhaid et Carlos Eddé. Tant au Metn qu’au Kesrouan, les candidats des Forces libanaises, respectivement Eddy Abillamaa et Chawki Daccache, ont été largement battus. Le tableau était tout différent dans la partie méridionale du Mont-Liban. Le Chouf, où les chrétiens sont loin d’être démographiquement majoritaires, confirmait comme prévu son ancrage total au giron joumblattiste. Fait remarquable, la très grande proximité des voix obtenues respectivement par les différents candidats de la liste joumblattiste montre que le candidat FL, Georges Adouane, n’a pas été victime de panachage dans les rangs des électeurs druzes et sunnites. À Baabda-Aley, les résultats s’annonçaient bien plus serrés et jusque tard en soirée, les chiffres donnés par les différentes machines électorales en présence étaient contradictoires. Les sources de la coalition menée par Walid Joumblatt assuraient avoir emporté les 11 sièges en jeu, alors que les sources de l’alliance Aoun-Arslane évoquaient plusieurs percées de la part de leurs candidats. Certaines sources ont fait état après 1 heure du matin de quatre ou même cinq percées, notamment celles de Talal Arslane, Pierre Daccache et Hekmat Dib. Dans la Békaa, seule la circonscription de Zahlé connaissait une bataille incertaine. Comme à Baabda-Aley, les résultats partiels donnés par les diverses parties étaient contradictoires. Sauf que, dans ce cas, l’alliance Aoun-Skaff-Tachnag affirmait avoir emporté la totalité des sept sièges de la circonscription, alors que le camp adverse, formé du tandem Fattouche-Courant du futur, parlait d’une possibilité de percées. Walid Joumblatt avait toutefois lui-même évoqué « la perte de Zahlé » par l’opposition bristolienne. Dans les deux autres circonscriptions, des rouleaux compresseurs étaient à l’œuvre. Dans la premiére, Baalbeck-Hermel, la liste de l’alliance Hezbollah-Amal-Husseini-PSNS-Kataëb Pakradouni a écrasé ses adversaires des deux autres listes en présence, notamment celle conduite par Yéhia Chamas. Même situation dans la circonscription de la Békaa-Ouest-Rachaya, où le Courant du futur, allié au PSP, Amal et au député Robert Ghanem, raflait les six sièges en jeu. Élie FAYAD

Le tsunami redouté par Walid Joumblatt avec le retour de Michel Aoun a finalement bien eu lieu. La posture adoptée par le général, ses nouvelles alliances, son retournement brutal contre la coalition du Bristol ont mis le Mont-Liban en ébullition, provoquant en premier lieu une montée spectaculaire des taux de participation, principalement dans les circonscriptions où la bataille était...